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Articles taggés avec: Baillon François

Les Trois Malla-moulgars, Walter de la Mare (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 13 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Les Trois Malla-moulgars, Walter de la Mare, Éditions Callidor, mars 2023, trad. anglais, Maxime Le Dain, Ill. Anouck Faure, 392 pages, 25 €

 

Avant de s’intéresser à proprement parler au roman de Walter de la Mare, il me faut mettre l’accent sur ce qui, d’emblée, attire l’œil vers les livres des Éditions Callidor : le travail d’édition est tout simplement éblouissant. Devant nous, l’esthétique de l’objet est aussi fabuleuse que le livre dont nous allons parler, faite d’une mise en relief discrète sur les 1° et 4° de couverture, rehaussée d’un bleu métallique, aussi bleu que des pieds tout juste sortis de la neige sous l’éclat d’un rayon lunaire ; les rabats de la couverture nous cachent une autre illustration envoûtante de l’artiste principale, Anouck Faure, dont le trait s’accorde parfaitement à l’atmosphère du roman ; par ailleurs, les préface et postface nous dévoilent le travail des différents illustrateurs qui ont imaginé The Three Mulla-mulgars ; jusqu’au choix de la police de caractère pour les titres de chaque section, il semble que l’apparat général, selon Callidor, doive être à la hauteur de la richesse de l’œuvre qui nous est présentée. Et dans ce cas précis, c’est on ne peut plus justifié.

Aurélie et son secret, Sabine du Faÿ (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Vendredi, 09 Juin 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Aurélie et son secret, Sabine du Faÿ, Oskar Éditeur, 2017, 208 pages, 14,95 €

 

Ce roman de Sabine du Faÿ, qui écrit exclusivement à destination de la jeunesse, met en scène une enfant de neuf ans qui se découvre une particularité physique. Ce qui s’annonce comme un événement fantastique (au sens littéraire comme au sens de l’exception) axe rapidement le cours des choses sur l’isolement dans lequel se retrouve Aurélie – isolement qu’elle s’inflige elle-même, en raison de cette découverte qui la déstabilise, isolement dû également à sa personnalité fantasque et rêveuse.

Le roman commence avec la séparation des parents : leurs trois enfants sont alors confiés aux soins des grands-parents, qui habitent « au milieu de la banlieue couleur serpillière » (p.38). Aurélie ne trouve aucun crédit auprès de sa famille, et bien que les mots n’y soient pas, elle se sent dévalorisée par le regard de sa mère, psychologue de métier, hautaine, autoritaire et un tantinet superficielle. C’est donc presque naturellement qu’elle va se tourner vers une voisine de son âge, Émilie ou « Casque d’or », contrainte de vivre sur un fauteuil roulant et de rester chez elle. L’isolement qui est leur quotidien les conduit au développement d’une amitié, non dénuée de bêtises et, parfois, de dangers insensés.

Le Langage de la nuit, Ursula K. Le Guin (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 25 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Le Langage de la nuit, Ursula K. Le Guin, Aux Forges de Vulcain, 2016, 168 pages, 12 €

 

 

Au cours de sa carrière d’écrivain, Ursula K. Le Guin a eu plusieurs fois l’occasion de faire entendre sa voix lors de conférences ou de discours officiels. Ainsi, elle s’est souvent prononcée sur l’importance, en littérature, que représentent les genres de la fantasy et de la science-fiction, notamment quand un écrivain sait utiliser avec patience et talent les ressources attachées à ces genres, dans l’optique de tendre un reflet déformé, mais admirablement inventif dans sa finalité, des sociétés humaines.

Parmi les textes ici réunis, elle revient sur certaines positions qu’elle défend et sur ce qu’elle a souhaité insuffler dans ses propres romans, issus des genres précités. Indiquons au passage que ces courts essais ont tous été écrits entre 1973 et 1977.

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut, Éd. Les Petites Moustaches, juin 2022, Ill. Madame Dessine, 132 pages, 18,50 €

La collection « Les Petites Histoires de la mode », initiée par les Éditions Les Petites Moustaches, revient sur l’enfance d’un grand créateur ou d’une grande créatrice de mode. Si chaque ouvrage s’appuie évidemment sur une documentation assez large, l’écrivain sollicité utilise assez librement son imagination pour dépeindre, à travers des scènes clé, le caractère, la colère, la tristesse, ayant prévalu au personnage qui deviendra beaucoup plus tard un incontournable du milieu de la mode.

Ainsi en est-il du livre consacré à Elsa Schiaparelli, dont l’exubérance n’a pas manqué d’attirer l’œil de grands artistes. L’auteure Ève-Marie Lobriaut a choisi de se fixer en grande partie sur le printemps 1900, alors qu’Elsa Schiaparelli a dix ans et qu’elle vit à Rome, au Palais Corsini. La petite fille est un véritable feu follet qui multiplie les bêtises, regorge d’idées farfelues qu’elle met à exécution, s’entête à dominer les garçons et y parvient, élabore des mensonges sans vergogne où, à force de réinventer sa vie, elle finit par croire elle-même à ses histoires… Mais l’enfant souffre, notamment du fait de sa laideur dont elle est persuadée. Sa grande sœur Beatrice semble être son exact opposé, en attitude comme en attraits physiques.

La Galerie des jeux, Steven Millhauser (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 03 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Rivages poche, Nouvelles, USA

La Galerie des jeux, Steven Millhauser, Rivages Poche, trad. anglais, Françoise Cartano, 192 pages Edition: Rivages poche

 

Avec ce recueil de nouvelles, l’on pourra volontiers affirmer que l’essentiel se loge dans les détails, à l’image de ce monde miniaturiste (mais en aucun cas minimaliste) créé par le génial August Eschenburg, héros du premier récit – presque un roman court. On ne s’étonnera pas, d’ailleurs, de réaliser que la nouvelle qui clôt l’ouvrage, Cathay, nous ouvre les portes d’un monde qui semble réduit comparativement au nôtre, un monde extraordinairement puissant de détails fantasques et d’illusions multiples, étude éblouissante et précise d’un univers de contes de fées.

C’est donc par un imaginaire ciselé que s’affirme ce livre de Steven Millhauser, mais l’auteur y déploie également un style épuré, simple de prime abord, ouvrant parfois un mouvement de vagues quand il nous donne accès aux pensées du ou de la protagoniste, enchaînant avec l’éveil d’une sensation fugace, revenant ensuite à des faits plus sommaires. La traduction de Françoise Cartano fait sans doute honneur à cette volonté du nouvelliste.