Comment rendre par la poésie ce réel le plus désabusé de nos contemporains sur notre époque ? Comment dire ses obsessions, ses faux-semblants dans lesquels nous vivons, feignant d’avancer alors que nous nous enferrons de plus en plus dans le nihilisme ?
En réalité, pour Pascal Boulanger, la poésie est ce lieu où se réfléchit l’histoire mais une histoire toujours en devenir, jamais certaine, jamais fixée, et ce serait plutôt dans un refus obstiné du nihilisme contemporain que l’écriture de Pascal Boulanger, portant un regard d’une extrême lucidité, cherche avant tout à célébrer l’humain pour peut-être tenter de le sauver. C’est une poésie du réel ancrée au cœur de l’émotion et non l’inverse, une émotion, celle du poète, à dire toujours et sans ménagement la difficile ascension de l’homme, sa difficulté à sortir de son état d’être rampant dans le verger. Derrière les défaites toujours plus nombreuses de la pensée et de l’action, où en sommes-nous dans la fraternité et la terreur toujours complices ? Paroles intemporelles et qui résonnent très fort dans notre actualité ! Ce texte écrit en 2001 réactive et prolonge, dès les premiers vers, la vulnérabilité de ce monde plongé dans l’angoisse, tentant de se donner tous les courages, espérant encore une lumière quelque part :