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Articles taggés avec: Saha Mustapha

Journalisme et Résistance Albert Camus et la tourmente médiatique (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 24 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Portrait d’Albert Camus par Mustapha Saha

Acrylique sur toile. Dimensions : 100 x 81 cm.

 

Les journalistes libres de la Résistance, souvent des écrivains engagés, détachés des pressions économiques, détrompés des illusions idéologiques, préservés des machinations politiques, s’inscrivent pleinement dans la pensée critique, l’intellection synoptique, l’impertinence analytique. La figure emblématique de cette expérience historique est, sans conteste, Albert Camus, conscience malheureuse des deux rives, en permanence écartelé entre des exigences éthiques contraires, déboussolé par l’aberrance ontologique, taraudé par l’absurde dialectique de la condition humaine.

Michel de Montaigne, artisan de la laïcité diversitaire (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 21 Décembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Michel de Montaigne travaille dans sa bibliothèque, nichée dans une tour de son château, où les œuvres d’Aristote, d’Avicenne (Ibn Sina), d’Averroès (Ibn Rochd) occupent une place centrale. « Je passe dans ma bibliothèque la plupart des jours de ma vie et la plupart des heures du jour ». « Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces décousues. Tantôt je rêve, tantôt j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voici ».

Montaigne installe sa librairie, microcosme circulaire où la liberté se goûte dans la solitude, comme un poste stratégique, où il se protège des tumultes extérieurs et veille en même temps sur ses affaires. « Je m’égare, mais plutôt par licence que par mégarde ». « J’aime l’allure poétique, à sauts et à gambades ».

Commémoration du centenaire de l’armistice du 11 Novembre 1918 Russes et marocains au secours des français (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 07 Décembre 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

A l’occasion de la commémoration du centenaire de l’armistice du 11 Novembre 1918à Paris, Vladimir Poutine, en escapade de la messe officielle, a déposé une gerbe, sous pluie battante, sur le monument en hommage au corps expéditionnaire russe de quarante mille hommes, engagés aux côtés des français pendant la Première Guerre mondiale. Noires limousines et rouges églantines sur statue de bronze. Contrairement à la grande kermesse de l’Arc de Triomphe, la cérémonie sur berges de Seine se déroule dans une étonnante intimité. Le secteur est largement isolé et sécurisé. Ne se profilent sous les arbres qu’uniformes sombres et gendarmes en surnombre. La discrétion des autorités françaises n’est pas anodine. Cette histoire singulière concerne des soldats inclassables, irrécupérables, qui se distinguent autant par leur bravoure sur les champs de bataille que par leur refus des horreurs de la mitraille (Héros et mutins Les soldats russes sur le front français 1916-1918, Eric Deroo, Gérard Gorokhoff,  Gallimard, 2010). (La Révolte des soldats russes en France, Rémi Adam, éditions Les Bons caractères, 2007).

L’énigme du temps dans l’œuvre d’Ilham Laraki Omari (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mercredi, 21 Novembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Au Salon d’Automne 2018 de Paris, la toile d’Ilham Laraki Omari aimante les regards comme une interpellation métaphysique. Le titre du tableau, Les Temps, évoque au pluriel les dimensions infinies de cette bande passante de l’éternité. L’œuvre se décline en trois plans décalés, incrustés de symboles insolites, emboîtement des quintessences active et passive, motrices des dynamiques vitales. Une aiguille sur cadran tourne à rebours. La circularité visuelle ouvre des interstices dans ses profondeurs. Le temps insère sa limpidité dans la double attraction cosmique et tellurique. L’artiste passe de l’autre côté du miroir pour intercepter les réverbérations chromatiques. La pensée du temps chamboule le temps de la pensée. Le temps n’est-il pas la vie dans son immuable continuité et sa diversité sans cesse renouvelée. Le temps se piste dans son arantelle connective.

Nostalgie coloniale et diversité culturelle dans la mode parisienne (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mercredi, 14 Novembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Trois cents rues et bâtiments publics parisiens portent encore des noms célébrant la légende coloniale (Didier Epsztajn, Guide du Paris colonial et des banlieues, Editions Syllepse, 2018). La toponymie s’accroche à la postérité comme une mémoire honteuse, mais toujours présente. Les dénominations exotiques rappellent subliminalement les possessions françaises, les conquêtes épiques des territoires barbares, les glorieuses expéditions civilisatrices. « Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, aux pullulements, aux grouillements, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire » (Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, éditions François Maspero, 1961). Et pourtant, cette même histoire grouille de résistances, de révoltes, de luttes de libération. Quelques figures emblématiques sont, tardivement, immortalisées sur les plaques bleues, l’abolitionniste modéré Victor Schœlcher,le colonel Louis Delgrès, commandant de Basse-Terre, déserteur de l’armée pour combattre les troupes bonapartistes voulant rétablir l’esclavage, l’Emir Abd El Kader, Toussaint Louverture. « Peuple français, tu as tout vu / Oui, tout vu de tes propres yeux / Et maintenant vas-tu parler ? / Et maintenant vas-tu te taire ? » (Kateb Yacine, La Gueule du loup, 17 Octobre 1961).