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Le rêveur des bords du Tigre, Fawaz Hussain

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les Escales

Le rêveur des bords du Tigre, octobre 2017, 172 p. 16,90 € . Ecrivain(s): Fawaz Hussain Edition: Les Escales

 

C’est un roman plein de nostalgie et de douleur que nous offre Fawaz Hussain. Nostalgie d’un pays perdu par l’absurdité de la guerre et de la politique des hommes.

Farzand, Kurde exilé à Paris depuis sa jeunesse, voudrait retrouver sa ville natale, dans le Kurdistan syrien. Mais la guerre civile qui y sévit l’arrête dans son projet à la frontière entre la Turquie et la Syrie, au bord du Tigre. C’est quand même une terre « kurde » dans laquelle il se trouve, mais occupée par une nation étrangère.

Le retour sur les terres natales va être plus un voyage dans le temps que dans l’espace. C’est un univers enfoui dans sa mémoire que Farzand va voir surgir et déferler sur lui, un flot permanent d’émotions qui va le submerger, dès son arrivée.

Et au milieu coule une rivière, Norman MacLean

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Roman, USA

Et au milieu coule une rivière, novembre 2017, trad. américain Marie-Claire Pasquier, 174 pages, 19 € . Ecrivain(s): Norman MacLean Edition: Rivages

 

La rivière du sixième jour, l’étrange et beau titre original français de ce roman mythique, rend bien compte d’une dimension essentielle de l’œuvre, la dimension biblique. Elle traverse ce roman de part en part, dès l’incipit, inoubliable, qu’il faut citer en intégralité :

« Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement la distinction entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitions dans l’ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué à mon frère et moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre – ce dont nous étions persuadés tous les deux – que les meilleurs pêcheurs du Lac de Tibériade étaient tous des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche ».

L’Enfant de la fièvre, Shelby Foote

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, USA, Gallimard

L’Enfant de la fièvre (Jordan County), traduit de l’américain par Maurice Coindreau et Claude Richard, 361 p. 10 € . Ecrivain(s): Shelby Foote Edition: Gallimard

 

Dans ces nouvelles de Shelby Foote – autant de pépites – on trouve deux textes qui constituent de véritables courts romans : Crescendo final et L’enfant de la Fièvre (qui donne son titre à ce recueil). Autant le dire dès l’abord, on a en mains d’authentiques joyaux littéraires, qui viennent se placer au plus haut dans la littérature sudiste.

Avec Crescendo final, on retrouve le Sud pauvre et douloureux de « tourbillon »*. Comme il le fait souvent, Foote commence par ce qui est fréquemment la fin chez d’autres auteurs. Il décale ainsi toutes les interrogations du lecteur sur ce qui, chez les personnages, surdétermine les actes et les destinées. Le pauvre héros attend dans le couloir de la mort son exécution. Le récit sera donc la trajectoire qui l’a mené là, le destin inexorable dans lequel rien n’aura pu le sauver. Ni son talent, ni son succès, ni l’amour inquiet de sa mère.

Il y avait des rivières infranchissables, Marc Villemain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Joelle Losfeld, Nouvelles

Il y avait des rivières infranchissables, 12 octobre 2017, 145 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Marc Villemain Edition: Joelle Losfeld

 

Dans ce recueil de courtes nouvelles, Marc Villemain s’aventure sur des sentiers difficiles. Ecrire sur les amours enfantines, ou adolescentes, est souvent un piège tapissé de guimauve ou, au moins, de sentimentalité molle. On ne sait par quel miracle d’équilibre, ces nouvelles, sans exception, y échappent. La délicatesse, le doigté, la distance narrative, sont ici les ingrédients d’un livre certes sentimental – c’en est même le sujet – mais jamais dans le pathos.

En évoquant les amours d’autrefois, celles d’« il », figure centrale de chaque nouvelle, Villemain touche bien sûr à la nostalgie du temps qui passe, mais au-delà d’une nostalgie personnelle, à celle d’un moment collectif, notre nostalgie à tous, l’évocation émouvante d’une France disparue, de modes de vie surannés. Un parfum de cartes postales de naguère qui nous renvoie immanquablement à nos propres souvenirs.

Sucre noir, Miguel Bonnefoy (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Rivages, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman

Sucre noir, août 2017, 207 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy

 

Ce roman est une intense célébration des sens. Et du sens olfactif en particulier. Les parfums s’y organisent en réseaux serrés, en échos déferlants, en une valse obsédante, enivrante.

L’histoire commence dans un arbre. C’est un vaisseau qui est posé dans un arbre ! Ce qui nous vaut un incipit inoubliable :

« Le jour se leva sur un navire naufragé, planté sur la cime des arbres, au milieu d’une forêt. C’était un trois-mâts de dix-huit canons, à voiles carrées, dont la poupe s’était enfoncée dans un manguier à plusieurs mètres de hauteur. A tribord, des fruits pendaient entre les cordages. A bâbord, d’épaisses broussailles recouvraient la coque ».

Ainsi commence la légende du capitaine Henry Morgan dans les Caraïbes, légende qui s’accompagne – comment en pourrait-il être autrement ? – d’un trésor mirifique enterré quelque part.