Une femme et des hommes devant le mur d’une maison en démolition. Ils portent des gants de cuir, sans doute à cause de la saison hivernale.
C’est une suite de petits souvenirs qui finissent par faire un tout. Mais quant à l’interprétation de toutes ces années, ça se mélange un peu, les dates, les noms. Et puis il y a sans doute des personnes inventées, que j’ai prises pour de vrais souvenirs. Comme si j’étais un peu déchirée. Et tenue à des approximations. Comme cette divination sur les oiseaux que me faisait cet inconnu de Vierzon, qui était peut-être un charlatan, j’ai toujours cru ce qu’il disait. Je suis une sorte de femme sans avenir, disons, tournée vers ce qui a existé, et pas sans avenir, mais dont l’avenir devient déjà du passé avant d’être. Comme cette petite buvette de La Muette, où je jouais enfant, c’est devenu une sorte de repère, une solide analyse. Parce que j’ai été tétanisée, terrassée. Défaite. Puis reconstruite, réparée. Et sans aucune aide. Juste avec ma volonté, ma volonté propre. Et pas un fantasme. Non, de la peur. De la vraie peur, quelque chose de terrible que je n’arrive pas toujours à exprimer. Ce que ce landau avait de typique ? Je n’en sais rien. Mais, j’ai souvenir de la biscotte et du chocolat. Du chocolat très fort. Presque amer et qui me dégoûtait.