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Essais

Il nous faudrait des mots nouveaux, Laurent Nunez (par Robert Sctrick)

Ecrit par Robert Sctrick , le Vendredi, 08 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Il nous faudrait des mots nouveaux, Les Éditions du Cerf, août 2018, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Laurent Nunez

 

Il est périlleux de mettre en avant, pour s’y abriter ou pour en faire un fil d’Ariane, la catégorie du performatif, si prisée quand il s’agit de parler du langage. Qui se risque à dire que « dire c’est faire », s’institue comme sujet agissant, puisqu’il ne fait jamais que déclarer, ès qualités, que la séance est ouverte, ou que, ceci, tout compte fait, est une pipe. Et on pourrait lui rétorquer que voilà bien du bruit pour pas grand-chose, et pour qui se prend-il ? Par bonheur, tout n’est pas performatif. C’est la vulgate : il y a loin, dit-on, de « à 9h05, vous êtes en garde à vue » à « à 9h05 commence le cours de philo ». Voire ! Si l’on accorde quelque pertinence au langage, on peut se demander si tout ce qui constate ou informe ne le fait pas comme les radars du bord des routes, avec quelque arrière-pensée disant que le procès, tout verbal qu’il est, va dégénérer en action, et en action contre, pour le coup. Mais tant de choses ont été dites là-dessus que les répéter nous écarterait du propos savant de Laurent Nunez. Lequel, d’ailleurs, se soucie fort peu de théoriser – il laisse cela aux pédants, qui s’en mordent déjà les doigts.

Le Christ selon Pasolini, René de Ceccatty (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 08 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Le Christ selon Pasolini, Bayard, mai 2018, 502 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty

 

L’italianiste réputé, qui vient de traduire Pétrarque, qui accompagne le travail d’Adonis, qui vient de consacrer à la Morante sa première biographie francophone, est sans doute le mieux placé pour, de nouveau, offrir aux lecteurs de PPP, après quelques anthologies de renom, La persécution ; Adulte ? Jamais, au Seuil, et une biographie (dans la coll. dirigée par de Cortanze), une approche encore plus précise du romancier-poète-cinéaste-essayiste italien, né en 1922 et assassiné en novembre 1975.

Les thèmes religieux, catholiques, la Vierge, les évangiles, le Pape (ici Pie XII, détesté) offrent nombre de textes à cette anthologie placée sous le signe des poèmes et des films, qui ont des liens sourds et affichés avec le Christ. Le film de 1964, la fameuse épigramme « à un Pape » qui fit scandale (pour évoquer un misérable et Pie XII, du même âge, et au destin aux antipodes) sont quelques-uns des points forts de ce volume copieux, qui en apprend encore sur le parcours d’un auteur hyperdoué, sensible, d’une intelligence supérieure (il suffit de relire les Ecrits corsaires), d’un sens inné de la justice (en quoi l’Italie le remercia mal : il fut lui-même « persécuté »), et profondément prophétique.

La vérité sur “Dix petits nègres”, Pierre Bayard (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 06 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions de Minuit

La vérité sur “Dix petits nègres”, janvier 2019, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Pierre Bayard Edition: Les éditions de Minuit

Ligne à ligne, chapitre après chapitre, Pierre Bayard décortique l’un des chefs-d’œuvre de la littérature policière, Dix petits nègres, rédigé par l’un des maîtres du genre, Agatha Christie, en revenant sur la solution trouvée par l’auteure – et acceptée sans broncher par tous les lecteurs depuis la parution du livre en 1939 – et en proposant une nouvelle interprétation et un nouveau meurtrier.

Ce n’est pas son premier essai. Bayard s’est déjà penché sur d’autres textes d’Agatha Christie ou de sir Arthur Conan Doyle qui représentent des prouesses en matière de roman policier, comme Le meurtre de Roger Ackroyd, où le récit en « je » est narré par le criminel, sans qu’on connaisse avant la fin sa responsabilité dans les assassinats, ou encore Le chien des Baskerville, dans lequel un chien monstrueux est le supposé auteur de meurtres familiaux sur la lande anglaise.

Le « délire d’interprétation » est ici porté à son comble puisque Bayard, sans réécrire le roman, en propose, par le truchement de son « nouveau » criminel, une relecture correctrice que la plasticité de la fiction autorise. Bayard se glisse dans les interstices de la diégèse, explore les zones d’ombre de la narration et modifie la donne ou plutôt les relations de causalité qui mènent à la culpabilité du personnage, en choisissant un coupable différent de celui de l’auteur d’origine, et en justifiant ce choix.

Leadership & Coaching Global, Philippe Rosinski (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Leadership & Coaching Global, Philippe Rosinski, Editions Valeurs d’avenir, mars 2018, trad. Jean Taillardat, 385 pages, 28 € . Ecrivain(s): Philippe Rosinski

 

 

Le coaching, notamment en entreprise, est souvent considéré comme légèrement suspect, dans la mesure où calquer un mode d’emploi sur tous les individus, sans les analyser en profondeur dans la durée, paraît superficiel. Le coaching global, contrairement au simple coaching, prend en compte l’ensemble de l’individu, de sa santé physique à sa spiritualité. Ce type du coaching est en phase avec la société d’aujourd’hui et son changement de paradigme. Le monde est assurément complexe, il n’est plus possible de se contenter du modèle cartésien. Le corps ne peut être séparé de l’esprit. Ce mode de coaching s’imprègne du modèle holographique. Tout est interconnecté, chaque partie fait partie d’un tout et inversement. Ce qui évoque instantanément la conception spinoziste du monde. D’ailleurs, Spinoza y est cité plusieurs fois.

Isidore Isou, Frédéric Acquaviva (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 07 Février 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Isidore Isou, Editions du Griffon, 2019, 280 pages, 68 € . Ecrivain(s): Frédéric Acquaviva

 

Isidore Isou l’oublié magnifique.

La poésie n’est pas un travail littéraire, c’est un métissage. On ne sait pas d’où elle surgit : encore faut-il lamettre « en condition », en voyage par delà les genres. Il faut gâcher du temps, du papier, il faut être généreux, marcher aussi pour l’atteindre. Il faut être comme l’écrit Acquaviva « ensensés ». Isou l’a compris au fil du temps.

Peu à peu chez lui, elle est devenue visuelle, action, geste, inaugurale. Mais elle reste pour lui avant tout sonore : d’où la filiation que son œuvre connaît (chez un Bernard Heidsieck) par exemple. Une telle conception demeure cependant occultée. Son lettrisme, son pré-spatialisme, sa scansion ontconnu la difficulté du livre. D’autant qu’une telle approche est sans doute plus adaptée à l’ordinateur que d’une certaine manière elle anticipe dans les parcours (faussement aléatoires) qu’elle induit.