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Recensions

Un été andalou, Eva Garcia (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 11 Mai 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Un été andalou, Eva Garcia, MVO Editions, mars 2022, 350 pages, 19 €

 

Le roman d’Eva Garcia est un livre solaire. Ses mots empruntent au soleil la joie des terres andalouses, la chaleur humaine et la lumière qui y règnent, mais également la brûlure, celle du deuil et de la séparation. Roman d’ancrage, plume ancrée, « encrée » aussi, dans la mer espagnole, à Malaga, dans la mère enfin, celle dont le souvenir ardent demeure comme un inaltérable joyau scintillant dans le cœur de la poète.

Dès les premières pages, on perçoit l’importance de la nature qui structure la pensée et les êtres : « mon frère, vaste comme un grand arbre » (…) « mes feuilles se détachent, le vent va m’emporter » (…).

« Je ne suis plus qu’un battement d’ailes d’oiseau sur un arbre immobile. Le ciel est sec dans ma gorge ».

Detroit Sampler, Pierre Evil (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 10 Mai 2023. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

Detroit Sampler, Pierre Evil, Éditions Le Mot et le Reste, février 2023, 589 pages, 32 € Edition: Le Mot et le Reste


Quel lien y-a-t-il entre John Lee Hooker, Iggy Pop, Marvin Gaye, Eminem, comme avec tant d’autres ? Ce ne sera pas leur musique, tant elle diffère chez ces musiciens mondialement connus, ce sera leur origine géographique : les USA bien évidemment et plus précisément Motor City, Détroit comme chacun sait. C’est là que tous ces musiciens ont fait leurs premières armes, c’est dans ce contexte que des musiques comme le blues, le rythm’n blues, le rock énergique (c’est peu dire) de MC5, ou le rap de Eminem ont pu puiser une inspiration qui ne se dément pas depuis un siècle.

On eût pu supposer que tant d’artistes trouvèrent matière artistique sur la côte est ou sur les rivages du Pacifique. C’est pourtant bien à Détroit, immense zone urbaine, où la violence, la ségrégation, la pauvreté ont régné depuis les débuts d’une industrialisation qui a pour noms Ford et Oldsmobile, que nombre de créateurs puisèrent une réelle inspiration. Le fordisme a commis des ravages humains autant que ses automobiles sorties des immenses usines, cadences infernales, soumission aux petits chefs, habitat insalubre…

Soutine et son temps, Emil Szittya (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Avril 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Arts

Soutine et son temps, Emil Szittya, Éditions du Canoë, mars 2023, 112 pages, 15 €

 

Voici la réédition d’un ouvrage publié en 1955 par l’essayiste hongrois Emil Szittya (1886-1964). Le titre résume bien l’entreprise : cerner Soutine, son environnement artistique, son époque, celle de l’école de Paris, regroupant nombre d’étrangers notoires.

De la formation de Soutine aux années de guerre, l’essayiste suit les longs développements artistiques et créatifs d’une personnalité, rebelle, difficile à saisir, assez misanthrope, née juif en Lituanie, à la fin du XIXe siècle.

Haineux, ne croyant guère à l’amitié, farouchement indépendant, d’une hygiène toujours douteuse, Soutine fut un solitaire frustré, fréquentant les bordels, s’adonnant à la boisson, n’ayant connu pour ainsi dire aucune relation amoureuse durable. D’une jalousie féroce à l’égard des autres artistes (Krémègne, Modigliani, Picasso…), il connut à Paris (Montparnasse) une vie misérable durant de nombreuses années.

Le Glorieux et le Maudit, Olivier Charneux (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 20 Avril 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Seuil

Le Glorieux et le Maudit, Olivier Charneux, Le Seuil, mars 2023, 268 pages, 19,50 € Edition: Seuil

 

Quand l’imagination s’ankylose ou devient suspecte, l’autofiction est un recours facile. Autre commodité : écrire la biographie arrangée d’un auteur à demi obscur ; faire ajouter « roman » sur la couverture pour appâter le chaland ; se présenter comme un redresseur de torts, un réparateur d’injustices ; viser un public moyen – moyennement cultivé, moyennement intéressé, moyennement paresseux. Avec un peu de chance et une solide campagne de promotion, le succès sera au rendez-vous. On peut rêver, avec plus de chance encore, à une adaptation cinématographique ou, de façon plus modeste, à un téléfilm diffusé en prime time.

Après le médiocre Mourir avant que d’apparaître, de Rémi David (1), chroniqué ici-même, consacré à la relation passionnée entre Genet et Abdallah Bentaga, voici Le Glorieux et le Maudit d’Olivier Charneux qui retrace l’histoire d’amour (tumultueuse) entre Jean Cocteau et Jean Desbordes, né en 1906 à Rupt-sur-Moselle et qui succéda auprès de l’Oiseleur à Raymond Radiguet.

Fanny Ardant, une femme amoureuse, Pascal Louvrier (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 19 Avril 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Biographie

Fanny Ardant, une femme amoureuse, Pascal Louvrier, Tohubohu Editions, septembre 2022, 258 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pascal Louvrier

 

Les actrices françaises sont souvent des personnages de littérature. Fanny Ardant aurait pu être Carmen ou encore Mathilde de Stendhal. Sa « voix espiègle », sa désobéissance incarnée, la rendent attachante. Fanny règne par « l’épiphanie de sa voix ». On sent que l’auteur est amoureux de l’image sauvage que dégage Fanny Ardant, de son audace et de l’élégance de ses contradictions. Mais « la société n’aime pas les femmes qui aiment les Gatsby ».

Sagan disait que le rosé était fait pour l’été et électriser les corps, alors que le rouge pour réchauffer l’hiver. Fanny Ardant est comme un verre de vin rouge, de ce verre de côtes du Rhône, celui de Marguerite Duras. D’ailleurs, c’est un livre de Duras qui l’a sauvée : Détruire dit-elle. « Ce texte, je ne le comprenais pas entièrement, mais je sentais les choses. L’incohérence érigée en style de vie. (…) Dans ses personnages, il y a une hémorragie, un non rationnel, qui dit la vérité sur la relation amoureuse, sur la fin d’une liaison ». Fanny Ardant a d’ailleurs eu une correspondance régulière avec Marguerite Duras, car elle estime que l’on ne peut connaître un écrivain que grâce à ses lettres et ses livres.