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Recensions

Le Fantôme de Philippe Pétain, Philippe Collin (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 19 Mai 2022. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Flammarion, Histoire

Le Fantôme de Philippe Pétain, Philippe Collin, Flammarion/France-Inter, mars 2022, 366 pages, 22,50 € Edition: Flammarion


Cet ouvrage est le fruit d’une enquête passionnante de Philippe Collin menée auprès de douze historiens, chacun d’eux ayant travaillé spécifiquement sur un aspect précis relatif au personnage historique et contesté que fut Philippe Pétain, qu’il s’agisse de la première guerre mondiale, de l’entre-deux-guerres, de l’occupation ou de la deuxième guerre mondiale.

A la période trouble que nous vivons (lire ou relire la recension de La falsification de l’histoire de Laurent Joly sur notre site), l’ouvrage veut répondre en une dizaine de chapitres aux interrogations légitimes que pose la présence du personnage dans notre quotidien électoral ou pas.

En effet, comment expliquer le recours à Pétain aujourd’hui encore, pourquoi a-t-on eu recours à lui, qui a pactisé avec le pouvoir nazi, quelles ont été les circonstances de l’entre-deux-guerres qui ont pu favoriser son accession au pouvoir en 1940 ?

Moi, Asimov, Isaac Asimov (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Mai 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Folio (Gallimard)

Moi, Asimov, avril 2022, trad. anglais (USA) Hélène Collon, 624 pages, 10,40 € . Ecrivain(s): Isaac Asimov

 

Autant être honnête : à moins d’être un admirateur quasi pathologique d’Isaac Asimov, cette autobiographie a tôt fait de lasser, voire peut franchement tomber des mains. Pour l’apprécier, il faut avoir envie de lire les propos auto-célébrants d’un auteur qui certes prévient que la modestie est absente de ses qualités mais dont l’autosatisfaction confine parfois à la cuistrerie. Un exemple puisé au hasard : lorsqu’il évoque Robert Silverberg, autre grand écrivain américain de science-fiction, il écrit ceci : « il était certainement aussi brillant que moi, ce qui a dû lui poser les mêmes problèmes d’insertion sociale ». C’est le « certainement » qui fait grincer des dents…

D’un autre côté, force est d’admettre qu’Isaac Asimov fut un auteur prolifique au possible, un touche-à-tout de génie, un vulgarisateur scientifique de première importance, et le créateur d’au moins deux séries de romans de science-fiction indépassables, celui de Fondation (où il crée la notion de « psychohistoire », dont on pourrait penser que le Club de Rome s’est inspiré au début des années soixante-dix) et celui des robots (dans lequel il crée les trois lois de la robotique, qui vont marquer l’ensemble de la création littéraire et cinématographique, puis télévisuelle). Bref, oui, un génie.

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 13 Mai 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone, mars 2022, Illust. Myrtille, 128 pages, 9,90 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

La planète à fleurs

Bénédicte Carboneill, dite Carbone, a déjà publié une série fantastique chez Dupuis, La Boîte à musique. Elle signe ici, avec Myrtille, graphiste ayant illustré la série Célestine, un très joli roman : Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove. La planète Pandorient sur laquelle évolue le jeune Igor est un mixte du Moyen Âge, du Magicien d’Oz et de La Petite Boutique des horreurs, mâtiné de futurisme. Dans cette galaxie étrange, la nature est fantaisiste, capricieuse. Il y pousse des plantes cannibales et l’on y rencontre des « oiseaux poilus ». L’on y mange du Gloubilboulgi et l’on y vit très longtemps. La stylisation graphique des visages et des postures, la réduction des traits, le minimalisme, ne sont pas sans évoquer la ligne plastique de Goldorak. Myrtille figure ce monde un peu inquiétant par une quarantaine d’illustrations, plus une couverture dans les couleurs les plus vives.

Mes instantanés, Beyrouth-Paris, 1990-2021, Ninar Esber (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 09 Mai 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Mes instantanés, Beyrouth-Paris, 1990-2021, Ninar Esber, éditions du Canoë, mars 2022, 160 pages, 15 €

 

La Libanaise Ninar Esber propose ici, après deux autres livres, son premier livre de poèmes. C’est un recueil, dense, fort, hallucinant de réalité réinterprétée et revécue, dans le sillage d’un Zrika, celui des Bougies noires.

Livrer, de Beyrouth, une image qui ne soit pas seulement historique, ethnographique ou simplement humaine, mais la matière même d’un regard qui a percé le réel de toutes parts pour y mettre la guerre, la faim, la ruine, la peur, la blessure. On sent le souffle, le soufre, la hantise des lieux, le bruit des balles, des obus, des corps.

De Beyrouth à Paris, où elle vit et travaille, la poète nomme toutes les tensions qui traversent un corps dans une ville qui tremble. Faire l’apprentissage de la mort dans son propre corps, ressentir aussi la progression des blattes, humer et détester la poussière, parler du corps ankylosé par la peur : tout cela figure bien ici au sein de poèmes dont l’instant est garant en matière de ressenti et de vécu :

Vanité de Duluoz, Jack Kerouac (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 06 Mai 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Récits, Folio (Gallimard)

Vanité de Duluoz, 518 pages . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Folio (Gallimard)

 

Un dernier livre donne envie de relire l’ensemble. Pour avoir apprécié Avant la route, Sur la route (dans ses deux versions), Le Vagabond solitaire et Big Sur, j’avoue avoir retrouvé dans cet ultime ouvrage de l’auteur qui ne lui survivra qu’un an (Kerouac est mort en 1969, à quarante-sept ans) tous les atouts d’une œuvre se démarquant par sa dose d’instantanéité romanesque, sa stylistique imparable tissée de vitesse, de poésie et de culture, et surtout par le tableau ethnographique que Kerouac donne de la société de son temps, au filet de sa conscience et de son vécu.

Ce livre, donc, relate ses expériences multiples entre 1935 et 1946, soit le temps d’une « éducation aventureuse » (sous-titre qu’il s’est choisi pour l’œuvre de 1968), entre foot américain, expériences de marin en guerre, découvertes universitaires (à la Columbia), plus divers petits métiers pour que Ma et Pa ne terminent pas dans la misère, entre déménagements et emménagements (avec sa première femme Johnnie), entre beuveries et initiation à la vie réelle, laborieuse.