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Recensions

Les ébouriffés, Anne Cortey, Thomas Baas (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Grasset, Jeunesse

Les ébouriffés, Anne Cortey, Thomas Baas, Grasset Jeunesse, Coll. Lecteurs en herbe, avril 2023, 32 pages, 16,90 € Edition: Grasset

La traversée des nuages

Anne Cortey (née en 1966 à Avignon, devenue auteure et illustratrice après une maîtrise d’histoire de l’art), a écrit le texte de ce bel album jeunesse que Thomas Baas (né en 1975 à Strasbourg, diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg) a richement illustré. Le livre aux dimensions de 30x20 cm, à la couverture reliée, fort de 32 pages, se présente aux jeunes lectrices et lecteurs en format paysage, ce qui est inhabituel et donc original.

Deux couleurs prédominent, complémentaires : le vert – vert émeraude, vert olive –, et des gammes d’orange – mat ou carotte – et de rose fuchsia. Les éléments du paysage, liquides et solides, les différentes espèces animalières entourent une cabane solitaire en bordure de lac. Dès le lever, les ébouriffés, en compagnie de leur chien, court sur pattes, vont faire fi de la pluie pour s’élancer joyeusement vers la cime des arbres. Et une aventure va commencer : la traversée des nuages. Et cela de l’aube à minuit… « La tête et les bras levés vers l’océan, / les ébouriffés se tiennent debout / sur l’herbe encore humide ». Les voilà partis très loin !

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Tinbad

En bleu adorable, Carnets 2019-2022, Pascal Boulanger, Éd. Tinbad, avril 2023, 90 pages, 15 €

L’écriture poétique, inactuelle : atemporelle, et intempestive, peut-elle rendre compte du tohu-bohu et des aléas du monde qui nous entoure ? Joseph Delteil n’écrivait-il pas que le poète existe « à contre-temps » ? Autrement dit que faute d’occuper un monde habitable, le poète habite un autre monde, toujours à l’écoute de celui qu’il ne peut changer mais à l’écart, depuis un éloignement choisi d’où son regard observera canalisera exprimera par la transfiguration ou la figuration poétique des mots. Pascal Boulanger reprend, dès la première page, cette assertion éloquente de Claude Minière : « Quand vous êtes un poète, vous êtes fixé là, dans l’éloignement ». Cet éloignement, peut se demander le lecteur lambda, légitimise-t-il le fait que le poète puisse rendre compte du réel pragmatique de la vie journalière ? Oui, si l’on postule que tout poète est nécessairement au monde, que son état civil l’érige en citoyen du monde comme tout individu acté dans la société, et qu’écrire, en l’occurrence écrire de la poésie, incite à une mise à distance de la réalité propice à l’interprétation objective du réel environnant et de l’état du monde dans lequel le poète se positionne. Pascal Boulanger, poète et critique littéraire, atteste d’ailleurs par son parcours que l’écriture poétique peut chez un même auteur se pratiquer dans l’espace scriptural, simultanément à l’art poétique, lequel peut induire une vision éthique et politique que souhaitera, ou non, rendre publique le poète en question.

Entretenir le feu, Max Alhau (par philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 15 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Entretenir le feu, Max Alhau, éditions L’herbe qui tremble, mars 2023, 108 pages, 17 € . Ecrivain(s): Max Alhau

 

Le poète recueille dans ce livre composé de trois parties (Quelqu’un qui rêve quelque part – En marge du silence – Moissonner les instants) ses thèmes majeurs. Il s’agit pour lui de sauver les traces d’un passé qui importe au plus haut point, de conserver cette mémoire précieuse et précise du passé. Combien de vocables ici renvoient à cette mémoire du monde !

Combien de « visages perdus » à reconquérir !

Combien de pans entiers à sauvegarder, grâce aux mots.

Dans cette quête éperdue, les poèmes visent à nommer l’essentiel : ces imparfaits qui allongent le temps, cette attente superbe des mots, des traces, des moments à venir.

Cette recherche s’aligne en des textes brefs, qui ménagent les images et gomment les imprécisions :

Entre soleils et pluies, Pascal Lecordier (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 15 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Entre soleils et pluies, Pascal Lecordier, Editions Flammes Vives, 2018, 115 pages, 15 €

 

L’auteur de ce recueil de poésie d’une centaine de pages, Pascal Lecordier, vice-président de la Société des Poètes et Artistes de France, y délivre, entre diverses publications antérieures constituant une liste fournie, et d’autres ouvrages édités depuis 2018 après celui-ci, un ensemble de textes dont la principale qualité stylistique semble être la recherche constante de la simplicité, de la clarté, d’une expression refusant toute forme forcenée d’hermétisme.

L’ouvrage, comme toutes les autres œuvres du poète, a à la fois pour contenant spatio-temporel et pour contenu thématique général une période définie de la vie de l’auteur, en l’occurrence la fin de la tranche quarantenaire. Le poète exprime de manière concomitante sa vision de l’évolution, de la métamorphose, liées à l’âge, de sa propre personne ainsi que sa perception des changements, mutations, transformations que subissent son entourage proche, les paysages naturels et urbains au sein desquels il s’insère et existe, et les caractères sociaux, technologiques, voire politiques du monde au sein de quoi s’inscrit cette tranche de vie.

Lore, Alexandra Bracken (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 13 Juin 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Lore, Alexandra Bracken, J’Ai Lu/Flammarion, février 2023, trad. anglais (USA) Jean-Baptiste Bernet, 704 pages, 9,90 € Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

L’idée n’est pas neuve, depuis au moins le Malpertuis de Jean Ray, de faire descendre les dieux de l’Olympe sur Terre ; Alexandra Bracken la perpétue en lui offrant une plus-value guerrière et complotiste : tous les sept ans a lieu l’Agôn. Sept jours durant, neuf dieux majeurs descendent sur Terre, mortels et susceptibles d’être assassinés par un « Chasseur » qui endosse dès lors leurs pouvoirs – enfin, ceux d’un dieu à la fois, le cumul étant impossible. Les « Chasseurs » eux-mêmes appartiennent à neuf lignées héritières de héros mythologiques, chaque lignée défendant « son » dieu et tentant de s’approprier les pouvoirs de l’un ou l’autre dieu. Cette appropriation permet durant sept années de développer des activités tout humaines. Ainsi, qui s’est approprié les pouvoirs et donc l’influence d’Arès sur Terre, a tout intérêt à avoir investi dans l’armement ; quant à Apollon, il facilite grandement les choses du côté de l’industrie pharmaceutique.