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Après l’incendie, Robert Goolrick

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Anne Carrière

Après l’incendie, février 2017, trad. anglais (USA) Marie de Prémonville, 312 pages, 22 € . Ecrivain(s): Robert Goolrick Edition: Anne Carrière

 

Roman de la décadence, écrit par ce décadent moderne qu’est Robert Goolrick, Après l’incendie retrace l’histoire d’une grande famille de Virginie à la veille des grandes guerres européennes. Mais pas seulement. C’est aussi une histoire d’amour cruelle et romanesque. Mais pas seulement. C’est aussi l’histoire d’une traque où, par hasard, le narrateur journaliste en quête de vérité sur le mystérieux personnage de Diana Cooke, propriétaire disparue dans l’incendie de sa magnifique demeure… disparue, volatilisée, personne ne sait ce qu’elle est devenue après l’incendie, ni même si elle a brûlé. On n’a pas retrouvé d’elle la moindre trace. Et c’est ce qui attire le narrateur dans cette ruine d’un monde ancien et cruel où les êtres, en fonction de la couleur de leur peau, avaient des droits différents.

Ses droits, la nature les a repris mais dans la friche, il reste quelques vestiges de cette demeure hautaine, comme une personne ruinée garde quelque prestige de son origine, de sa naissance.

Azarphaël, Roi du monde, suivi de Jean Montségur (Novellas), Christophe Lartas

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Azarphaël, Roi du monde, suivi de Jean Montségur (Novellas), Ed. de l’Abat-Jour, juin 2017, 243 pages, 16 € . Ecrivain(s): Christophe Lartas

 

Novella : roman court, où tous les événements sont reliés à un seul événement principal, laissant des périodes de repos au lecteur et dont la chute est normalement lente.

Cette définition convient parfaitement aux deux novellas réunies dans ce volume des Editions de l’Abat-Jour : Arzaphaël, roi du monde, et Jean Montségur.

Les deux fictions sont de nature très différente, bien qu’appartenant au même genre littéraire du roman d’anticipation.

Azarphaël, roi du monde, écrit à la première personne, place le narrateur en situation à la fois de témoin et d’acteur d’un monde en totale déréliction, proche de son implosion cataclysmique terminale, caractérisé par l’instauration d’un régime mondial ultralibéral, d’un « tissu économique et social reposant en premier lieu sur les biens patrimoniaux » et « la prééminence de l’argent et de l’appât du gain », et ayant pour conséquence le retour de « privilèges héréditaires comme aux plus beaux jours des régimes aristocratiques ou féodaux ».

Le salut viendra de la mer, Chrìstos Ikonòmou

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Le salut viendra de la mer, avril 2017, trad. grec Michel Volkovitch, 190 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

(…) Et tu vas me dire c’est quoi ces histoires que tu me sors là, ces mains blanches et ces bouches noires, mais je te l’ai dit dès le début, je te dirai tout, je me souviens de tout, je me souviens de ce qui est arrivé de ce qui n’est pas arrivé de ce qui aurait pu arriver de ce qui aurait dû arriver, je me souviens de tout, et que ça te plaise ou non je dirai tout.

Ils sont venus de Grèce, tout simplement. Ils se sont réfugiés sur une île. Une île où d’autres vivaient. Ils sont devenus les autres des autres. Les îles ne sont pas des paradis et l’on y survit pas mieux qu’ailleurs. Fermées sur elles-mêmes, elles laissent peu ou pas d’échappatoire. Peur haine et violence en font vite des enfers, des lieux où l’on peut se perdre, entre vie et mort.

Quatre récits nous sont donnés à entendre, quatre voix qui résonnent entre les falaises, la mer et une grotte. Entre menace prophétique, ironie cynique, lamentation funèbre et espoir têtu, quatre voix nous saisissent, nous giflent, nous bousculent sans aucun ménagement, nous décillent le regard et nous font entendre l’inaudible et l’inouï. Sous le ciel bleu et les blanches maisons des dépliants pour touristes, il y a la nuit qui est en chacun et qui nous envahit tous. Une nuit où résonnent les appels et les errements, privés d’échos, si ce n’est dans la violence du soleil et l’égarement de l’alcool.

Zoartoïste et autres textes, Catherine Gil Alcala (2)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Théâtre

Zoartoïste et autres textes, La Maison Brûlée, 2016, 131 pages, 15 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Du Théâtre Poésie de Catherine Gil Alcala en général et de Zoartoïste en particulier

D’emblée, l’attrait de l’onomastique (la liste des personnages) commet chez le lecteur son travail d’Imagination, lorsqu’il plonge dans le monde de la poétesse-dramaturge Catherine Gil Alcala. C’est écrire qu’un univers à part entière, singulier, s’ouvre d’entrée dans ce qu’il faut bien appeler des Créations, dans un Théâtre Poésie qui tord et hallucine la Langue pour inventer son propre langage, entremêlant les éléments disparates d’une écriture archaïque et contemporaine.

Aussitôt, un Infini turbulent (Henri Michaux) s’avance au centre du théâtre où les personnages-acteurs investissent et traversent une mise en scène hors cadre par à-coups de marteau scandés pour faire résonner le corps dans un abîme de sons, à la recherche du perpétuel variable d’une incarnation intégralement à reconquérir, « (…) une incarnation qui, perpétuellement désirée par le corps, n’est pas de chair mais d’une matière qui ne soit pas vue par l’esprit ni perçue par la conscience et soit un être entier de peinture, de théâtre et d’harmonie » (Antonin Artaud).

L’Éden la nuit, Guillaume de Sardes

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

L’Éden la nuit, mars 2017, 80 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Guillaume de Sardes Edition: Gallimard

 

« Éden, Éden, Éden. L’enseigne en néons clignote. Comme la palpitation d’un cœur. Comme une respiration. […] Nina s’approche doucement de Sacha. Elle pose sa main sur sa joue, en inclinant la tête, puis elle approche son visage du sien, très près. Et elle rit ». Ce très court roman, qui n’a rien à voir avec l’œuvre de Pierre Guyotat, et dont l’intrigue, dans ce qu’elle a de plus vif, de plus dérangeant, semble arrachée au Cinéma de papa de Jean-Bernard Pouy (Gallimard, collection Série Noire, 1989), est fait d’une écriture simple et légère qui est, à sa manière, l’écho des meules de Monet où le travail s’efface, et qui paraît vouloir contredire fortement, de toute sa force sans force, de tout son poids sans lourdeur (poids de l’air), l’affirmation développée par Maurice Blanchot dans « La question littéraire » (in Le livre à venir) comme quoi « le langage nous jette dans la dialectique du maître et de l’esclave » :