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Les Livres

Mademoiselle Julie, August Strindberg (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 19 Mars 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Pays nordiques, Théâtre

Mademoiselle Julie, August Strindberg, édition Ulf Hallberg, Coll. Folio/Théâtre, octobre 2023, trad. suédois, inédite, Alain Gnaedig, 240 pages, 8,90 €

 

« Dans ce drame, je n’ai pas essayé de faire quelque chose de nouveau – cela est impossible. J’ai seulement tenté de moderniser la forme selon les exigences que, à mon sens, les hommes de notre temps posent à l’art du théâtre ».

Ainsi s’exprime August Strindberg dans la Préface à Mademoiselle Julie, rédigée peu après la pièce et publiée dans le même volume en 1889. « Moderniser la forme », c’est être au diapason, dans cette ville de Copenhague où réside Strindberg et qui est alors surnommée la « Paris du Nord », avec ce que les auteurs français créent en ces années 1880, dans leurs romans ou sur scène, les exemples à suivre étant les Goncourt et Zola – avec lequel l’auteur suédois correspondra.

Au clair de…, Pierre-François Lacroix (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 18 Mars 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Au clair de…, Pierre-François Lacroix, ErosOnyx Éditions, Coll. Poche Éoliens, 2021, 685 pages, 15 €

 

Au clair de…, qui ne se présente ni comme un roman ni comme un récit, ne semble pas davantage être une autobiographie ou une autofiction, même si par certains côtés il peut s’en rapprocher. D’abord présenté à la troisième personne du singulier, donc avec la distanciation que cela implique, Pierrot, figure centrale du texte, prend progressivement la parole à la première personne, comme si le narrateur s’effaçait et venait à se confondre avec lui. Mais au-delà de la question de son statut et du genre auquel le rattacher, le livre est avant tout, de façon plus profonde, plus intense, un immense chant d’amour. Et un manifeste.

Un chant d’amour, en référence bien sûr au film de Jean Genet, qui porte ici sur deux amours consécutifs dont le premier, primordial, originel, court tout au long des pages, de la première à la dernière : l’amour de la mère, trop tôt disparue. Pour Pierrot c’est une coupure fondamentale, sa vie tranchée en deux par ce manque soudain, cette absence cruelle et définitive d’un amour maternel si fort, et si fortement ressenti par lui, qui vient ainsi s’interrompre brutalement.

Car le jour touche à son terme, Frédéric Dieu (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Mars 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Car le jour touche à son terme, Frédéric Dieu, éditions de Corlevour, Revue la forge, janvier 2024, 80 pages, 15 €

Écobuage

Le recueil de poèmes que publie Frédéric Dieu, aux éditions de Corlevour, est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord pour son écriture stylisée mais pas emphatique, sobre, et cependant n’hésitant pas à conduire le poème sur les rives de moments lyriques ; en somme, une langue claire et raffinée. Et pour l’essentiel l’on peut se référer à la théorie d’Empédocle sur les quatre éléments, théorie des éléments comme combustible, matière, pour avancer au sein des profondeurs de cette poésie. Car cette poésie est hantée par le feu et la terre essentiellement, jusqu’à la combustion des tourbes ; mais aussi par l’eau et l’air, ce dernier étant figuré par le vent. Donc simplicité du fond qui engage une certaine métaphysique, un lieu immatériel où se jouent les sens et les significations. Pour cela, il ne faut pas négliger des emprunts à la Bible et ses forces parlantes. C’est à cette traversée que nous sommes invités. Un monde calciné, éprouvé par les cicatrices laissées par le chemin des flammes, une sylve obscure où émergent des images, sorte d’apocalypse lente et appuyée.

Coups de griffes N°6 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 18 Mars 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Un Abri de fortune, Agnès Ledig, Albin Michel, février 2023, 368 pages, 21,90 €

Une des très grosses ventes de 2023. Qu’en dire ? Dans une marmite d’Histoire Naturelle (les herbes, grenouilles, chèvres et choux), une louche d’Histoire pour les Nuls (le bataillon perdu et ses sauveurs sacrifiés), un réchauffé social (anorexiques, ex-détenus, psys et bonnes œuvres), une pincée de sexe (sans exagération), une larme de féminisme (trans-générationnel), un soupçon (avec jeu de mots) de polar. Quelques traces d’arômes du jour (responsabilité, durabilité, réchauffement climatique et fromages de chèvre). On touille avec bienveillance. Et voilà. Ce n’est pas mal écrit, pas mal construit, ça ne pue pas une fois prêt…

Cela dit, voici un montage d’extraits sous forme Reader’s Digest (tous les mots sont de l’auteure) :

Angle d’Équilibre, Wallace Stegner (par Patrick Le Henaff)

Ecrit par Patrick Le Henaff , le Jeudi, 14 Mars 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Libretto

Angle d’Équilibre, Wallace Stegner, Libretto, traduit de l’américain par Éric Chédaille, 736 p. Edition: Libretto

 

Je souhaiterais partager l’exploration de ce formidable auteur, Wallace Stegner, découvert récemment avec le très beau La Vie Obstinée.

Wallace Stegner est un auteur Américain injustement méconnu en France, né en 1909 dans l’Iowa et mort en 1993. On peut le ranger dans la catégorie des auteurs naturalistes, écologue plutôt qu’écologiste militant, féru d’écosystèmes, de flore et de faune dont il est un magnifique laudateur et expert. Il est très connu aux États-Unis où il fut l’inspirateur de belles pointures de la littérature US, comme Jim Harrison qui le considérait comme la figure centrale de la littérature de l’Ouest. Enseignant chercheur à l’origine, il passe rapidement à la littérature et à son enseignement.