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La Une CED

Entretien avec Chris Womersley, à propos du livre "Les affligés"

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 21 Juin 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

Propos recueillis par Yann Suty

 

Votre livre va dans plusieurs directions. Il est difficile à rattacher à un genre en particulier. Drame de l’après-guerre ? Histoire de vengeance ? Fantastique ? Roman gothique ? Western ? En tout cas, c’est un livre riche en interprétations. Est-ce que c’était une volonté de votre part de faire un livre insaisissable, qui nous embarque sur de multiples pistes ? Qui s’amuse même à nous tromper ?

 

Je suis ravi que vous le décriviez comme un livre riche et je pense que c’est entre autres ce qui fait son intérêt : il peut plaire à des personnes aux goûts littéraires variés. J’ai été inspiré par de très nombreuses sources, du roman d’Emily Bronte, Les Hauts de Hurlevent à L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Même si ce n’était pas mon intention première d’explorer autant de genres, je voulais tout de même écrire un livre qui puisse être perçu de multiples façons, tant en ce qui concerne les thèmes que les personnages. J’aime l’ambiguïté fictionnelle, donner aux lecteurs plus de questions que de réponses.

L'âme de Baudelaire ?

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Juin 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La chose est étonnante. Charles Baudelaire, reconnu à peu près universellement comme le plus grand poète de langue française (dans tous les cas l'un des plus grands), n'est pas un personnage qui suscite une sympathie spontanée. Définitivement. Il n’exerce, hors la beauté sublime de ses vers, aucune séduction, y compris sur la foule de ses admirateurs les plus passionnés. Au contraire, toute une troupe de grands poètes et écrivains français attire notre compassion, notre fascination, notre amour, un culte parfois, souvent en dépit de personnalités discutables.

François Villon, mauvais garçon, voyou sorbonnard, ivrogne, voleur, probablement même assassin, sûrement pendu par décision de justice. Pas de problème, on l'aime éperdument !

Jean-Jacques Rousseau, ombrageux, mauvais père, menteur, on lui pardonne tout !

Arthur Rimbaud, cynique, hautain, déloyal, violent. On l'adore !

Victor Hugo, orgueilleux, coléreux, méprisant avec ses confrères. On le vénère !

John Steinbeck : De America (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 05 Juin 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

L'opinion la plus courante concernant John Steinbeck et son œuvre, et ce n’est innocent ni d’une conception inepte de la littérature ni d'un parti pris idéologique, est que le cadre du travail de Steinbeck, de son discours, serait en gros un regard « sur » l’Amérique. Et on en a tiré, à longueur d’études et de thèses à n’en plus finir, une vision parfaitement desséchée de ce trésor littéraire. Regard « sur » l’Amérique entend regard « sur » l’histoire de l’Amérique d’où coupure Histoire/sujet regardant : du coup, de papa Steinbeck, on attend une critique – tant qu’à faire "marxiste-léniniste" ne lésinons pas – de l’Histoire Yankee passée et présente ! Ben voyons. Il y a Steinbeck et il y a les USA donc tout est possible. Tout est possible oui, même l’aveuglement, même de passer les bornes. De se permettre un glissement de préposition s’érige en symptôme. Du « sur » au « de » c’est la frontière, rien que ça, entre idéalisme et matérialisme. Il n’y a pas de « ça-parle » de Steinbeck « sur » l’Amérique parce que l’enracinement symbolique est ce qui du réel intervient dans l’imaginaire. Du réel ou, il y en a qui disent de la « réalité ». On peut dire cela plus simplement (j’entends bien la rumeur de l’hystérie) : Le discours de John Steinbeck n’est pas « sur » l’Amérique mais « de » l’Amérique. L’Amérique n’est pas son propos mais son lieu, le socle émetteur de son écriture, sa source.

Léon Tolstoï, les chemins de la misère

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 31 Mai 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

Les chemins de la misère, Léon Tolstoï, Editions de l’Herne, 2012, 63 pages, 9,50 €

 

Le 9 février 1909, le Comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï écrivait dans son journal :

« Je viens de voir un misérable, un moujik, un ancien soldat, qui s’exprime avec des mots étrangers, inutiles, mais leur sens est le même : la haine à l’encontre des gouvernants, des riches, la jalousie et une façon de se justifier de tout. Un être épouvantable. Qui a fait cela ? Les révolutionnaires ou le gouvernement ? Les deux ».

A travers ce paragraphe, L. Tolstoï décrit un tableau qui s’inspire d’une réalité sociale qui sévit en Russie. C’est ainsi qu’il nous introduit d’emblée dans le thème central de cet essai totalement consacré au monde paysan vivant dans les villages à proximité de sa demeure située près de Toula. Par ailleurs, en centrant son propos sur les paysans et sur leurs conditions de vie extrêmement précaires, il nous informe du contexte politique russe des années 1908 et dévoile son positionnement à l’égard du gouvernement russe, d’une part. Et des révolutionnaires, d’autre part.

Sur le miroir, cette alouette

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 29 Mai 2012. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

Au long de l’onde, aux galets ronds, aux blancs sablons,

D’or sous l’aplomb, nous posions l’ongle ou le talon,

Dansant.

 

Dans la laurière nous épiait la chevrière…

Mes pieds glissaient sur la gravière, Elle, légère,

Dansant.

 

Moi le Roumi dans l’oued blond et ma Berbère,

Nous nous baisions sans un haillon dans la lumière,

Dansant.