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Israël

Sols, Laurent Cohen (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mercredi, 10 Février 2021. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Sols, Laurent Cohen, 166 pages, 19,10 € Edition: Actes Sud

 

Evitons le dithyrambe (« le plus beau », « le plus grand », « le plus fort », etc.) pour évoquer ce livre. L’abus devenu courant (désignant notre époque) des superlatifs en tous genres déclasse vite ce qui, hier à peine, était porté aux nues. Préférons-lui l’audace : Sols, premier roman de l’exégète, essayiste et traducteur Laurent Cohen, eût assurément enchanté Jean Paulhan, Raymond Queneau et, plus près de nous, Georges Pérec. Gageons que ces trois-là auraient vite apprécié en ces pages, outre un tableau particulièrement réussi de Paris à diverses époques, une imagination foisonnante ; des vies et histoires multiples qui s’y croisent et s’entrecroisent ailleurs en Europe, au Proche-Orient et beaucoup plus loin encore ; une verve et une espièglerie jamais prises en défaut ; l’impressionnante (parfois farceuse notent les éditeurs) et étourdissante (quoique nullement écrasante) érudition sur laquelle la narration s’appuie.

A dire le vrai, depuis maintenant dix années et plus que l’ouvrage a paru, Sols surnage avec brio au milieu de la mer de papier en laquelle sombrent généralement la plupart des romans nouveaux – dits français.

Mon Père et ma Mère, Aharon Appelfeld (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 21 Janvier 2021. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Mon Père et ma Mère, octobre 2020, trad. hébreu, Valérie Zenatti, 298 pages, 22 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Il paraît qu’à mesure qu’on vieillit, les souvenirs d’enfance se font de plus en plus nets et précis. Des scènes qu’on croyait totalement effacées de la mémoire (ou jamais enregistrées) ressurgissent avec la couleur d’un événement qui se serait déroulé hier. « Les années n’améliorent pas la mémoire, mais les scènes d’enfance ont une longue vie » (p.264). Chacun, à condition de bénéficier d’une belle vieillesse, pourra le moment venu vérifier si cela est vrai ou faux. Pour l’écrivain, il y a là un matériau de premier choix : « Contrairement au souvenir précis, la réminiscence puise dans le réservoir de visions qui se sont déposées en vous. Vous puisez lentement, comme lorsqu’on remonte un seau du fond d’un puits sombre » (p.65). En 2013, Aharon Appelfeld publiait Mon Père et ma Mère. L’écrivain israélien, né en 1932, avait atteint les rives du grand âge et pouvait donc observer le phénomène décrit plus haut.

Le Monstre de la mémoire, Yishaï Sarid (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 07 Janvier 2021. , dans Israël, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Actes Sud

Le Monstre de la mémoire, Yishaï Sarid, Actes Sud, Coll. Lettres hébraïques, février 2020, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 160 pages, 18,50 €

 

Dans son dernier roman, Yishaï Sarid, dont le nom signifie rescapé en hébreu, et qui a perdu sa famille à Auschwitz, pose une question iconoclaste : « à quoi bon tous ces rabâchages ? ». Il affole par un récit grinçant (« Ras-le-bol du mythe, des idées brassées et de cette curiosité malsaine ») sous la forme d’une longue lettre au « représentant officiel de la mémoire », le directeur de Yad Vashem, écrite par un accompagnateur de voyages mémoriels qui veut rendre un compte-rendu loyal de ses missions. Par amour des livres d’histoire, le narrateur s’est retrouvé, presque à son insu, expert sur les camps de la mort. Ses cauchemars l’ont dissuadé de rempiler à l’armée et comme gagne-pain, il a choisi de « s’atteler au devoir de mémoire ». Soucieux de « bien faire le job » dit-il, apprécié des spécialistes en comm’, il sait conseiller les soldats chargés des commémorations militaires comme les concepteurs d’un jeu vidéo pour un projet de modélisation des camps de concentration. En somme, il emballe la marchandise comme il faut avec juste un peu de mal à rajouter la petite touche personnelle d’émotion qu’on attend de lui. Jugé trop négatif, il perd bientôt la confiance de ses supérieurs et se voit relégué au service de touristes vulgaires plus intéressés par le shopping que par les exactions des Einsatzgruppen. On finit par lui confier un projet de collaboration avec un grand réalisateur allemand et c’est l’apothéose.

Unité 8200, Dov Alfon (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 02 Décembre 2020. , dans Israël, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Unité 8200, Dov Alfon, août 2020, trad. anglais, Françoise Bouillot, 448 pages, 8,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Un pavé dans la mare de l’Unité 8200. L’Unité 8200 (dire 8-deux cent) est une unité de renseignement de l’Armée de défense d’Israël, responsable du renseignement d’origine électromagnétique et du décryptage des codes. Elle est rattachée au Ministère de la Défense Israélien.

Yaniv Meidan ressortissant israélien et jeune homme d’affaires, âgé d’une vingtaine d’années, tente une blague en débarquant à Roissy du vol 319 d’El Al pour se rendre à l’exposition CeBIT Europe (salon des technologies de l’information et de la bureautique). La douane franchie, il se jette, pour s’amuser, dans les bras d’une magnifique chasseuse d’hôtel tout habillée de rouge et perchée sur de hauts-talons. Mais qui attendait-elle en réalité ? où va-t-elle l’emmener ? Meidan disparaît avec son accompagnatrice. Où sont-ils passés ?

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 18 Novembre 2020. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Les Lumières de Tel-Aviv, Alexandra Schwartzbrod, mars 2020, 288 pages, 20 € Edition: Rivages/noir

Le livre d’Alexandra Schwartzbrod est un thriller d’anticipation qui se passe à une période relativement proche de la nôtre.

Les ultrareligieux ont chassé les laïcs et les arabes de Jérusalem, en conservant toutes leurs richesses, pour se retrouver entre eux et consacrer leur temps à la prière. Ils ont fait construire un mur qui les sépare de Tel-Aviv où se retrouvent tous les impurs. Les réfugiés doivent cultiver la terre comme au temps des kibboutzim pour survire. Palestiniens et juifs laïcs vivent en bonne entente et s’entraident pour croître et multiplier.

Cependant alors que côté Jérusalem, appelé le Grand Israël, on ne semble manquer de rien, on regarde Tel-Aviv comme un lieu de péché et de débauche où les femmes vivent quasi nues et s’offrent au premier venu. Le mur ne semble donc plus être suffisant pour se protéger des impies qui pourraient être tentés par les richesses de Jérusalem (surtout qu’il permet, par ailleurs, de se garder des femmes impures qui pourraient devenir une tentation). Jérusalem qui s’est alliée aux Russes veut donc faire garder son mur par des robots tueurs. Ce qui permettrait à la ville de se préserver de l’ennemi tout en permettant aux croyants de rester fidèles à leurs lois religieuses.