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Articles taggés avec: Abraham Patrick

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 15 Janvier 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet, éditions du Vol à Voile, novembre 2024, 52 pages, 16 €

 

1/ L’essai poétique de Vincent Petitet Michel Foucault en son Escurial, mince mais d’une rare densité, commence là où commençaient Les mots et les choses : par une description et une analyse des Ménines de Velasquez avec la présence/absence de Philippe IV et de Marie-Anne d’Autriche, reflétés dans un miroir, qui donne son vrai sens au tableau. Petitet convoque ensuite Hugo, qui a médité dans La Rose de l’infante sur la « légende noire » de Philippe II, aïeul de Philippe IV, commanditaire de l’Escurial d’où et par où règne le monarque, lieu, symbole et instrument de son pouvoir, puis sollicite Bataille, Heidegger, Musil, Kafka et Dostoïevski au fil d’une réflexion acérée soutenue par un style lumineux comme une neige himalayenne.

« Une douce langueur m’ôte le sentiment » : sur un sonnet de Madame de Villedieu (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 09 Janvier 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

En travaillant avec mes élèves sur la poésie baroque, un poème de Madame de Villedieu, que l’on appelle aussi Mademoiselle Desjardins, m’est tombé sous les yeux.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nom de Madame de Villedieu, morte en 1683 à quarante-trois ans, à l’inverse de celui de Madame de Duras, inspiratrice de Stendhal et d’Astolphe de Custine avec Olivier et Le Moine du Saint-Bernard, redécouverte ces dernières années, demeure obscur pour nos contemporains et qu’elle n’a guère retenu l’attention des spécialistes ni des curieux malgré la thèse déjà ancienne de Micheline Cuénin (Roman et société sous Louis XIV, Madame de Villedieu, Honoré Champion, 1979) et quelques études universitaires (un colloque a eu lieu à son sujet à Lyon en octobre 2008 : « Madame de Villedieu et le théâtre »). À ma connaissance, aucune de ses œuvres n’est disponible dans nos librairies et il faut sur rendre sur le site qui lui est consacré depuis 2007 par les éditions Champion pour constater que sa production n’est pas aussi mince qu’on pourrait le penser et qu’elle a été également dramaturge (Nitétis, 1664 ;

Œuvres complètes, Lautréamont en La Pléiade (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Poésie

Œuvres complètes, Lautréamont, Bibliothèque de la Pléiade, 2009, 848 pages, 53 € Edition: La Pléiade Gallimard

 

Note sur le Chant VI des Chants de Maldoror

Philippe Sollers a beaucoup aimé la nouvelle édition des Œuvres complètes de Lautréamont dans la Bibliothèque de la Pléiade, établie et annotée par Jean-Luc Steinmetz. Le corpus ducassien ne s’étendant que sur un peu plus de trois cents pages, courte correspondance et textes d’attribution douteuse inclus, Steinmetz et ses commanditaires ont fait le choix a priori judicieux, pour amplifier le volume, d’y adjoindre une sélection de « Lectures de Lautréamont » allant de 1868 à la fin du vingtième siècle. Or on trouve dans ces « lectures » deux contributions de Sollers justement, un article de 1967 pour la revue Critique, péniblement lisible aujourd’hui, et un remarquable entretien de 1997 publié dans la revue Ligne de risque : en célébrant « le Montévidéen » et cette édition, Philippe Sollers célébrait donc d’abord Philippe Sollers. Libre à lui après tout mais on a le droit d’en sourire.

Cartes postales et autres textes, Henry J.-M. Levet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Cartes postales et autres textes, Henry J.-M. Levet, Poésie/Gallimard, 2001, 165 pages, 8,20 €

En marge des Cartes Postales de Levet

1) Quelques dates significatives :

– mars 1900 : publication des quatre Sonnets torrides d’Henry J.-M. Levet dans La Vogue ;

– avril et septembre 1902 : publication des Cartes postales dans La Grande France ;

– 1921 : première édition des Poèmes, précédés d’une Conversation de MM. Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud (La Maison des Amis des Livres, 7, rue de l’Odéon, Paris : on aura reconnu l’adresse de la librairie d’Adrienne Monnier) ;

– 2001 : réédition de la publication de 1921 avec une préface essentielle de Bernard Delvaille (Poésie/Gallimard).

Sur un article du Fremden-Blatt (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Essais

 

La pudeur des biographes et des historiens de la littérature est émouvante. On en a la preuve avec le quasi silence des spécialistes de Rimbaud sur ses possibles aventures « homosexuelles » (qu’on m’autorise l’anachronisme lexical – hasardeux mais indispensable) après son renoncement à la poésie. Une idée trop communément admise, c’est que sa relation avec Verlaine n’aura été pour lui qu’une parenthèse, une expérience, voire une déviation sans adhésion intime participant à l’entreprise du « dérèglement des sens » et qu’il se sera contenté ensuite des plaisirs permis par les bonnes mœurs et les lois de l’époque, ce que démentent sa brève liaison avec Germain Nouveau, avec qui il a partagé un appartement à Londres, 178, Stamford Street, de mars à avril 1874, et les allusions cryptées de nombreux poèmes : Ô saisons ô châteaux ; « Délires I ; Parade ; Aube ; Vagabonds ; Bottom ; par exemple.