Identification

Recensions

Le Trou de ver, Patrick Devaux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Vendredi, 07 Juillet 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Le Trou de ver, Patrick Devaux, éditions Le Coudrier, février 2023, Ill. Catherine Berael, 60 pages, 16 € Edition: Le Coudrier

 

Se pourrait-il que la poésie soit créatrice d’un lien imperceptible entre les vivants et les morts, un « trou de ver » qui relierait deux régions distinctes de l’espace-temps, comme il en existe en astrophysique ?

Se pourrait-il qu’une « main blanche », celle d’un ange, revienne de l’après-vie et tende au poète un poème ultime, celui qui n’a encore jamais été écrit ?

Tout est possible dans l’univers de l’imaginaire, de l’art, et les métaphores de Patrick Devaux savent ressusciter les absents, immortaliser leurs parfums, la trace de leur passage. Bien sûr, chacun peut y croire ou non, car « les témoins se font rares », et « il reste si peu de nous », parfois un simple geste furtif « dans la mémoire d’un rétroviseur », à l’instant d’un drame irréparable, inoubliable, que personne n’a vu venir :

Bunny Lake a disparu, Evelyn Piper (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 06 Juillet 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Denoël

Bunny Lake a disparu, Evelyn Piper, Éditions Denoël, mai 2023, trad. anglais (USA), Jean Slavik, 248 pages, 22 € Edition: Denoël

 

Blanche Lake, jeune mère célibataire, qui vient de débarquer à New-York avec sa fille Félicia, surnommée Bunny, fait un détour à la boutique de fruits et légumes près de chez elle pour acheter à son enfant une belle pomme. Elle en choisit une bien brillante dans une pyramide de fruits luisants de fraîcheur. Madame Negrito, la vendeuse, fait une réflexion comme quoi il est dommage que son fils, Eddie, ne soit pas là. Blanche, surprise, réagit en faisant remarquer qu’elle ne savait pas que ce gamin qui la suivait jusque devant chez elle était son fils. Madame Negrito explique alors à Blanche que son fils semble avoir une attirance pour elle et que cela à donné lieu à une algarade entre Eddie et son père qui lui a reproché ses manières de faire, ce qui a mis en fureur le gamin. Blanche, après avoir payé ses emplettes, est sortie en disant à Madame Negrito qu’elle ne remettrait plus les pieds dans sa boutique si cela devait amener ce genre de problème. Son chemin faisant, elle s’est fait la réflexion que la pomme était bien trop brillante pour que ce soit dû à la seule fraîcheur, elle s’est mise alors à penser que par dépit Eddie avait dû cracher sur les fruits. Elle a alors jeté celui-ci dans le caniveau avant de poursuivre son chemin jusqu’à l’école pour récupérer sa fille.

Minuit moins une, Sébastien Le Jean (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 27 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Minuit moins une, Sébastien Le Jean, Folio Policier, avril 2023, 461 pages, 9,70 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Tandis que Ronan Sénéchal, commandant à la Crim s’adonne aux joies nouvelles de la paternité, en accueillant avec sa toute jeune femme, Nathalie, la venue au monde de son fils Gaspard. Tandis que cet homme cassé par sa vie de flic célibataire décide de changer sa manière d’être en acceptant d’obéir à ses sentiments. De partager, ce qui lui était inconnu jusqu’alors, un amour sans limite avec son épouse et de s’autoriser à s’abandonner à la tendresse qu’il ressent pour son bébé nouveau-né, de pouponner, le Bastion (ex 36 quai des orfèvres) le ramène au principe de réalité en lui rappelant qu’il fait toujours partie de la maison. La tête encore dans les nuages, il apprend la découverte du cadavre d’un PDG, géant de l’industrie automobile faisant partie du CAC 40, Dampierre, assassiné dans une résidence située en région parisienne, dans un bunker hautement sécurisé, conçu pour survivre à l’éventuelle fin du monde. La mort d’un riche industriel ne laissant pas le procureur de la république indifférent, surtout lorsque la victime porte gravé dans la chair de son dos : « Les rats quittent le navire/Les coupables paieront/La terre sera purifiée/Le déluge arrive », ce dernier charge le commandant de police de résoudre cette affaire au plus vite.

La Louve de Dêrsim, Yasmina Kramer (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 23 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Belfond, Histoire

La Louve de Dêrsim, Yasmina Kramer, Belfond, mai 2023, 178 pages, 20 € Edition: Belfond

 

En ce jour terrible du 13 novembre 2015, Paris ébauchait dans la soirée ce recensement macabre du nombre de morts et de blessés dans l’Est parisien, où avaient eu lieu les principales attaques terroristes. À quatre mille kilomètres de là, les forces kurdes procèdent à la libération de la ville de Şengal, dans le Kurdistan irakien. C’est cette guerre des femmes kurdes que décrit Yasmina Kramer dans un roman très inhabituel dans le ton général, mais bouleversant sur le fond. L’auteure du récit s’attache très sobrement à la description des combattantes, à leur origine, à leurs motivations : la narratrice, ainsi qu’Assîa, font partie des YPG, les unités de protection du peuple. Assîa dirige sous sa responsabilité quarante hommes et femmes. Les buts de la guerre sont simples, évidents aux yeux de ses troupes : lutter contre Daech, cette bande de barbares fanatiques, d’égorgeurs, de terroristes rétrogrades, qui pratiquent la terreur à grande échelle, les viols, la lapidation, pire châtiment pour les femmes qui subissent ces atrocités. Ces maquisardes excellent dans la formation au maniement des armes : charger une kalachnikov, s’entraîner au tir, ajuster rapidement son lance-roquettes…

Mes deux papas, Éric Mukendi (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 23 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Gallimard

Mes deux papas, Éric Mukendi, Gallimard, Coll. Continents Noirs, mars 2023, 181 pages, 18,50 € Edition: Gallimard

 

Le regard de l’enfance sur la vie et sur les adultes aux prises avec les réalités de la vie. La Vie devant soi de Romain Gary s’est imposée comme le modèle d’un genre romanesque. Le premier roman d’Éric Mukendi fait penser à ce grand exemple sans manquer de qualités propres qui en font une œuvre réussie et agréable. Le jeune Boris qui raconte est aussi appelé par son entourage Bobo – un peu comme l’inoubliable Momo de Gary/Ajar. Mais les temps ont changé. Nous sommes à l’ère de l’Internet et des réseaux sociaux. Et le 9.3 où habite Boris est quasiment un ailleurs lointain et même étrange par rapport à Paris où chacune de ses excursions est une prise de risques. Aller de l’un à l’autre, c’est passer une frontière, en particulier linguistique. Boris est collégien ; une innocence finissante. Cela donne à ce qu’il raconte le cachet sociologique d’une phase charnière – entre l’enfance et la jeunesse adulte. Il a une première histoire d’amour, comprend vite et se défend bien contre un prédateur sexuel à l’aide d’un cran d’arrêt…