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Récits

Et les Beatles montèrent au ciel, Valentine Del Moral (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 28 Août 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Mot et le Reste

Et les Beatles montèrent au ciel, juin 2019, 151 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valentine Del Moral Edition: Le Mot et le Reste

 

Le sous-titre de l’ouvrage est explicite : Le concert du rooftop. Et la photo de couverture le confirme, il s’agit de la dernière apparition des Beatles en concert, sauf que cette der des ders aura eu une singularité, à savoir l’absence du public…

Nous sommes le 30 janvier 1969. Vers midi, par un temps maussade et venteux, les Fab Four vont effectivement donner leur dernier concert, mais ils ne le savent pas. Cela fait deux ans qu’ils ne se sont pas produits en public et ce 30 janvier sera un événement qui marquera l’histoire de la « pop music ».

Valentine Del Moral a construit son livre autour de ce « concert » devenu mythique. Elle égrène tout au long de son texte des allers-retours qui donnent à ce 30 janvier toute sa valeur. Ce sont les trajectoires des rares spectateurs présents sur le toit de l’immeuble situé au 3 Savile Row, immeuble qui appartient aux Beatles. Et c’est un certain Michael Lindsay-Hogg qui dirige les cameras chargées de filmer ce concert qui durera quarante deux minutes.

Casa Bianca, Jacques de Saint Victor (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Août 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions des Equateurs

Casa Bianca, mai 2019, 398 pages, 23 € . Ecrivain(s): Jacques de Saint Victor Edition: Editions des Equateurs

 

Ce voyage romanesque (enfin mi-romanesque mi-récit) en Apulie profonde est sans doute l’idéale lecture d’été pour le lecteur féru de dépaysement comme de culture. Ici l’esprit, la joie de raconter, l’abord de personnages attachants, les Pouilles comme vous ne les avez jamais aussi bien perçues, l’intime relation à un « paese » profond, que l’on porte, chacune, chacun en soi : tout invite à une belle lecture, apaisée et féconde.

Jacques et Michela redécouvrent dans un beau petit patelin d’Apulie, à mi-distance de Lecce et de Tarento, un couvent en ruine qu’ils s’entêtent de restaurer, à tout prix ?

De Paris, où le couple a ses activités, Jacques est professeur d’histoire, animé de l’esprit de recherche, « républicain », aux Pouilles, c’est quitter une « terre » pour en cueillir une autre, c’est aussi affronter sa propre histoire : le Français vient en Apulie se mettre à l’ombre du passé de sa compagne : Michela a reçu de ses parents cette vieille bâtisse, et tout est à refaire, et tout est à recommencer : à l’aune de la vie.

Le cœur est une place forte, Marie Hélène Prouteau

, le Vendredi, 23 Août 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le cœur est une place forte, Marie Hélène Prouteau, éditions La Part commune, mars 2019, préface Dominique Sampiero, 148 pages, 14 €

« C’est une histoire de livret perdu, une histoire de revenance ». Au cœur du livre, le livret militaire du grand-père, perdu dans la bataille de Maissin, en 1914, retrouvé 50 ans plus tard dans un grenier en Belgique. Un livret jamais oublié par l’enfant : « elle y a logé son rêve ». Il aimante ici la mémoire et les mots. Relique d’une hécatombe, béance de l’oubli, palimpseste des silences à déchiffrer, veilleur d’Histoire, il instaure un « pacte » entre l’auteure et son grand-père, devient chambre d’échos, résonance des voix qui traversent le temps et les ténèbres. « N’est-il pas de ces choses singulières qui portent plusieurs mondes ? ».

Peu à peu, sous les doigts, le vieux livret s’anime, frémit, soupire, vibre de présences, s’ouvre à d’autres mémoires. Car « écrire, c’est écouter des silences » (Jabès, en exergue). L’auteure se met à l’écoute, avec lucidité, empathie et courage. Elle se met en quête de vérité, elle veut traverser « les couches de silence », questionner l’Histoire. Il lui faut plonger dans les archives, témoignages, historiens, photos sépias, lettres, cartes postales, musées, lieux des combats, mais aussi se laisser pénétrer par la parole des poètes, les œuvres des musiciens, peintres, cinéastes, qui tentent de sublimer l’horreur.

Romans et récits I, II, Romain Gary en La Pléiade (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 02 Juillet 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Pléiade Gallimard

Romans et récits I, II, mai 2019, édition publiée sous la direction de Mireille Sacotte, Coffret de deux volumes, 3264 pages, 129 € jusqu’au 31 décembre 2019 . Ecrivain(s): Romain Gary Edition: La Pléiade Gallimard

 

Romain Gary dans le « saint des saints littéraires ». Le romancier entre dans la collection La Pléiade, avec à la clef deux volumes réunissant des romans et des récits, ainsi qu’un album. Enfin pourrait-on dire, près de quarante ans après sa mort. S’il a fallu tant de temps (en tout cas plus qu’à d’autres), c’est parce que l’écrivain a longtemps été jugé comme trop « populaire » par certains « gardiens du temple ». Son style a aussi été décrié et jugé pas assez « écrit ». Sa vie a pu aussi pu le desservir, tant elle a été auscultée, au détriment de son œuvre.

Il n’est pas forcément question de « justice » que Romain Gary intègre la prestigieuse collection de Gallimard, mais, on peut raisonnablement affirmer qu’il ne fera pas tache parmi les autres auteurs imprimés sur papier Bible. Et, clin d’œil de l’histoire, l’ancien compagnon de la Libération ne sera sans doute pas mécontent de voisiner, alphabet oblige, avec Charles de Gaulle.

Vingt-trois secrets bien gardés, Michel Tremblay (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 01 Juillet 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Actes Sud

Vingt-trois secrets bien gardés, juin 2019, 112 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): Michel Tremblay Edition: Actes Sud

 

Souvenirs d’un « je » à la troisième personne

Le prolifique québécois Michel Tremblay, auteur de pièces de théâtre, de romans, de scénarios, s’était déjà confié dans son triptyque autobiographique (Les vues animées, Douze coups de théâtre, Ange cornu avec des ailes de tôle) (1), publié au début des années 1990. Presque trente ans plus tard, il livre dans un petit volume plein de fraîcheur, d’humour et de tendresse, vingt-trois secrets qui étaient jusqu’alors bien gardés et qu’il décide, à 77 ans, de partager avec ses lecteurs. Fait notable, il se raconte à la troisième personne même si tout ce qu’il rapporte ici est factuel. La troisième personne offre le recul nécessaire, permet à l’auteur de se voir comme un autre, de garder la bonne distance, le détachement qui donne au recueil sa couleur particulière.

Ces souvenirs nous sont restitués selon l’ordre aléatoire de la mémoire. Ils semblent s’appeler les uns les autres, se répondre et construisent, dans leur ensemble, un autoportrait « empreint d’émotions douces et fines », ainsi que le mentionne la quatrième de couverture.