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Articles taggés avec: Bedin Lionel

Les oiseaux morts de l’Amérique, Christian Garcin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Roman

Les oiseaux morts de l’Amérique, janvier 2018, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Actes Sud

 

L’époque : de nos jours, avec beaucoup de retours en arrière. Le lieu : Las Vegas. Un peu en ville, sur le Strip et dans quelques rues adjacentes, mais surtout à la périphérie, vers les terrains vagues, entre autoroutes et pistes cyclables, motels miteux et collecteurs d’eau de pluie. C’est dans ces tunnels de béton que vivent quelques personnes, en marge. Parce que la vie les a amenés là. Un point commun à la plupart des protagonistes de ce roman : ils ont participé à une guerre. Hoyt est un vétéran du Vietnam. Il a 75 ans. Il cohabite avec d’autres anciens soldats d’Irak ou d’Afghanistan. Des guerres d’où ils sont revenus, avec des souvenirs atroces, traumatisés. Des souvenirs vivaces ou oubliés, ou refoulés. Ils vivent là, entre leurs souvenirs et une réalité somme toute assez tranquille : échanger quelques vannes plus ou moins philosophiques, faire la manche en ville, boire un café, dormir… et évacuer vite fait quand il pleut et que les collecteurs se remplissent d’eau.

L’Homme des bois, Pierric Bailly

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 09 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, P.O.L

L’Homme des bois, février 2017, 160 pages, 10 € . Ecrivain(s): Pierric Bailly Edition: P.O.L

 

L’histoire est très simple : « le corps d’un homme retrouvé au pied d’une falaise », titre le journal local, avec une affiche bien en vue sur un chevalet devant le marchand de journaux. L’homme est le père de l’auteur. Il va raconter les quelques jours au cours desquels il va s’occuper des obsèques, avec quelques retours en arrière pour faire le portrait du père, de la famille, d’une génération, d’un lieu. Il va se raconter, à travers ses actions, ses rencontres avec celles et ceux que l’on croise habituellement lors des enterrements, la famille, les amis, les vieilles connaissances, les curieux… et livrer ses sentiments face à la mort brutale de ce père, peut-être pas accidentelle, un doute qui donne un côté un peu mystérieux au récit.

L’auteur fait le portrait de son père. Un homme simple, droit, sociable, qui aimait aider, partager. Un homme à la trajectoire modeste mais à l’engagement concret. C’est aussi le portrait d’une génération, celle des babas cool, des militants, des travailleurs associatifs, des écologistes, de ceux qui aiment les chansonniers, l’anarchisme, la non-violence, et qui se sont rencontrés sur le plateau du Larzac.

Mon tour du monde, Charlie Chaplin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Récits, Voyages, Le Livre de Poche

Mon tour du monde, Charlie Chaplin, trad. anglais Moea Durieux, novembre 2017, 216 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Charlie Chaplin Edition: Le Livre de Poche

 

En janvier 1931 à Los Angeles sort Les Lumières de la ville. Ce film muet rencontre le succès attendu, après Le Kid (1921), ou La Ruée vers l’or (1925). Charlie Chaplin est célèbre. Mais en crise. Il a des soucis personnels et financiers, et il est perturbé par l’arrivée du cinéma parlant. Il fait ce constat : « L’amour et les gens me lassent ». Il décide de prendre l’air. « J’ai besoin que soient ranimées mes émotions ». Le 13 février 1931 il part pour l’Angleterre, pour un voyage de quelques semaines qui va en fait durer seize mois (13 février 1931-16 juin 1932) et le conduire autour du monde. Au retour il publiera A comedian sees the word dans une revue américaine.

Le voyage commence par l’Angleterre, pays de son enfance, « époque la plus malheureuse de ma vie ». Il y retrouve son ami Winston Churchill, et d’autres célébrités de la politique ou du spectacle. Il poursuit par les Pays-Bas jusqu’à Berlin, où il croise Marlene Dietrich et Einstein, et où il constate que « la situation semble désespérée, l’avenir bien sombre ». Puis c’est Vienne, une ville « triste ». Détour par l’Italie, « une Californie miniature et âgée ». Malgré la foule considérable qui l’accueille, ici comme ailleurs, Chaplin vit le paradoxe de la célébrité : « Ces manifestations sont un immense hommage, j’en ai conscience, mais tout le monde éprouve parfois l’envie d’être seul ».

L’écume des voyages, Vincent Jacq

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Voyages

L’écume des voyages, La Nouvelle Escampette, octobre 2016, 224 pages, 16 € . Ecrivain(s): Vincent Jacq

 

L’écume des voyages est une publication originale qui regroupe trois récits : Lisbonne, nuits intranquilles (poèmes) ; Vingt-trois moments de l’embouchure, des « clichés » écrits à Rabat dans les années 1980 et publiés en 1993 après « remuement de la langue », et surtout : Odeur d’encre, odeurs d’îles, un recueil de textes publié en 1991, peu connu du grand public ni des amateurs de littérature de voyage, et pourtant très littéraire et très voyageur.

« Plus on découvre de villes, de paysages, plus le mystère s’affine, et on parvient parfois à démêler quelques-unes de ses propres obsessions à mesure que chacune revêt le visage d’un lieu ».

Au fil d’une trentaine de chapitres, Vincent Jacq nous entraîne dans ses lieux, dans ses lectures, dans ses voyages, dans ses obsessions peut-être, en tous les cas dans une sorte d’abécédaire (mais sans ordre) de l’histoire des voyages, avec des thèmes variés.

Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson (2ème critique)

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 28 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Voyages, Gallimard

Sur les chemins noirs, octobre 2016, 146 pages, 15 € Edition: Gallimard

 

Sylvain Tesson nous a habitués à des récits de périples lointains (Bérézina, ou Dans les forêts de Sibérie), il nous propose aujourd’hui le récit d’une traversée à pied de la France, du Mercantour au Cotentin, effectuée d’août à novembre 2015. Dans un contexte particulier : Tesson, le voyageur, le baroudeur, l’adepte de l’escalade, y compris celle des cathédrales, est tombé d’un toit, à Chamonix, en août 2014. Miraculé, sur son lit d’hôpital il fait ce constat : « j’avais pris cinquante ans en huit mètres. La vie allait moins swinguer ». Quand il comprend qu’il est bien amoché mais vivant, il se met dans l’idée de « demander aux chemins ce que les tapis roulants [la rééducation] étaient censés me rendre : des forces ». La marche à pied comme médecine. Et pourquoi pas en France, puisque son état ne lui permet pas d’aller plus loin. C’est donc avec un peu d’ironie (passer de Kaboul à Châteauroux : « quel désastre ! ») et beaucoup d’appréhension qu’il se met en route, depuis le col de Tende, ne sachant pas si la thérapie par la route allait être bénéfique ou non.

 

Leçon de géographie