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Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Sándor Ferenczi, L’enfant terrible de la psychanalyse, Benoît Peeters (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 16 Juin 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Flammarion

Sándor Ferenczi, L’enfant terrible de la psychanalyse, Benoît Peeters, Flammarion, août 2020, 384 pages, 23,90 €

Sándor Ferenczi, L’enfant terrible de la psychanalyse, de Benoît Peeters, paru en août 2020 aux éditions Flammarion, est un ouvrage qu’il est difficile de classer. Il se veut à la fois biographique, historique, traité de psychanalyse, mais il peut se lire comme un roman tant il est empreint d’intrigues d’amour et d’amitié mêlés. En effet, les relations de ces deux géants, Freud et Ferenczi, chercheurs impénitents et acharnés, furent tourmentées. Ces deux-là passèrent leur temps à s’apprécier intensément puis à se rejeter tout aussi radicalement. On pourrait les comparer aux relations d’un père spirituel avec un fils adoptif.

Partant de l’ouvrage de Ferenczi, Thalassa, puis de la correspondance entre les deux amis de Freud et, neurologue puis psychanalyste, qui ont échangé entre 1908 et 1933 des lettres presque chaque jour pendant vingt-cinq ans, puis des nombreux autres ouvrages de cet auteur, Benoit Peeters nous présente, dans son livre, un portrait insolite et complexe d’un des premiers disciples hongrois de Sigmund Freud, membre de la première génération psychanalytique et soutien inconditionnel de celui qu’il considère comme son mentor et que Freud appellera « son vizir ».

Ainsi sont-ils, Isabelle Flaten (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 11 Juin 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Ainsi sont-ils, Isabelle Flaten, Le Réagal-Éditions, 2018, 120 pages, 12 €

 

Entrez mesdames et messieurs, jouvencelles et jouvenceaux, les trois coups viennent de retentir et nous avertir. Le spectacle va commencer. Vous êtes plongés dans le noir de vos existences et vous cherchez obstinément une lueur où tenter de vous agripper. Mais il faudra patienter le temps de la représentation, pour entrevoir la possibilité de sortir de l’ombre et vous retrouver tel qu’en vous-même.

Dans l’intervalle, c’est la montreuse de marionnettes qui va conduire le bal. Elle va vous dévoiler tel que vous croyez être ou peut-être pas. Isabelle Flaten est devenue, le temps d’un livre, Ainsi sont-ils, publié chez Le Réalgar-Éditions en 2018, une marionnettiste. Et nous, spectateur-lecteur, sommes sous le charme. Alors, dans le noir, tombez le masque. Et vous pourrez vous poser la question existentielle essentielle : « Savons-nous vraiment qui nous sommes ? Isabelle Flaten explore des êtres et des situations que nous connaissons tous ou pas. Des positionnements diaprés. Elle sonde des cœurs et des âmes avec une précision d’entomologiste. Tout ce qui touche au monde contemporain l’attire. Et elle ne se prive pas de nous le faire l’observer avec un regard souvent décalé, imprévu.

Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 27 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, P.O.L

Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober, P.O.L, octobre 2020, 352 pages, 21,90 €

« J’ai décidé d’être vieux. Continue sans moi », lui avait dit son complice Pierre Dumayet, disparu en 2011. Dans son nouveau livre, paru chez P.O.L en 2020, Par instants, la vie n’est pas sûre, Robert Bober va offrir un cadeau à son proche compagnon de longue date avec qui il a entamé un merveilleux chemin. À titre posthume, il va écrire une longue lettre imaginaire à cet homme qu’il admire et de qui il a tant appris et qui l’a comblé de ses bienfaits. Né en 1923, durant sa longue carrière, Pierre Dumayet n’a cessé d’innover et de transmettre la culture au plus grand nombre grâce à la télévision, en noir et blanc à l’époque. Dès 1950, il a ouvert les yeux sur le monde à de tant de gens à travers la « petite lucarne » qui balbutiait et se cherchait un nouveau langage. C’était un luxe à l’époque et on allait souvent la regarder chez des voisins plus fortunés et plus chanceux ou dans les vitrines des magasins d’électroménager aussi où des regards étonnés s’agglutinaient devant cette petite merveille de la technologie. Avec Claude Barma, il écrit les dialogues des dix épisodes du tout premier feuilleton pour la télévision française qui sera diffusé en 1950. De 1958 à 1963, il collabore avec Pierre Desgraupes pendant quinze ans à la réalisation et à la présentation de Lectures pour tous, introduisant la littérature à la télévision. Cet homme est donc scénariste et coproducteur de multiples émissions dont Cinq colonnes à la une de 1955 à 1968.

Tes ombres sur les talons, Carole Zalberg (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 12 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Grasset

L’œuvre de Carole Zalberg est riche et variée. Dans sa trajectoire littéraire, deux thèmes récurrents parcourent son chemin : celui qui la concerne directement elle, sa famille et ses exils et son intérêt constant pour les « invisibles », « les gens de peu ». Elle jette sur eux un regard empreint de tendresse et une considération persistante. En fait, les deux champs se recoupent. Ils sont les sujets essentiels de sa quête d’écrivain. Cette femme tente sans cesse de s’interroger sur des itinéraires souvent complexes, parfois très violents, parfois plus lumineux mais toujours tortueux. Elle préfère les chemins de traverse déchirés, plutôt que les existences qui suivent les autoroutes trop lisses à son sens pour mériter qu’elle leur consacre son intérêt et son énergie. Chacun de ses nombreux lecteurs suit sa trajectoire, avec constance, et une curiosité jamais émoussée.

Lorsque nous démarrons la lecture de son dernier roman, Tes ombres sur les talons, publié cette année, nous sommes impatients de deviner où l’auteur va, cette fois, nous entraîner. Une fois encore, elle nous conduit sur les routes de l’exil, jalonnées de tragédies funestes. Le roman commence par un prologue. Une femme fuit son pays en guerre. Elle tient son bébé serré contre sa poitrine. Elle est rejetée de tous les lieux d’accueil. L’enfant n’en survivra pas. « Mehdi n’a pas assez vécu pour savoir qu’il meurt. Son dernier souffle, échoué au seuil de sa bouche, n’est que cela, trop court, épaissi de froid, ravalé par l’enfant que sa mère berce encore ». La tonalité du livre est amorcée.

Pussyboy, Patrick Autréaux (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 02 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Pussyboy, Patrick Autréaux, éditions Verdier, mars 2021, 128 pages, 14 €

 

En regardant la photo du bandeau qui entoure la couverture du livre de Patrick Autréaux, Pussyboy, le lecteur qui s’attend à découvrir un roman pornographique sera étonné de ne pas s’y reconnaître. Le libertin esthète, qui compte discerner dans ce récit un livre érotique qu’on conserve précieusement à l’abri pour quelques privilégiés et qu’on dévoile comme un trésor précieux, sera déconcerté.

Certes, il y a bien dans ce roman une intrigue. Le narrateur de ce récit nous introduit dans une rencontre hasardeuse entre deux garçons qu’au départ tout oppose et que rien ne laissait prévoir. Toute l’histoire se déroule dans un huis-clos, « une grotte », soigneusement entretenu, qui préserve les deux partenaires de toute intrusion intempestive. Elle risquerait de détruire leur intimité. Quand l’extérieur intervient, c’est pour que l’un des deux retrouve un espace de respiration, une échappée vive qui permet au narrateur d’accepter d’autant mieux le retour vers ce qui l’attire comme un aimant. Dans une chorégraphie savante, le narrateur s’érige en maître de ballet. Son danseur étoile, Zakaria, porte un prénom, qui évoque l’ailleurs, le lointain, le différent.