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La Une Livres

Vivian Maier, en toute discrétion, Françoise Perron (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 12 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts

Vivian Maier, en toute discrétion, Françoise Perron, Éditions Loco, septembre 2021, 228 pages, 19 €

Sur les traces de Vivian Maier

Exposée au Musée du Luxembourg (septembre 2021/février 2022) ainsi qu’à la Galerie Les Douches aux côtés d’Hervé Guibert (novembre 2021/février 2022), Vivian Maier a été l’une des photographes les plus en vue de ces derniers mois. Il est ainsi logique qu’elle ait fait par ailleurs l’objet de plusieurs publications parmi lesquelles le livre de Françoise Perron, Vivian Maier, en toute discrétion. Jusqu’à maintenant, les admirateurs de la nounou photographe avaient dû se contenter, en France, du livre de Gaëlle Josse, Une femme en contre-jour (Notabilia, 2019), un portrait flou, impressionniste, qui n’apportait pas grand-chose de plus que le très beau documentaire réalisé par John Maloof et Charlie Siskel, Finding Vivian Maier, dont l’auteure s’était trop largement inspirée.

Françoise Perron s’est basée, elle, sur de nombreux témoignages recueillis en France et à Chicago ainsi que sur une bibliographie étoffée afin de tenter de percer les secrets d’une des photographes les plus talentueuses de son temps mais aussi une des plus mystérieuses figures de l’histoire de la photographie : « Vivian Maier n’accepta jamais de parler d’elle ou de sa famille. Elle mit toujours un coup d’arrêt à toute velléité de quiconque prétendait violer son intimité ».

À la lumière de Renoir, Michèle Dassas (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 12 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie, Roman, Ramsay

À la lumière de Renoir, Michèle Dassas, 293 pages, 19 € Edition: Ramsay

Dès l’avertissement de sa « biographie romancée », Michèle Dassas déclare s’inspirer largement du livre de Jeanne Baudot, Renoir, ses amis, ses modèles, paru en 1949. Mais comme nous le savons, et malgré les abondantes références qu’elle énumère, et auxquelles elle puise, la romancière réserve une part importante à son imaginaire, cette « sève de tout roman ». Elle le fait en comblant les lacunes dans ce qu’on sait de la vie de cette artiste et peintre française née en 1877 à Courbevoie et morte en 1957 à Louveciennes.

Or, si l’on ne compte plus les monographies consacrées ces derniers temps à des peintres très célèbres comme Giacometti, Picasso, le Caravage et d’autres, moyennant des nuits et des nuits passées par leurs auteurs dans de grands musées nationaux et européens, ce n’est pas le cas de Michèle Dassas, qui se penche sur la vie et l’œuvre d’une femme et d’une artiste peu connue, du grand public en tout cas. Elle se distingue de cette vague à la mode et souhaite réparer une injustice. Les presque trois cents pages de son texte ressuscitent la complice que représenta Jeanne Baudot pour Renoir pendant plus de vingt-six ans. Elle se glisse dans la peau de son héroïne pour revivre avec elle une époque riche en courants artistiques et littéraires, et qui connut bien des soubresauts.

Un cœur si blanc, Javier Marias (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Espagne, Folio (Gallimard)

Traduit de l'espagnol Anne-Marie Geninet, Alain Keruzoré Edition: Folio (Gallimard)

 

La voix de Javier Marias s’insinue, serpente, creuse, obsède, dans ce monologue romanesque, ce flux de conscience aux ramifications inattendues, parfois surprenantes, mais toujours inscrites dans une cohérence narrative de la plus grande précision. Le narrateur parle. Nous parle ? Se parle ? « Ah ! insensé qui crois que je ne suis pas toi ! » disait Victor Hugo dans la préface des Contemplations. Le murmure invasif du narrateur touche sans cesse à l’universel, à la condition humaine en ce qu’elle détient de divin et de trivial, en ce qu’elle traverse de grandeurs et de bassesses. La phrase de Marias étreint, embrasse, cherche à totaliser la conscience intime d’un homme effaré par les choses de la vie, enfoncé dans une solitude absolue au milieu des siens, père, épouse, amis. La phrase tricote, tisse infiniment une toile dont chaque fibre est un tremblement de l’être. Un point s’évase en tissu qui, à son tour, donne un point qui s’évase en tissu, dans une arborescence où le narrateur épingle le sens, le non-sens, de sa vie, ses amours, son métier de traducteur, sa filiation, son récent mariage, le hasard et ses choix, sa terreur d’être enfin.

Archi/Design, Revue Critique n°891-892, Août-Septembre 2021 (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 10 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Revues

Archi/Design, Revue Critique n°891-892, Août-Septembre 2021, 144 pages, 13,50 €

 

Du design comme vision du monde

Le sens courant du mot design est associé au monde de la consommation et à la production d’objets fonctionnels qui peuplent notre quotidien. En creusant quelque peu, la beauté et l’usage y sont en osmose, sans décoration superfétatoire. La forme de l’objet et son utilité s’accordent en harmonie, art et industrie n’y sont plus en opposition. Le design serait ainsi à la croisée des chemins qu’on pourrait croire indépendants et foncièrement dos à dos, comme la réflexion esthétique et la production de masse. L’intérêt de la livraison d’Août-Septembre de la Revue Critique, intitulée Archi/Design, est de parcourir toutes sortes de variations autour de ce terme de « design », de les approfondir, et de les mettre en perspective, notamment dans son dialogue avec l’architecture, ce qui rend ce numéro bienvenu et intéressant à découvrir.

Imagine une ville, Elise Hurst (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 07 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Imagine une ville, Elise Hurst, Éditions D’Eux, novembre 2021, trad. anglais, Christiane Duchesne, 32 pages, 16 €

 

Lanterne magique

Elise Hurst, artiste australienne basée à Melbourne, signe une nouvelle fois un délicieux album jeunesse, de facture classique, à mi-chemin entre l’illustration du 19ème siècle et les aventures de Mary Poppins. La trame graphique est bicolore sur fond blanc cassé, au format de 24,1 x 30,4 cm. Les gardes sont ornées de nuages rouges et blancs traversés par de mystérieux sujets. La rupture avec le réel est consommée quand une jeune mère, sa fille et son fils vont se trouver face à des situations les plus incongrues. Des scènes fantastiques créées pleine page vont transporter les enfants à l’intérieur d’un environnement hors du commun et des péripéties poétiques et ésotériques. C’est alors que les époques, les lieux, les genres, les personnages se mélangent. Par exemple, dans le train à vapeur, un petit-déjeuner plantureux est servi par un garçon de café à la mise orientale, tandis que mère lapine lit les dernières dépêches.