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Good morning ! (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 11 Octobre 2022. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! nous allons faire un petit jeu. Imaginez que vous vivez aux États-Unis, par exemple à Mayami. Vous avez un avion à prendre pour des raisons professionnelles, imaginez que vous avez ce type de travail, dématérialisé, vous zoomez du matin au soir, Teams ou Face time selon la marque de votre ordinateur, bref, vous avez un avion à prendre et vous travaillez à distance. Pour la ville de votre déplacement, vous choisissez. Cinq jours sur place, des rendez-vous, des déjeuners au restaurant, une petite sortie culturelle, deux soirées inavouables dans deux bars à la mode, un petit mal aux cheveux le lendemain matin, vous repartez dans l’autre sens, vous rentrez chez vous, rappelez-vous, vous vivez à Mayami. L’aéroport donc, le hall d’arrivée, vous commandez depuis votre téléphone (autant de technologie embarquée que dans une fusée), un Uber, non un Lyft, c’est moins cher. En attendant, vous jouez aux petites voitures sur votre écran, bien sûr tout ça n’est pas gratuit, trente-deux dollars et ça, c’est juste pour rentrer chez vous.

Le Pouvoir du chien (The power of the dog), Thomas Savage (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 23 Septembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, USA, Belfond

Le Pouvoir du chien (The power of the dog), Thomas Savage, 2014, éditions Belfond, 2014, trad. anglais (USA), Pierre Furlan, 266 pages

 

Il faut honorer celles et ceux qui vous conduisent à la lecture d’un livre. Les articles de Catherine Dutigny/Elsa et de Léon-Marc Lévy sont à l’origine de cette folle idée. J’ai lu Le Pouvoir du chien.

Tendre les mots sur la page et l’inciser pour percer les lectures et les expériences d’un auteur. Ses observations, ses réflexions, ses changements d’itinéraires, ses humeurs, son arbitraire et l’unicité de son dénouement. Ce qui rend par exemple Nathaniel Hawthorne si nocturne. Ou William Faulkner si imprévisible, les libertés que lui et d’autres ont su prendre. Bouleverser les conventions et les linéarités de l’écriture sans jamais tomber dans le vide ou le chaos. Qui peut mesurer l’ensemble des matériaux absorbés pour concevoir un propos, un style. Un auteur. Une machine en serait-elle capable ?

Alors j’ai osé et je l’ai fait.

Les Prénoms épicènes (2018, 154 pages), Pétronille (2014, 168 pages), Amélie Nothomb (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 25 Août 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Les Prénoms épicènes (2018, 154 pages), Pétronille (2014, 168 pages), Amélie Nothomb, Albin Michel

 

Deux titres en perspective pour une expérience de lecture. Durée moyenne, deux jours. Commencez par Les Prénoms épicènes. Premier jour. Lisez en position allongée comme Amélie aime le faire. Ne plus avoir à porter le corps pour ne porter que le livre (il va de soi que nous parlons ici du format livre, papier, couverture, composition, impression française, Albin Michel imprime en France). Éclairage, musique ou champagne, à votre discrétion.

Il s’agit, ni de comparer, ni de confronter mais de créer un contraste, une lumière particulière entre deux surfaces. Une expérience, une narration. Deux œuvres pour les discerner autrement en modifiant le contexte. Acmé du décalage que chérit Amélie.

Une façon donc bien particulière de raconter l’horrible de façon anodine. Amélie adore distordre la réalité et les morales humaines. Elle énonce les faits avec la plus pure simplicité, ingénue et candide. Elle est glaçante. Aussi glaciale que la température requise pour le champagne. Boire vite de peur que le breuvage ne s’échauffe. Il en va de même de ses livres.

Sweet homme in Florida (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 18 Août 2022. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Pourquoi, selon vous, deux nanas de quarante ans passeraient trente heures dans une voiture ?

Je vais vous raconter le road trip de Mary-Lee et Cassandra. Quatre jours sur la route avec un couteau, deux mangues encore vertes, un pack d’eau minérale gazeuse, elles préfèrent dire, pétillante. La voiture, elle s’appelle Sue, c’est écrit sur la plaque à l’arrière. Et la fleur qu’elles ont volée aux plates-bandes de la résidence, c’est pour décorer le pare-brise, elles l’ont baptisée Holly et avec deux ales. Mary-Lee est brune, Cassandra est blonde. L’une est native de Destin, en Floride. L’autre de Naples, en Floride également. Deux amies qui le sont devenues parce qu’elles boivent leur Ice latte tous les matins, au même endroit, chez Panther’s, à Mayami Beach. Trente heures ou quatre jours pour aller à un mariage qui va durer douze heures, le mariage du cousin de Mary-Lee, le cousin dont elle était amoureuse jusqu’à ses vingt ans. Cassandra espère y rencontrer l’amour. Les deux y vont pour se persuader du contraire.

Elena Ferrante, A la recherche de L’Amie prodigieuse, Salomon Malka (par Jeanne Ferron Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 10 Mai 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Elena Ferrante, A la recherche de L’Amie prodigieuse, Salomon Malka, éditions Ecriture, février 2022, 228 pages, 18 €

 

Elena Ferrante. Répétez-le tel un mantra et songez un instant à quel point un nom, qu’il soit fictif ou réel, créé de toute pièce ou incarné, peut générer autant de commentaires, d’articles, de pages sur internet. D’échos. Songez un instant à sa musique. À ses livres que vous aurez lus, ou peut-être pas, aimés ou pas, là n’est pas la question.

A-t-on le droit de malmener la volonté d’une auteure de disparaître au profit de son œuvre ou de se cacher derrière, de créer la distance, ce livre-enquête questionne l’identité d’une œuvre liée, ou pas, à celle d’une auteure. Elena Ferrante. Formidable inconnue qui dissèque les relations humaines, les autopsie, les instille entre Naples et l’Italie, Naples ce n’est pas l’Italie. Livre-enquête sans plan véritable, Salomon Malka s’ingénue à retrouver un à un les personnages des romans d’Elena Ferrante, à les faire sortir des pages pour les animer à nouveau, une sorte d’ancrage passant du noir et blanc à la couleur.