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Essais

Histoire de moi-même, Henry David Thoreau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 26 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Le Passeur

Histoire de moi-même, trad. américain Thierry Gillybœuf, 216 pages, 18 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Le Passeur

 

Le texte inédit de l’auteur du célèbre Walden, préfacé par un expert de son œuvre, qui a presque tout édité, History of Myself, « tout sauf un brouillon de Walden » selon Gillybœuf, nous plonge dans les années 1845-1847, quand Thoreau, la trentaine sonnant, poète, philosophe, pense, dès l’automne 1844, s’installer dans une cabane au fin fond des bois de Walden Pond. Vertu de ce genre d’ouvrage où la nature et l’homme recueillent de conserve des dons d’émerveillement, distiller au lecteur une dose suffisante d’éveil lucide sur soi et le monde.

Le texte propose tout à la fois un essai sur les valeurs nouvelles promises par le poète et décrites au plus près de la réalité entreprise, un témoignage de premier ordre sur l’analyse des rapports de soi au monde, aux autres, à la culture au sens le plus fondateur, celui qui aime « cultiver l’instant présent » avec son âme de « reporter » du réel, relate son ordinaire – leçon de nature et de solitude éprouvée, volontaire, à l’abri des assauts du monde extérieur, de son  village, Concord.

Réflexions sur la tragédie grecque, Jacqueline de Romilly (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 20 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions de Fallois

Réflexions sur la tragédie grecque, novembre 2018, 310 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jacqueline de Romilly

Les études de Jacqueline de Romilly rassemblées dans ce volume ont été écrites et publiées sur plus de trente ans. Elles portent sur les spécificités du genre tragique des pièces créées par Eschyle, Sophocle et Euripide dans l’Athènes du Ve siècle avant notre ère. La tragédie grecque est en effet intimement liée à la démocratie athénienne. Mythe et tragédie, tragédie et pathétique, telles sont les deux thématiques essentielles soulevées dans deux des plus brillantes études de l’une des hellénistes les plus inspirées de notre temps, qui a nourri des générations d’enseignants, d’étudiants et d’écrivains comme Marguerite Yourcenar.

Jaqueline de Romilly s’intéresse à la transposition des mythes antiques chez les trois auteurs dramatiques. A l’inverse de l’épopée, la tragédie porte sur l’homme plutôt que sur le héros. Les mythes choisis concernent la famille – famille de demi-dieux ou famille de rois (Atrides ou Labdacides) –, le couple matrimonial ou parental, les enfants et la filiation, les ascendants et descendants, la lignée. En particulier, Jacqueline de Romilly s’attache à établir les points de convergence et de divergence entre la trilogie d’Eschyle, L’Orestie, et plus particulièrement entre Les Choéphores, qui relate le retour d’Oreste, venu venger son père Agamemnon en tuant sa mère Clytemnestre et son amant Egisthe, et les Electre de Sophocle et d’Euripide, qui relèvent du même sujet.

Comment tout peut s’effondrer, Pablo Servigne, Raphaël Stevens (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 15 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Comment tout peut s’effondrer, Postface Yves Cochet, 300 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pablo Servigne, Raphaël Stevens Edition: Seuil

 

Comment tout peut s’effondrer… La forme est affirmative, et sous-entend à la fois l’hypothèse par l’emploi du verbe modal, et la possibilité paradoxale que la probabilité est réelle…

Tout l’intérêt de l’ouvrage est là. Toute la portée de ce titre apparaît en lettres de feu à mesure que la lecture progresse. Analysons chacune de ses quatre unités lexicales.

« peut »

Le titre est annonciateur d’une « possible réelle » catastrophe. Mais attention ! Nous ne sommes pas dans le domaine de la science fiction. Allons plus loin : arrivés au bout du livre, nous pouvons ôter à l’expression « science fiction » son second terme. Nous sommes bien, sans équivoque, dans le champ scientifique.

Ce qui conduit à un paradoxe remarquable : les auteurs exposent la catastrophe… sans faire de catastrophisme. L’exposé est fondé sur la confrontation, l’analyse et la synthèse de cinquante années de données scientifiques analysant l’évolution conjointe et simultanée des sociétés humaines sur la planète et de la planète sous influence des sociétés humaines.

Le bon moment, La science du parfait timing, Daniel Pink (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 13 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Le bon moment, La science du parfait timing, janvier 2019, 320 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Daniel Pink Edition: Flammarion

 

Penseur hors normes, plume avisée autant dans ce qui nous motive que dans nos sciences vécues socialement, l’auteur s’intéresse, et nous fait participer, avec brio, à la science du « parfait timing ».

L’ouvrage, progressif, nous fait choisir, presque par la pratique et l’exemple, le moment opportun pour la prise de décision, démontrant que l’emploi du temps idéal pour agir est décisif ; avec une origine précise, pour une cause identique avec la même intention, le résultat diffère en fonction du timing.

L’ouvrage se veut, par la démonstration, « boîte à outils » du temps, comme par exemple « faire du sport le matin, booster l’humeur, instaurer une routine sportive, gagner en masse musculaire ».

Les clichés sont régulièrement démontés dans cet essai où « la pause-vigilance peut nous aider à nous défaire de l’emprise du coup de mou de l’après-midi », où les « micro-éruptions d’activités » s’avèrent efficaces plutôt que suggérées négativement.

Le livre est clairsemé de graphiques ayant force de démonstration à séquencer la journée en fonction de l’activité.

Les Paradoxes de la postérité, Benjamin Hoffmann (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 11 Mars 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions de Minuit

Les Paradoxes de la postérité, janvier 2019, 243 pages, 29 € . Ecrivain(s): Benjamin Hoffmann Edition: Les éditions de Minuit

 

Les postérités, de l’illusion à l’immortalité artistique.

Nul ne peut se démettre de la « maladie de la mort » (Duras). Elle est là de toujours. Hoffmann rappelle que puisque « au commencement est la mort » chacun se débrouille avec cette idée quasi immédiate de la conscience. Dès trois ans nous saurions déjà à quoi nous sommes voués ou réduits. Cette révélation est pour tout être humain un scandale. Dès lors chacun lutte comme il peut selon ses armes et ses appétits. Certains – les plus sensés – se contentent de peu en assurant la survie de l’espèce par la procréation (assistée ou non).

D’autres plus insatisfaits et impécunieux cherchent d’autres solutions personnelles au problème de la mortalité. Les plus riches laissent leur fortune pour ravir leurs enfants et – au delà – le monde. D’autres espèrent l’héroïsme et d’autres encore – moins matérialistes et plus démunis ou faibles – estiment que seule la partie spirituelle de notre personne nous survivra. Ils font de la littérature la grande affaire de leur vie.