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Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Biographie

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata, juillet 2020, 164 pages, 7,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Vénus Khoury-Ghata nous livre dans cet ouvrage consacré à la poétesse Marina Tsvétaïéva non pas une biographie classique, dont les éléments principaux sont consignés en fin de volume pour mieux repérer le lecteur pas forcément familier des détails de la vie mouvementée de cette femme de lettres russe, qui a affronté maintes épreuves. Vénus Khoury-Ghata choisit dans le récit de s’adresser à Marina à la deuxième personne, accentuant ainsi la gravité dans le ton du texte et y introduisant une solennité permanente. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le côté marginal, dérangeant, maudit qui va caractériser la vie entière de cette femme. Elle se perçoit comme telle dès les premières années de son parcours littéraire, amoureux, et social : « Tu imposais ta volonté, imposais une écriture qui n’avait aucun lien avec celle des poètes qui t’ont précédée. Tu fascinais, dérangeais. Tu faisais peur ».

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Les éditions du Rocher

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin, 227 pages, 8,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Les personnages emblématiques de La Belle Époque sont souvent reliés au monde du spectacle, des arts, de la danse. Ainsi en va-t-il de La Goulue, cette danseuse célèbre de Montmartre, qui a animé les soirées des cabarets et salles de music-hall.

Maryline Martin, dans la biographie qu’elle consacre à ce personnage haut en couleur, s’attache aux étapes de son parcours, à ses rencontres, à sa personnalité aux multiples aspects. Louise Weber, son état-civil véritable, est une petite fille curieuse dès le plus jeune âge : blanchisseuse à seize ans, elle n’a de cesse que de s’échapper du cercle familial pour aller s’initier à la danse. Les premières étapes de cette plongée dans cet univers, c’est son père Dagobert qui les organise : elle apprend le chahut, ancêtre du cancan, l’art de lever la jupe. Elle veut faire mieux que Marguerite Bade dite Rigolboche, qui est capable de retrousser ses jupons jusqu’à la taille pour dégager sa jupe. Plus tard, en 1882, elle pousse la porte du Bal Debray, un établissement où elle va rencontrer un certain Valentin. Elle sera son partenaire de danse pendant neuf années…

Annette, une épopée, Anne Weber (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 24 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

Annette, une épopée, Anne Weber, mars 2020, 233 pages, 19 € Edition: Seuil

 

Anne Beaumanoir, dite Annette, est une jeune femme au parcours atypique, sinueux et riche en rebondissements de toute nature : elle entre dans la Résistance à dix-neuf ans, sauve deux adolescents juifs au mépris de la discipline de groupe. Elle participe à des actions à Rennes, Paris et Lyon. Pour finir, elle prend part à la libération de Marseille, avant de s’engager pour l’indépendance de l’Algérie, pays qu’elle rejoint lors de l’indépendance en 1962. Elle participe au premier gouvernement de Ben Bella avant de fuir lors du coup d’Etat de Boumediene en 1965.

Ce destin, Anne Weber a pris le parti de le restituer au lecteur de son roman sous la forme d’une radiographie en direct du comportement d’Annette, de la dissection de ses motivations. Ainsi, de la définition de l’acte de résister : « Car résister résulte, comme la plupart des choses qu’on fait, non pas d’une décision qu’on prend une fois pour toutes mais d’un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n’a pas encore idée ».

La faute, Daniel Monnat (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 09 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Slatkine

La faute, Daniel Monnat, février 2020, 315 pages, 23 € Edition: Slatkine

 

 

La culpabilité est un sentiment humain décisif dans l’adoption d’une conduite, dans l’élaboration des choix de vie personnels, surtout en de dramatiques circonstances. Michel Suter est un bon citoyen helvétique, originaire de La Chaux-de-Fonds, petite bourgade campagnarde de la Suisse romande, mais qui a décidé de conquérir la ville de Genève, où il effectue des études de médecine. Il a pour objectif de s’établir, d’épouser Oriane, issue d’une famille bourgeoise genevoise. Ce projet a pour but de lui constituer un solide carnet d’adresses dans l’Establishment genevois, et d’accéder à un statut social enviable. Lors de ses sorties dans les auberges et cafés de la cité de Calvin, il rencontre Daniel et Judith Tauchner, des réfugiés ayant fui l’Allemagne nazie voisine. Daniel Tauchner est marchand d’art à Munich, cité qui joua lors de la République de Weimar un rôle culturel significatif.

Johannesburg, Fiona Melrose (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 06 Février 2020. , dans La Une Livres, Quai Voltaire (La Table Ronde), Afrique, Les Livres, Critiques, Roman

Johannesburg, Fiona Melrose, traduit de l'anglais par Cécile Arnaud, janvier 2020, 320 p. 22 € Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Fiona Melrose signe ici un roman qui n’est pas, contrairement à d’autres auteurs sud-africains, un regard sur l’histoire de leur pays, mais bien plutôt une chronique sur sa ville natale : Johannesburg. Pourtant, cette évocation de la cité du travail du diamant, de l’or, traverse le temps, avec des retours en arrière. Le plan du roman suit les étapes d’une journée : le matin, l’après-midi, le soir, clin d’œil assumé de l’auteure à Virginia Woolf et à son roman : Mrs Dalloway, construit de la même façon.

Gin, l’héroïne principale, a prévu de visiter sa mère à Johannesburg le 6 décembre 2013, pour fêter ses quatre-vingts ans. Elle sera aidée de Mercy, employée de maison au domicile de sa maman. La cité de l’or s’éveille en apprenant le décès de Nelson Mandela, Madiba, le père de la nation arc-en-ciel. Ce n’est donc pas un simple retour que Gin va vivre, mais un passage en revue de ses souvenirs, impressions d’enfance, une élaboration d’un bilan provisoire de sa vie à ciel ouvert. Mais qu’était Johannesburg ? A l’époque où elle y vivait encore, avant de s’expatrier à New-York, elle la ressentait comme une source d’agression :