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Israël

Judas, Amos Oz

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 13 Décembre 2016. , dans Israël, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, Gallimard

Judas, août 2016, trad. hébreu Sylvie Cohen, 352 pages, 21 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

« Les rêves ne mentent pas…

Le monde est vide.

Les dernières lueurs du soir caressent le sommet des collines.

Cette lumière n’est rien différente de celle que nous avons vue hier et avant-hier.

De même que la brise venue de la mer est exactement semblable à celle qui soufflait la veille au soir.

Le monde entier est vide…

Et il faut toujours laisser les morts ensevelir leurs morts »

 

Le Judas d’Amos Oz est comme rempli d’une nostalgie profonde, entre la frontière des soirs, liberté trempée jusqu’à l’os par la pluie et des no man’s land, reflets du couchant, envoûtant comme un parfum au sommet des collines arides.

Les doutes d’Avraham, Dror Mishani

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Octobre 2016. , dans Israël, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

Les doutes d’Avraham, octobre 2016, 274 pages, 20 € . Ecrivain(s): Dror Mishani Edition: Seuil

 

 

Dror Mishani nous a concocté des retrouvailles attachantes avec l’inspecteur Avraham*, promu chef de la section des homicides de Holon, dans la banlieue sud de Tel-Aviv. Cette promotion n’est d’ailleurs pas le seul changement dans la vie du policier. Son amie Marianka, rencontrée lors de sa précédente enquête en Belgique, l’a rejoint en Israël et vit avec lui. Deux bouleversements qu’Avraham éprouve bien du mal à digérer.

Tout d’abord sa promotion. Voici qu’un meurtre survient – une veuve sexagénaire étranglée dans son appartement. Du classique pour Avraham sauf que, cette fois, il est responsable statutairement de l’enquête et que cela le jette dans une anxiété profonde. Sera-t-il à la hauteur ? Surtout, saura-t-il manager ses subordonné(e)s ? L’ombre de sa supérieure, Ilana Liss – absente pour soigner un cancer – l’obsède et la tentation de l’appeler pour lui demander conseil sera constante.

Judas, Amos Oz

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 11 Octobre 2016. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Judas, août 2016, trad. hébreu Sylvie Cohen, 348 pages, 21 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

 

 

Condamné à marcher et ne pas se fixer jusqu’au retour du Christ, le bouc émissaire, autre figure du traître, de Judas, nom tellement décrié qu’il n’en est plus propre.

Shmuel, le personnage central se demandera : « (…) où devait-il aller ? Que fallait-il faire ? (…) Et il resta là à s’interroger », (p.348). Qu’est-ce que la trahison ? Se vendre, vendre quelqu’un ? Laisser faire ? ou simplement aller contre, à l’encontre de… ? Histoire dans l’histoire, histoire à double fond, le Judas d’Amos Oz porte une double interrogation, historique et humaine, sur le sens de la trahison, dans un double parallèle : Jésus/Judas, Ben Gourion/Shealtiel Abravanel, une interrogation permanente de l’un à l’autre sur le sens du geste, à travers le personnage de Shmuel Asch, étudiant rédacteur d’un mémoire plus ou moins en déshérence sur le personnage de « Jésus dans la tradition juive ».

Un cheval entre dans un bar, David Grossman

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 07 Octobre 2015. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

Un cheval entre dans un bar, août 2015, traduit de l’hébreu par Nicolas Weill, 228 pages, 19 € . Ecrivain(s): David Grossman Edition: Seuil

 

Qui n’a jamais vu un humoriste se pencher en bord de scène pour apostropher un ou plusieurs spectateurs qu’il ne « lâchera » plus de tout le spectacle ?

Dans la plus pure tradition du one man show, Dovalé harponne le public de la salle minable où il se produit pour un spectacle dont on apprendra que c’est le dernier : « Je vous offrirai un pot-pourri de mes vingt dernières années de carrière, comme c’était pas écrit dans l’annonce » (p.33).

C’est aussi le jour de son anniversaire. Peu à peu, son numéro de « clown » se délite. Un homme est là, dans la salle, invité par l’humoriste qui a suivi sa trace pendant des années (il a cinquante-sept ans), un ancien camarade de classe perdu de vue et retrouvé dans un camp de jeunesse, puis à nouveau emporté par la vie. Ironie du sort ? C’est un juge que Dovalé a invité là en lui demandant de lui dire, très précisément, comment il se tire de son spectacle, ce que les autres en face, le public et plus particulièrement lui, le juge à la retraite, renvoient de lui et ce qu’il retourne aux autres :

Les partisans, Aharon Appelfeld (2ème article)

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Les partisans, mai 2015, trad. de l’hébreu par Valérie Zenatti, 319 pages, 22 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Au début, ils sont une poignée d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, unis par un destin commun : résister. Venus de tous horizons politiques et sociaux, réchappés qui du ghetto, qui d’une rafle, qui du quai d’un train de la mort : « Pourtant, Kamil et Félix réussirent à organiser l’évasion de quelques personnes qui étaient dans des brigades de travail, et d’autres qui étaient déjà sur le quai de la gare. Moi aussi, par chance ou par miracle, je les ai rencontrés » (p.16). Rattachés à la vie par la foi en Dieu, en l’homme, en l’esprit : « Quand l’un de nous est submergé par la mélancolie, nous l’entourons avec délicatesse et essayant de parler à son cœur. Parfois un mot juste lui redonne vie, mais la plupart du temps les mots n’ont pas le pouvoir de l’arracher au piège dans lequel il est pris » (p.34). Des êtres détournés de leur vie pour incarner un autre destin, des êtres que la vie communautaire rend différents. Ils endossent alors le rôle qui leur est échu, distribué par les circonstances : Kamil, promis à une brillante carrière d’architecte prend naturellement le commandement du groupe. Non religieux mais spirituel, il prononce parfois des paroles qui le dépassent.