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Articles taggés avec: Ayres Didier

Une position pour dormir, François Heusbourg (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Une position pour dormir, François Heusbourg, Gallimard, octobre 2024, 106 pages, 16 €

 

Flottement

Le maître mot de ce recueil de François Heusbourg : le flottement. Je dis flottement non pas pour souligner une indécision ou une incertitude mais pour caractériser une écriture issue d’une hésitation presque involontaire, qui se cherche, tremble sur la réalité qu’elle est censée désigner. Donc, un dédoublement mieux qu’une indétermination.

 

à force de vouloir être au monde

on s’en éloigne

notre monde s’éloigne du monde

on cherche des solitudes

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 12 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Anthologie, Les Livres

Ainsi parlait Mihai Eminescu, éditions Arfuyen, septembre 2024, Dits et Maximes de vie, trad. roumain, Nicolas Cavaillès, 174 pages, 14 €

 

Langage

Je ne crois pas que l’on puisse cataloguer la poésie de Mihai Eminescu de poésie purement lyrique, même si elle est hantée par une musique personnelle, un style, un bruissement intérieur, sorte de musique vocale dénuée de pathos, orientée décidément vers une intellection (intellection qui ne bannit pas l’émotion). Je dirais même que cette réunion de textes de l’auteur de langue roumaine pourrait se tenir entière sous un néologisme : une philo-poésie. Car ses poèmes apprennent à penser. Une esthétique qui n’a pas peur de la réflexion, une esthétique qui pense, qui se pense comme une esthétique.

Nous sommes d’ailleurs à dire vrai, davantage dans l’art que dans la littérature (ce que je préfère). Il me semble que celui-là est plus fort que celle-ci. De ce fait, il faut tout sacrifier ici à l’art, penser, écouter, étudier, approfondir, comprendre où se loge le génie.

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les lointains, Jean-Christophe Bellevaux, éditions Faï Fioc, 2023, 89 pages, 11 €

 

Proximité

J’ai de la joie et de la surprise en rédigeant cette chronique sur ce poète important qui vit dans la région Centre-Val de Loire, région mienne depuis maintenant un an. Parce que je me sens proche à la fois du style et de ce que contiennent ces poèmes. Une sorte d’écoute de soi, d’images qui hantent, de lieux de proximité, de confessionalisme, d’associationnisme. Avec en ligne de mire, guettant la liberté, une langue qui exprime cette disponibilité à la chose toujours nouvelle qu’est la vie. Peut-être est-ce pour moi un miroir, miroir tendu par la main du poète où je reconnais mes années 80 à Paris, la déroute brutale des années punk et la faillite sociale.

Cette poésie est bel et bien une double focale entre celle de l’auteur et celle des pages de l’écrivain, mitoyenneté du langage et de la chose vécue ou revécue.

La Ligne d’ombre, Marie Alloy (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Al Manar, Poésie

La Ligne d’ombre, Marie Alloy, éditions Al Manar, juin 2024, 116 pages, 20 €

 

Écrire, voir ; voir, écrire

L’intérêt primordial à mon sens de ce recueil que publie Marie Alloy chez Al Manar, c’est la confrontation de l’écrivaine avec son autre talent, la peinture. L’on y voit d’ailleurs une rencontre avec la saison hivernale, à la fois dans les aquarelles qui illustrent l’ouvrage, et dans la prosodie même, combinaison savamment agencée de la peintre et éditrice du Silence qui roule (une autre corde à son arc). J’ai dit l’hiver en pesant mes mots, car pour moi c’est la saison du poème (comme l’été est celle d’Yves Bonnefoy). La nature se dépouille, les eaux s’immobilisent dans la glace, les chemins sont éclairés par des lumières froides et parfois rasantes. Tout y est poudreux, au contraire de l’été où tout rayonne. J’aime ce sentiment minéral, cette sorte de pureté presque pérenne de la neige dans sa brièveté violente. J’ai retrouvé cela dans La Ligne d’ombre.

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Revues

La Forge #1 octobre 2023, La forge #3 juin 2024, Revue de poésie, éditions de Corlevour, 22 €

 

Revue buissonnante

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Je chronique peu les revues, néanmoins j’en connais le labeur et le besoin de diversité – dirigeant moi-même une revue papier. Ici, je suis en terrain connu avec les numéros 1 et 3 de la revue de poésie La Forge. D’ailleurs, dès les premiers mots de l’éditorial de Réginald Gaillard de la première livraison de ce périodique, l’on voit se dessiner un propos : faire de la poésie une affaire d’inclusion et de correspondance des affects et des styles littéraires ; « Encore faut-il, quand même l’intention serait juste et louable, que cela sonne juste. Là est la seule limite qui tienne », nous dit-il.