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Récits

Où vont les vents sauvages, Nick Hunt (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 14 Mai 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Où vont les vents sauvages, Nick Hunt, éditions Hoëbeke, coll. Etonnants voyageurs, février 2020, 272 pages, 20 €

 

S’il y a bien un élément naturel fascinant à explorer pour un aventurier parce que sauvage et impalpable, c’est le vent. C’est la mission qu’a choisie Nick Hunt : « poursuivre l’invisible » en devenant « chasseur des vents d’Europe ».

On entre dans ce récit à la manière d’un marcheur qui s’engage sur un sentier de campagne. Dès les premières pages, le lecteur est averti : « L’acte de marcher serait essentiel à cette quête comme à l’écriture ». Comme l’auteur lors de sa première rencontre avec une tempête sur une île située au large du pays Galles, on se laisse griser et emporter par ce périple vivifiant.

Nous découvrons ces souffles, leur histoire, leur géographie, l’étymologie de leurs noms, leur influence sur les populations locales et ce qu’ils ont inspiré aux artistes de tous temps.

L’Artiste en petites choses, Patrick Reumaux (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 28 Avril 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

L’Artiste en petites choses, Patrick Reumaux, Klincksieck éditions, coll. De Natura Rerum, janvier 2020, 248 pages, 21 €

 

L’Artiste en petites choses est un recueil de souvenirs. Il y est question de l’enfance, des demeures de l’auteur, des amitiés, des figures familiales, d’animaux, de plantes, de mycologie, de littérature…

Ces miscellanées de la mémoire prennent la forme de fragments racontant une scène ou une anecdote, déployant une rêverie ou une pensée. Leur succession obéit à un ordre qui nous échappe et ne doit rien à la chronologie : les temporalités se confondent en « un temps qui n’est ni le temps ni la durée, mais quelque chose comme une figure courrière de l’éternité ». C’est qu’elle n’importe guère, la chronologie, pas plus que la vérité ou la réalité des faits. Non que l’auteur ne soit pas précis, pas exact : il l’est, rigoureusement. Il ne raconte pas non plus le moindre mensonge. Parfois, peut-être, il conte des songes, lorsqu’il ranime certains souvenirs, certaines visions, qui sont nimbés d’onirisme et enluminés d’une aura fantasmagorique. Mais rien n’est plus réel, plus vrai, plus fidèle, que ces songes, dès lors que ce qui compte, ce sont les impressions, empreintes et gravures de l’âme, et le sens toujours provisoire et parcellaire qui leur est donné. Dès lors, aussi, que l’on admet les fluctuances et les errances de la mémoire, son étroite connivence avec l’imagination – aujourd’hui attestées.

"Old M. Flood, Un récit", Joseph Mitchell et "Arrêtez de me casser les oreilles", Un recueil des récits, Joseph Mitchell - Editions du Sous-Sol (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 15 Avril 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions du Sous-Sol

Edition: Editions du Sous-Sol

Old M. Flood, Un récit, Joseph Mitchell, Editions du sous-sol, février 2020, trad. Lazare Bitoun, 127 pages, 16 €

« Dès qu’il arrive dans Fulton Street, le spectacle de ce pandémonium le revigore. Il rejette les épaules en arrière, renifle l’air salé et se frotte les mains. La puanteur de ces commerces de poisson n’a rien de désagréable. “Je vais vous révéler un secret très précieux, m’a-t-il dit un jour. L’odeur du marché aux poissons de Fulton Street vous guérira d’un rhume en vingt minutes. Aucun de ceux qui travaillent dans le marché n’attrape jamais de rhume. Ils ne savent tout simplement pas ce que c’est” » (Old M. Flood).

Joseph Mitchell n’est pas un chroniqueur comme un autre, il a une manière unique de saisir et de se saisir de situations, de dessiner des portraits d’hommes et de femmes croisés, dans la rue, les restaurants, les bars, les marchés (aux poissons), et de les transformer en personnages de roman par l’art du style. Joseph Mitchell saisit sur le vif ce qu’il voit, et le transforme en épopée urbaine foisonnante, entre 1944 et 1946. Old M. Flood possède cette puissance évocatrice, cette haute valeur littéraire qui rend ce récit étourdissant.

Kyoto song, Colette Fellous (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 09 Avril 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Voyages

Kyoto song, février 2020, 192 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Fellous Edition: Gallimard

 

« Je dis tour à tour Kyoto, Japon, Kyoto song, mais ce n’est jamais le mot juste, je sais seulement que cet endroit du monde est pour moi à la fois le pays réel et le pays mental, qu’il est très fragile et qu’il pourrait d’une seconde à l’autre disparaître, comme tant d’autres choses ».

Kyoto song est le récit inspiré d’un voyage à Kyoto de l’écrivain et de sa petite fille Lisa, âgée de dix ans, curieuse, joyeuse, et attentive : « j’ai envie d’être encore une enfant pour voir le Japon ». Un voyage odorant comme des fleurs des cerisiers, vibrant au rythme des haïkus de Bashô : « Dans le chant de la cigale, rien ne dit qu’elle est près de sa fin ». Un voyage placé sous très haute protection littéraire, Paul Claudel, Roland Barthes, Sōseki ; et cinématographique, Yasujirô Ozu : « (C’est que) tous ses films n’en forment qu’un, ils sont le grand roman qu’il n’a pas écrit, mais filmé ». La voix unique de Colette Fellous vibre à chaque page de Kyoto song, comme elle vibrait lorsqu’elle proposait ses Carnets nomades sur France Culture.

Longtemps, j’ai donné raison à Ginger Rogers, Frédéric Vitoux (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 03 Avril 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Grasset

Longtemps, j’ai donné raison à Ginger Rogers, Frédéric Vitoux, janvier 2020, 368 p., 22 euros Edition: Grasset

 

Le titre quelque peu intrigant est issu d’une phrase prononcée, à Central Park et à un inconnu riche et malheureux en ménage, par Ginger Rogers dans le film La Fille de la 5e Avenue (1939), où l’actrice interprète une employée de bureau réduite au chômage : « Peut-être que les gens riches sont juste des gens pauvres avec de l’argent ». Au cours des dix-sept chapitres de son « autobiographie parcellaire », l’académicien Frédéric Vitoux revient sur ses années de jeunesse, au bonheur des étés passés à la villa La Girelle, dans le domaine de La Nartelle, proche de Sainte-Maxime, à son père emprisonné après la guerre à la prison de Clairvaux, pour collaboration avec les forces allemandes, alors qu’il travaillait comme journaliste au Petit Parisien. Un livre écrit en 2000 par Vitoux, L’Ami de mon père, crève l’abcès et a valu à l’auteur nombre d’inimitiés et de sarcasmes.