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Essais

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Jeudi, 21 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante, Editions Tarabuste, octobre 2024, 156 pages, 16 €

 

Dans le site Tarabuste, on peut lire que cette nouveauté éditoriale se réfère directement à Dante, « prénom célèbre dans le monde entier » (1), mais pas toujours lu. En effet, le sous-titre, Essai sur Dante, sert à diriger le lecteur vers l’œuvre de Dante Alighieri, et plus précisément au vers 58 du chant XXXIII du Paradis, troisième tome de La Commedia : « Qual è colüi che sognando vede », traduit par Vegliante en : « Comme est celui qui voit en rêvant […] » (2).

Puis l’éditeur précise que le long parcours de Dante, enfer-purgatoire-paradis, est particulier car il suit « la force du désir qui entraîne, persiste et pourrait être son ultime garant de vérité » (3). Il met en exergue la « force du désir », l’élan créatif du poète, la puissance de l’invention littéraire qui va l’aider à retrouver sa muse Beatrice, morte très jeune. Cette force du désir est d’ailleurs illustrée dès l’ouverture de l’Essai où l’on peut voir une illustration de Odilon Redon datant de 1914, représentant Dante et Béatrice réunis (une situation qui n’a jamais eu lieu dans la réalité) (4).

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Contes

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju, Robert Laffont, 2018, 296 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Pierre Péju Edition: Robert Laffont

Cinq ans après la publication de Psychanalyse des contes de fées, Pierre Péju élabore en quelque sorte une réponse à Bruno Bettelheim à travers la voix de cette Petite fille dans la forêt des contes : on ne peut pas parler ici d’ouvrage foncièrement théorique, mais plutôt du prolongement d’une réflexion initiale, déjà riche, sur les contes traditionnels. Sans vraiment réfuter l’interprétation qu’en fait Bettelheim, interprétation qui se base essentiellement sur les travaux psychanalytiques de Freud, Péju en propose un élargissement, et avertit aussi des maladresses très dommageables qui pourraient nous revenir si l’on faisait du livre de Bettelheim une vérité établie.

Conduit par le célèbre personnage du joueur de flûte de Hameln qui, grâce à son génie musical, emmène à sa suite tous les enfants d’un village vers un endroit dont on ne saura jamais rien, Pierre Péju se penche sur la figure de la petite fille (mais pas uniquement) et accorde une certaine place aux contes allemands de l’époque romantique : Hoffmann et Grimm sont les noms les plus connus en France, mais l’auteur réserve un éclairage égal à la richesse des contes de Ludwig Tieck, Achim d’Arnim ou Clemens Brentano.

Sur un article du Fremden-Blatt (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, La Une Livres

 

La pudeur des biographes et des historiens de la littérature est émouvante. On en a la preuve avec le quasi silence des spécialistes de Rimbaud sur ses possibles aventures « homosexuelles » (qu’on m’autorise l’anachronisme lexical – hasardeux mais indispensable) après son renoncement à la poésie. Une idée trop communément admise, c’est que sa relation avec Verlaine n’aura été pour lui qu’une parenthèse, une expérience, voire une déviation sans adhésion intime participant à l’entreprise du « dérèglement des sens » et qu’il se sera contenté ensuite des plaisirs permis par les bonnes mœurs et les lois de l’époque, ce que démentent sa brève liaison avec Germain Nouveau, avec qui il a partagé un appartement à Londres, 178, Stamford Street, de mars à avril 1874, et les allusions cryptées de nombreux poèmes : Ô saisons ô châteaux ; « Délires I ; Parade ; Aube ; Vagabonds ; Bottom ; par exemple.

Jusqu’à Faulkner, Pierre Bergounioux (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Gallimard, En Vitrine, Cette semaine

Jusqu’à Faulkner, Pierre Bergounioux, Gallimard l'un et l'autre, 160 p. 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bergounioux Edition: Gallimard

 

Un essai sur la littérature ? Peut-être. Sûrement. Mais aussi et surtout le journal personnel d’un homme d’écriture. Son cheminement à travers les œuvres et les auteurs de sa vie. La réflexion de Pierre Bergounioux est éminemment intime, mais elle touche aussi à l’universel, par la rigueur de la pensée, l’objectivation des arguments, les références incontestables. Cet ouvrage est une démonstration, s’il en fallait, que la littérature n’est pas seulement une affaire de goût, mais surtout de qualité objective, d’inspiration, de talent, d’écriture, en un mot, de style. Jacques Lacan disait « tout ce qui n’est pas matérialité est escroquerie » ; Bergounioux le dit à sa manière pour la littérature.

Depuis les débuts de l’écriture les hommes veulent raconter leur existence, en rapportant des faits puisés dans la réalité ou dans leur imagination. Mais en racontant, ils créent, à leur insu, une autre réalité, détachée de la première. La médiation écrite crée un univers en soi dont l’étendue échappe à la chose racontée. Un peu comme un signifiant détaché du signifié. Bergounioux rappelle ainsi avec force que – longtemps dans la littérature occidentale – seule l’écriture a compté vraiment.

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Octobre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson, éditions Honoré-Champion, avril 2024, 542 pages, 90 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Connu du grand public pour ses biographies de Voltaire, de Rousseau et de Diderot, Raymond Trousson (1936-2013) fut surtout un érudit de haute lice, explorateur et arpenteur de terrae incognitae. Professeur à l’Université libre de Bruxelles (l’épithète, étrange pour un Français, signifie que l’institution n’a pas d’ancrage confessionnel), il fut à la fois comparatiste (ses premiers ouvrages publiés portaient sur Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne et Un Problème de littérature comparée : les études de thèmes), spécialiste des lettres wallonnes (Charles De Coster, Maeterlinck, Ghelderode, …) et il inscrivit son existence dans la lignée des grands savants belges (Jean-François Gilmont, Roland Mortier, Jozef IJsewijn, …). Son œuvre polyphonique – la bibliographie de ses publications occupe vingt-six pages du présent ouvrage : trente-cinq livres, des éditions critiques, des préfaces, des articles – remplirait plusieurs volumes de la Pléiade.