Au monde est une pièce magnifique, récemment exaltée – et comme exhaussée ; exhaussée jusque dans son mystère ; jusque dans la partie tout à la fois la plus ombreuse et la plus musicale de son mystère – par le théâtre de l’Odéon (avec Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Lionel Codino, Angelo Dello Spedale, Roland Monod, Ruth Olaizola, Marie Piemontese et David Sighicelli ; scénographie d’Éric Soyer et Marguerite Bordat ; costumes de Marguerite Bordat et Isabelle Deffin ; lumière d’Éric Soyer).
Cette pièce n’a pas pour vocation à être difficile. Elle peut – veut – toucher chacune, chacun. Mais, bien qu’elle soit d’un abord aisé, il y a plusieurs niveaux de lecture. Puisque l’intertextualité y est omniprésente. Celle-ci concerne le théâtre, majoritairement (sans surprise, dira-t-on), mais aussi le cinéma. Pour faire court, citons juste quelques noms : Maeterlinck (la « petite trilogie de la mort », et surtout, en son sein, Les Sept Princesses…), Shakespeare (surtout Le Roi Lear), Molière (L’École des femmes), Bergman (notamment Cris et chuchotements) et Lynch. Mais aussi Strindberg et Ibsen (pour l’atmosphère bourgeoise). Et Pinter (pour le ton particulier qu’ont les répliques courtes).