Identification

Roman

Impressions de Kassel, Enrique Vila-Matas

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 03 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Christian Bourgois

Impressions de Kassel, traduit de l’espagnol par André Gabastou, mai 2014, 360 pages, 22 € . Ecrivain(s): Enrique Vila-Matas Edition: Christian Bourgois

 

« Etant donné mon habitude invétérée d’écrire des chroniques chaque fois qu’on m’invite dans un endroit étrange pour que j’y fasse quelque chose de bizarre (avec le temps je me suis rendu compte qu’en fait tous les lieux me semblent étranges), j’ai eu l’impression de vivre une fois de plus le début d’un voyage qui pouvait finir par se transformer en un récit écrit dans lequel je mêlerais comme tant d’autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d’une invitation très extravagante ».

Enrique Vila-Matas est un écrivain du réel. Comme le philosophe Clément Rosset, il prend le réel très au sérieux, ce qui veut dire qu’il s’en amuse, qu’il en joue comme un chat avec une pelote de laine. Plongés dans le réel, l’un et l’autre, ne manquent pas de provoquer par leur style mille éclats de fictions dont ils vont nourrir leurs écrits, à moins que ça ne soit leurs écrits qui nourrissent ce qu’ils sont en train de vivre. Enrique Vila-Matas est un joueur vagabond qui écrit des livres où il ne cesse d’enquêter sur sa propre énigme, ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il pense, ce qu’il voit et finalement ce qu’il écrit.

La maquisarde, Nora Hamdi

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

La maquisarde, mai 2014, 197 pages, 17 € . Ecrivain(s): Nora Hamdi Edition: Grasset

 

Peu de récits sont consacrés au rôle et à l’engagement des femmes dans les guerres, dans les mouvements de libération. Celui de Nora Hamdi, La maquisarde, a des chances de faire bonne figure dans cette catégorie. Dans ce texte, les étapes de l’engagement de la mère de Nora Hamdi sont retracées, explicitées. Nous sommes au début de la guerre d’Algérie en Kabylie, et Nora Hamdi situe d’emblée les injustices criantes dont sont victimes ceux qu’on appelle alors les « indigènes » : « Comme la plupart des enfants de mon entourage, je ne suis jamais allée à l’école. Elle n’existe pas pour les enfants de la région (…) L’école est pour les enfants de colons. Pas pour les Algériens ».

Ce qui motive la mère de Nora Hamdi, c’est également l’exemple de Déhbia, cette femme connue par l’intermédiaire de sa sœur Esma. Ce qu’elle admire chez cette femme, c’est sa pratique du métier d’aide-soignante, qui lui permet d’aider secrètement les maquisards du FLN, c’est aussi son sacrifice conjugal car son époux a rejoint le maquis et ne peut donc donner de nouvelles… Après avoir connu les camps d’internement dont elle parvient à s’évader, le choix de cette femme est irrémédiable, elle affrontera tous les risques :

La Trilogie Nostradamus, Mario Reading

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Le Cherche-Midi

La Trilogie Nostradamus, traduit de l’anglais par Florence Mantran, T. 1, Les Prophéties perdues, septembre 2013, 576 pages, 14 € ; T. 2, L’Hérésie maya, septembre 2013, 640 p. 21 € ; T. 3, Le Troisième Antéchrist, février 2014, 592 pages, 21 € . Ecrivain(s): Mario Reading Edition: Le Cherche-Midi

 

Difficile de résumer une telle trilogie, tellement elle est dense, mais ce qui est certain c’est que le premier tome nous embarque pour une aventure des plus captivantes où se retrouvent impliqués, parfois bien malgré eux, des personnages de milieux qui a priori n’ont rien à voir entre eux. Ainsi Adam Sabir, un écrivain franco-américain, spécialiste de Nostradamus, arrive à Paris sur les traces de 52 prophéties inédites dont nul n’a eu connaissance, des prophéties perdues.

Légende ou réalité ? Toujours est-il qu’il se retrouve aussitôt mêlé à une sombre histoire de meurtre, celui d’un gitan surnommé Babel Samana qui semblait savoir quelque chose à leur propos. Adam Sabir est le principal suspect de cet assassinat plutôt sauvage. À la fois en fuite et toujours sur les traces des prophéties perdues, il a sur ses propres traces le policier Calque, qui tient plus de l’érudit fou d’histoire que du policier, et son adjoint bien moins érudit, mais plus zélé. Le tueur de Babel Samana aussi est sur ses traces, Adam Sabir n’est pas le seul à rechercher ces prophéties.

La pétulante ascension de Benjamin Fabre, Fabrice Lehman

Ecrit par Gilles Brancati , le Vendredi, 30 Mai 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jean-Claude Lattès

La pétulante ascension de Benjamin Fabre, avril 2014, 302 pages, 17 € . Ecrivain(s): Fabrice Lehman Edition: Jean-Claude Lattès

 

Benjamin Fabre est cadre chez Pelletier Consulting chez qui il s’occupe avec paresse de stratégies d’entreprises. Parallèlement il a écrit et remanié des dizaines de fois un roman dont il est très fier et qu’il rêve de voir publier. Il collectionne les lettres de refus. Aucun éditeur ne veut de son manuscrit, mais Benjamin Fabre, soutenu par son épouse, ne se décourage pas et il est prêt à tout pour y parvenir. Il va développer pour lui-même des stratégies de conquête plus ou moins adaptées.

L’écriture de Fabrice Lehman est sobre et efficace, son livre se lit vite et bien. L’insert des lettres de Tiphaine, qui ne réussit rien, à sa mère, sont excellentes grâce à une alternance des styles. C’est bien construit, c’est un bon moment de lecture. On ne boudera pas son plaisir en ouvrant ce livre dans un train ou sur un transat.

On peut le diviser en trois tiers.

Congo Inc. Le testament de Bismarck, In Koli Jean Bofane

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mercredi, 28 Mai 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Actes Sud

Congo Inc. Le testament de Bismarck, mars 2014, 294 pages, 22 € . Ecrivain(s): In Koli Jean Bofane Edition: Actes Sud

Zoulou, Congo ou Mandela sont des noms qu’à peu près n’importe qui, à travers le monde, associe sans hésiter au continent africain. De ces noms mondiaux comme Kamasutra, Hollywood, Paris ou autres que l’on charge de ce que l’on veut. Congo par exemple, dans l’imaginaire collectif à l’époque coloniale, était un peu synonyme d’Afrique. Voyage au Congo d’André Gide, en réalité, est plutôt Voyage en Oubangui-Chari, c’est-à-dire la Centrafrique actuelle. Mais Congo sonne mieux… Afrique noire. Au reste, ce que décrit de l’Oubangui la plume humaniste de Gide se passe également dans les deux Congo voisins. En Afrique même, le mot Congo a signifié plus que le Congo. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, sur les côtes du Bénin et du Togo, encore aujourd’hui, Congo (avec accentuation sur la première syllabe) signifie Afrique centrale, ce cœur du continent vers lequel, déjà, l’on se ruait pour faire fortune. Dans les Antilles françaises, Congo a désigné globalement, après l’abolition de l’esclavage, les ouvriers engagés venus d’Afrique noire. Congo est donc peut-être le nom africain par excellence, un nom polysémique ; et une affaire très sérieuse et mondiale. Il faudra pouvoir écrire cette sorte de cristallisation sémantique autour d’un nom qui, à l’origine, signifierait « terre ou demeure de la panthère ». Il faudra ? Mais non ! Un romancier né là-bas vient d’accomplir une forme d’exploit qui s’apparente à cela. Le titre de ce roman ? Congo Inc., tout simplement, si l’on ose encore dire.