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Articles taggés avec: Bret Stéphane

L’ami arménien, Andreï Makine (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

L’ami arménien, janvier 2021, 214 pages, 18 € . Ecrivain(s): Andreï Makine Edition: Grasset

 

Dans ce récit, le lecteur qui s’attacherait de trop près au titre sera rapidement surpris, mais ce de façon très positive, car il n’y est pas question que de l’amitié, loin de là. Le narrateur se trouve dans un orphelinat de Sibérie, aux conditions d’éducation et d’hébergement très dures, marquées par l’arbitraire, la cruauté et la violence gratuite des condisciples de l’établissement. A quelle époque se situent ces événements ? Probablement dans les années cinquante-soixante, ces années où le soviétisme fait encore illusion avant son écroulement du début des années 90.

Il y a une amitié entre le narrateur et Vardan, un garçon du même âge, en butte à la violence d’autres adolescents soucieux de profiter de ses faiblesses et d’un état d’infériorité. Vardan éprouve de la compassion à la vision d’une prostituée et c’est l’occasion pour lui de resituer la signification de la souffrance, et sa réelle place : « Or, ce que disait Vardan allait bien au-delà de ce jeu d’antithèse sociales. Le malheur et la déchéance d’un être rendaient inacceptable toute la fourmilière humaine. Oui, tout entière ! ».

L’Invitation à la valse, et Intempéries, Rosamond Lehmann (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 13 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Belfond

L’Invitation à la valse, et Intempéries, Rosamond Lehmann, Belfond Vintage, octobre 2020 (235 pages, et 511 pages), 14 € Edition: Belfond

 

Rosamond Lehmann, romancière britannique ayant quasiment traversé le XXe siècle, est une importante figure de la littérature de son pays. Proche du groupe de Bloomsbury dont une certaine Virginia Woolf faisait partie, elle étudie la littérature anglaise à Cambridge, possibilité peu offerte aux femmes à cette époque. Deux de ses romans, L’Invitation à la valse, et Intempéries, sont significatifs de son parcours.

Dans L’Invitation à la valse, nous assistons au déroulement de la jeunesse et au sortir de l’adolescence d’Olivia Curtis, une jeune fille de bonne famille. Olivia vit à Little Compton, localité de l’Angleterre où tout le monde se connaît, partage souvent les mêmes fréquentations. Le jour de son dix-septième anniversaire, Olivia reçoit des présents qui la comblent : un billet de dix shillings, un chérubin de porcelaine et un ruban de soie, ce dernier cadeau provoque en elle une grande joie. Olivia Curtis doit bientôt assister au bal organisé chez lord et Lady Spencer, un couple appartenant aux notabilités locales, dont l’appréciation peut être précieuse pour entrer dans le monde et trouver un fiancé.

Art Nouveau, Paul Greveillac (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 25 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Art Nouveau, Paul Greveillac, août 2020, 287 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Le vingtième siècle fut source de bien des révolutions en matière artistique ; ainsi du domaine architectural dont Lajos Ligeti, jeune apprenti architecte et personnage principal du roman Art Nouveau de Paul Greveillac. Ce personnage nourrit un projet, fou et démesuré : construire l’Empire austro-hongrois, et en cas de succès, construire l’Europe, le monde entier. Lajos Ligeti déménage de Vienne à Budapest, l’autre centre névralgique de l’Empire multinational. C’est tout d’abord cette volonté de marquer son milieu de son empreinte qui séduit le lecteur : naïve selon les uns, présomptueuse selon les autres, qui conduit Lajos à s’appuyer sur des architectes de référence, déjà consacrés par le spécialiste : il lit ainsi le traité d’Owen Jones sur la thématique de l’ornement, Camillo Sitte, qui opte pour le conservatisme en architecture.

Des architectes du Nouveau Monde trouvent grâce à ses yeux, tel Louis Sullivan, mais ce qui motive la démarche de Lajos Ligeti, c’est le désir, source de toutes les créations et origine primordiale, indispensable préalable à l’élaboration de tout projet :

Les sœurs aux yeux bleus, Marie Sizun (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 11 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman

Les sœurs aux yeux bleus, juin 2020, 396 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Marie Sizun Edition: Folio (Gallimard)

 

Comment entrevoir une autre vie, une possibilité d’émancipation et d’accomplissement personnel ?

En cette seconde moitié du XIXe siècle, c’est bien difficile pour les enfants Sézeneau : ils sont cinq, deux garçons Isidore et Eugène, trois filles, Louise, Eugénie, et Alice, nés tous à cette époque. Le père, Léonard Sézeneau, est une sorte de pater familias, ombrageux, autoritaire, peu disert. Il fait planer son autorité sur le foyer. Son épouse, Hulda, est décédée et des mauvaises langues affirment que c’est parce que Hulda aurait appris la liaison qu’entretient Léonard avec Livia Bergvist, une jeune femme d’origine suédoise, qui est la gouvernante de la famille Sézeneau.

Très vite, la narratrice Marie Sizun nous initie aux secrets plus ou moins inavouables de cette famille : Livia cache une naissance, un enfant qu’elle aurait pu avoir avec Léonard. Mais c’est le parcours des filles qui est privilégié dans ce roman. Les scènes sont décrites par Marie Sizun comme des épisodes de séries télévisées. On se laisse prendre à cette convention car Marie Sizun a de la sympathie pour ces sœurs aux yeux bleus.

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Biographie

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata, juillet 2020, 164 pages, 7,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Vénus Khoury-Ghata nous livre dans cet ouvrage consacré à la poétesse Marina Tsvétaïéva non pas une biographie classique, dont les éléments principaux sont consignés en fin de volume pour mieux repérer le lecteur pas forcément familier des détails de la vie mouvementée de cette femme de lettres russe, qui a affronté maintes épreuves. Vénus Khoury-Ghata choisit dans le récit de s’adresser à Marina à la deuxième personne, accentuant ainsi la gravité dans le ton du texte et y introduisant une solennité permanente. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le côté marginal, dérangeant, maudit qui va caractériser la vie entière de cette femme. Elle se perçoit comme telle dès les premières années de son parcours littéraire, amoureux, et social : « Tu imposais ta volonté, imposais une écriture qui n’avait aucun lien avec celle des poètes qui t’ont précédée. Tu fascinais, dérangeais. Tu faisais peur ».