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Ecrits suivis

La nuit sans Zabach (III), par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 23 Mai 2018. , dans Ecrits suivis, Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

En voyant la foule rassemblée devant la maison familiale, Mary’amcomprit que le moment ultime était arrivé. Elle se rappela alors des prières de sa grand-mère, Sara, et murmura :

– La lumière gît dans les confins des ténèbres, n’est-ce-pas ? Allah ya Allah,j’implore Votre protection ! Rebbi ya Rabbi, jeVous offre ma pureté, en échange, envoyez-moi l’ange rédempteur pour qu’il me sauve, ya El-Elohim ! Votre clémence, Seigneur ya Allah ; Votre compassion !El-Elohim, Allah, Seigneur ! Avé Mary’am !

Le père entendait les supplications de sa fille. Chaque mot prononcé agissait comme une balle tirée à bout portant dans son cœur tourmenté. Il avait honte d’être là, parmi ces hommes et ces femmes, participant à la lapidation de celle qui l’aida à surmonter tant d’obstacles. Si L’Hou-Sine, le vieux pieux, l’adorateur d’El-Elohim n’osait pas regarder sa fille dans les yeux. Comment faire face à celle à qui il avait prédit une vie couronnée de succès et de bonheur ? Comment contribuer à l’anéantissement de celle dont le nom revenait sans cesse dans ses prières ferventes et pleines de grâce et de miséricorde ?

La nuit de Zabach (II), par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 08 Mai 2018. , dans Ecrits suivis, Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Durant la veille de la nuit de Zabach, à minuit pile, alors que les femmes entonnaient des airs glorifiant le pouvoir souverain du mâle ; pendant que les hommes revendiquaient leur droit à la vengeance, un homme, géant, aux cheveux longs et blancs, aux yeux rouge vermillon, au visage gros comme un melon, aux bras noirs comme goudron, surgit du ciel. Ses yeux étaient maquillés au khôl. Son corps était drapé dans un tissu noir qui sentait la pisse bouillie. Son allure avait quelque chose d’animal et de cruel. Il portait dans sa main gauche un vêtement blanc.

L’arrivée de Abi al-Qiyâ’ma, l’annonciateur du jour de la résurrection, n’augurait rien de bon pour Mary’am ; il flottait dans l’air une odeur de défaite, affreusement pestilente ; le village exultait, pourtant !

Ya latif, ya latif !

Le malheur était à portée de la main et ceux qui s’en emparèrent en firent mauvais usage ; ils l’instrumentalisèrent et le jetèrent sur la place du village.

Le Journal de MCDem (1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 30 Novembre 2017. , dans Ecrits suivis, Les Chroniques, La Une CED

 

Lundi 6 novembre

 

Fossiles dans la caillasse ce matin, reste minéralisé d'un trilobite : des traces, toujours des traces fouillées d'un passé éteint, qui remontent à la mémoire... Survie des corps mous par leur coquille -empreintes rupestres- vidés de leur masse viscérale ; survie de l'Ère primaire, à des millions d'années. Des centaines de millions d'années. Tu es moins qu'une poussière, une micropoussière, 1/1000ème de micropoussière.

 

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A mon père (4) - Le tombeau des lucioles, par Emmanuel Levine

, le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Ecrits suivis, Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

Dans les joncs qui riaient, à chaque battement de sang,

un garçon serrait dans ses mains une boîte.

 

De la boîte jaunie tombée des doigts de l’enfant,

tombaient des perles d’amour et de nostalgie moite.

 

Elle chargeait l’air de petites reliques.

Pourquoi il pleut des chats et des chiens, suite et fin, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 18 Avril 2017. , dans Ecrits suivis, Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Lorsque l’imam de la mosquée jouxtant notre maison entendit parler de mes questions, il m’envoya un message par le biais de sa femme et m’invita à aller le retrouver à la mosquée. Je fus très étonné par cette demande. Si ce n’est ma mère qui m’encouragea à aller le voir, je n’aurais jamais répondu à sa requête. Ce qu’il me dit me laissa sans voix.

- «Dis donc, fiston, c'est toi le petit garçon qui cherche à savoir pourquoi il pleut constamment sur notre ville ? Lorsqu'on m'a parlé d'un enfant qui pose des questions sur la pluie qui ravage notre ville, je me suis dit, en voilà un qui pose les bonnes questions ! Je suis ravi que tu sois venu me voir. Je ne sais comment te remercier mais t'inquiète, Dieu te le revaudra, mon fils. Il te réservera une place dans son vaste paradis. Ecoute-moi bien ya wlidi et grave bien mes paroles dans ta petite tête. Le diable est fatigué de pisser dans les oreilles des infidèles qui demeurent sourds et indifférents à l'appel de la prière de l'aube. Tous les matins, je le vois lever les bras au ciel en guise d'impuissance ; je l'entends crier, exploser et se métamorphoser en bombe assassine. Sais-tu, petit, que Salat Al Fajr est une obligation ?