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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Biribi, Georges Darien (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 06 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Roman

Biribi, Georges Darien, Editions de Londres, réédition format Poche, 2011, 360 pages 7,10 €

 

Biribi est un terme officieux qui désignait, non un lieu unique, mais un ensemble de compagnies disciplinaires installées dans des camps pénitentiaires, dans l’Afrique du Nord en cours de colonisation au XIXe siècle, où étaient déportés et internés les militaires français réfractaires ou indisciplinés.

Biribi est le titre d’un roman écrit en 1888 par Georges Darien et publié en 1890 par l’éditeur Alfred Savine, dont les éléments se fondent sur l’expérience personnelle de l’auteur.

« Le récit s’inscrit, dit en préface l’éditeur, dans la catégorie des romans et récits carcéraux, dont Le zéro et l’infini d’Arthur Koestler, Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski, ou encore Letter from Birmingham jail de Martin Luther King et les textes de Nelson Mandela. Il est aussi à l’origine du reportage d’Albert Londres sur ces mêmes camps disciplinaires, Dante n’avait rien vu, dont la publication entraînera la fermeture de… Biribi ».

Madame Edwarda, Georges Bataille (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 30 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Madame Edwarda, Georges Bataille, éd. Jean-Jacques Pauvert, 1956, 71 pages, 10 €

 

Ce curieux petit récit érotique de Georges Bataille initialement publié en éditions clandestines en 1941 sous le pseudonyme de Pierre Angélique n’est sorti en librairie qu’en 1956 chez Pauvert, Bataille n’ayant alors accepté d’y faire figurer son vrai nom qu’au bas de la préface.

Dans cette préface, l’auteur présente ainsi la thématique du texte :

« Un ensemble de conditions nous conduit à nous faire de l’homme (de l’humanité), une image également éloignée du plaisir extrême et de l’extrême douleur : les interdits les plus communs frappent les uns la vie sexuelle et les autres la mort, si bien que l’une et l’autre ont formé un domaine sacré, qui relève de la religion. Le plus pénible commença lorsque les interdits touchant les circonstances de la disparition de l’être reçurent seuls un aspect grave et que ceux qui touchaient les circonstances de l’apparition – toute l’activité génétique – ont été pris à la légère ».

Lunar Caustic, Malcolm Lowry (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 22 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Editions Maurice Nadeau

Lunar Caustic, Malcolm Lowry, Editions Maurice Nadeau, trad. de l'anglais Clarisse Francillon,Poche, mai 2022, 222 pages, 9,90 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

 

Cette réédition du texte de Lowry (longue nouvelle ou court roman ?) par la maison Maurice Nadeau, dans sa nouvelle Collection Poche, réunit, initiative fort appréciable, non seulement l’ultime version, la plus achevée, celle de 1963, intitulée Lunar Caustic, parue à titre posthume dans la Collection Les Lettres Nouvelles, mais aussi celle de 1956, ayant pour titre Le Caustique Lunaire, mais encore, en préface, ce qu’en écrivait Maurice Nadeau en 1977 dans Les Lettres Nouvelles, mais en outre, en postface, « Malcolm mon ami », un texte témoignage de Clarisse Francillon, laquelle, traductrice de chacune des versions françaises, a accueilli l’écrivain lors des séjours qu’il a effectués à Paris, a travaillé avec lui sur la traduction, et a été l’intime témoin de sa dépendance de tous les instants à l’alcool.

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen, Editions de l’Âne qui butine, trad. Christoph Bruneel, 215 pages, 22 €

 

L’Âne qui butine ne grappille pas au hasard. Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, est une de ces fleurs rares que notre équidé littéraire a le don de débusquer. Dès les premières lignes on est transporté dans une jungle parallèle, un monde étrange, luxuriant et luxurieux, étrange et familier, dont les personnages sont présentés comme des pré-adolescents, où le taux d’innocence que l’on peut encore prêter à des « enfants » de douze treize ans est déglingué par le plus hallucinant déballage de toutes les horreurs, perversités et déviances que notre espèce a su imaginer et pratiquer depuis qu’elle s’est qualifiée d’humaine.

Déviances, déviations… dévoiement aussi au sens diarrhéique du terme, exprimé ici par le flux logorrhéique de l’écriture.

Le miel et l’amertume, Tahar Ben Jelloun (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 13 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le miel et l’amertume, Tahar Ben Jelloun, Folio, juin 2022, 257 pages, 7,80 €

 

A Tanger, au sous-sol de sa maison bourgeoise dont il a abandonné et quasiment condamné les niveaux supérieurs, un couple survit dans la précarité voulue, proche de la misère, d’une cave aménagée de façon rudimentaire, au rythme d’incessantes querelles sordides.

Le roman est fait de l’alternance régulière, en de courts chapitres, des voix, à la première personne, de ces deux personnages principaux, Mourad le mari et Malika l’épouse. S’y intercalent ici et là, épisodiquement, celles des fils, Moncef, émigré au Canada, et Adam, employé, marié et établi à Tanger. Intervient plus régulièrement celle, puissante, poignante, posthume, de la fille, Samia, dont le destin tragique, aux circonstances absolument occultées par les narrateurs alternatifs, y compris par elle-même, jusqu’au dernier quart du récit (ce qui entretient ainsi un suspense captivant pour le lecteur), a précipité la détérioration d’une relation conjugale déjà fortement dégradée au moment où se produit ce que chaque protagoniste n’évoque jamais plus précisément que par cette expression unique et pudique : « la tragédie ».