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Articles taggés avec: Baillon François

Élise ou l’abri de lettres, Isabelle Pouchin (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 15 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Élise ou l’abri de lettres, Isabelle Pouchin, Gaspard Nocturne, 2017, 180 pages, 19 €

 

Le titre de ce livre nous met sur la voie de la musicalité : comment ne pas penser à la Lettre à Élise devant cet abri qui nous est proposé ?

C’est d’abord dans sa forme que ce texte s’affirme : il suffit de feuilleter quelques pages pour découvrir qu’il s’articule autour des lettres de l’alphabet, ce qui donne à penser qu’on cherche là à retrouver le sens ou l’essence de certains mots, voire à leur donner un nouveau sens. Et pourquoi une telle intention ? Par-delà cette forme qu’on pourrait apparenter à un dictionnaire intime, nous sommes bel et bien confrontés à la situation d’un roman : depuis cinq ans, plusieurs hommes et femmes survivent tant bien que mal dans un endroit des Cévennes, après une Catastrophe (systématiquement écrite avec une majuscule) qui a décimé un grand nombre de leurs congénères. Ils sont passés par des étapes de cruauté qui les ont subjugués eux-mêmes. Revenus à un âge de pierre qu’ils assument comme ils peuvent, ils n’en ont pas moins le souvenir de la civilisation passée : c’est parce qu’elle a retrouvé un dictionnaire qu’Élise se met à écrire un journal à partir des mots qu’elle croise.

Le Cycle d’Oz, Lyman Frank Baum (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 10 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Le Cherche-Midi

Le Cycle d’Oz, Lyman Frank Baum, Le Cherche-Midi, 2013/2015, trad. Blandine Longre, Anne-Sylvie Homassel, 1340 pages (3 volumes), 58 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Entre 2013 et 2015, Le Cherche-Midi a pris l’initiative de publier les œuvres de L. Frank Baum autour du pays d’Oz, classiques éminents aux Etats-Unis : on retrouve ainsi dans ce Cycle les six premiers romans de la série. Jusqu’en 2013, seules les trois premières œuvres avaient fait l’objet de traductions intégrales en français, celles-ci étant parues chez Flammarion (Bibliothèque du Chat Perché) entre 1979 et 1982 – ce qui, soulignons-le, se révèle extraordinairement tardif quand on sait que Le Magicien d’Oz, premier roman de la série, fut publié pour la première fois en 1900 avec un grand succès. Soit dit en passant, tout le monde connaît l’histoire de ce roman, l’œuvre originale étant souvent éclipsée par l’adaptation cinématographique qu’en fit Victor Fleming en 1939.

Ce Cycle d’Oz, outre l’imparable classique cité plus haut, réunit Le Merveilleux Pays d’Oz (1904), Ozma du pays d’Oz (1907), Dorothy et le Magicien au pays d’Oz (1908), La Route d’Oz (1909), et La Cité d’Emeraude (1910) : grâce aux traductions de Blandine Longre et d’Anne-Sylvie Homassel, il nous est donné accès à l’incroyable richesse imaginative de L. Frank Baum.

Chuchotements dans la nuit, Howard Phillips Lovecraft (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Vendredi, 22 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Points

Chuchotements dans la nuit, Howard Phillips Lovecraft, octobre 2020, trad. anglais, François Bon, 144 pages, 6,50 € Edition: Points

 

Ce qui s’impose d’emblée dans ce récit de Lovecraft, comme dans d’autres de ses récits et nouvelles d’ailleurs, c’est l’installation d’un mystère insoutenable et une préparation immédiate à la peur : « Si seulement je pouvais sérieusement croire, à la toute fin, n’avoir vu aucune de ces horreurs » (p.15).

Rapidement aussi, on se laisse happer par la littérarité qui traverse le texte, comme si la finesse assumée du style participait des subtilités de l’énigme qui est au cœur du récit. En cela, il faut saluer la brillante traduction de François Bon, qui précise lui-même, dans son introduction, que cette qualité de prose, associée aux thèmes de la science-fiction et de l’horreur, trop étonnante pour l’époque, a été rédhibitoire pour de nombreux magazines et maisons d’édition du vivant de Lovecraft.

Pourquoi j’ai mangé du lion, Jean-Pascal Bernard, Caroline Taconet (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Jeunesse, Roman

Pourquoi j’ai mangé du lion, Jean-Pascal Bernard, Caroline Taconet, Ed. Les Petites Moustaches, octobre 2020, 72 pages, 12,50 €

 

Voici un roman policier où le commissaire Pillière et son adjoint Dentu sont amenés à enquêter sur un phénomène de taille : pour quelles raisons la girafe Ramona a-t-elle dévoré le lion Bouly, tous deux résidents du zoo de Vincennes ? Selon Pillière, très impressionné, malgré lui, par la présence de l’accusée, la thèse du crime passionnel semble privilégiée. Mais Dentu a une autre intuition : en interrogeant l’ex-compagne du fauve prénommée Sharon, une lionne quelque peu sans-gêne et possessive de surcroît, il apparaît que l’intention première du lion était de dévorer la girafe. Celle-ci aurait-elle flairé le danger et se serait-elle vengée par anticipation ? Est-elle plus calculatrice qu’on ne le pense de prime abord ? Pillière pourrait-il deviner que ses enfants lui apporteront la dernière clé de ce mystère ?

Avec beaucoup d’humour, Jean-Pascal Bernard confronte ici les êtres humains, qui ne maîtrisent plus vraiment la situation, à des animaux à demi sauvages, tout aussi névrosés que les bipèdes que nous sommes. Une manière de nous raconter que l’homme doit parfois se rendre humble devant certaines circonstances remarquables.

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Arnaud Genon (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 17 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Vivre sans amis, Ou comment j’ai (temporairement) quitté Facebook, Editions de la Rémanence, octobre 2020, 126 pages, 12 € . Ecrivain(s): Arnaud Genon

 

Le titre du livre semble nous parler de la radicalité d’un ermite, d’un isolé profond, disposé à une quête spirituelle hors des siens. Mais le sous-titre fait aussitôt sourire : il ne s’agira que d’une déconnexion temporaire de Facebook.

Cette opposition immédiatement exprimée entre une apparente conviction d’ermite et une disparition éphémère sur un réseau social (on ne disparaît pas vraiment quand on disparaît de Facebook, et même, on ne disparaît pas du tout) semble être le fil conducteur de cette suite de réflexions, rédigées au cours d’un mois de sevrage de réseaux sociaux. Et ce qui apparaît inévitable avec une telle décision, c’est la reconnexion qui s’opère avec la vie réelle : le narrateur le sait et l’a toujours su, puisque le livre s’ouvre quasiment avec L’Allégorie de la caverne, de Platon, soulignant que les anciens prisonniers retrouvent ou découvrent une forme de vérité une fois qu’ils sont libérés de leur mur (Facebook).