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Quidam Editeur

Quidam éditeur se consacre à la littérature contemporaine, française et étrangère.
Notre attirance va ainsi vers l’insolite mais sans exclusive, l’éventail de nos goûts étant assez large pour assurer vie à l’éclectisme au même titre qu’un libraire assure la biblio-diversité. Notre rapport au livre est d’abord celui d’un lecteur qui aime être étonné.
Et l’éditeur que nous sommes se veut passeur vers celle ou celui à qui l’on demande de perpétuer avec envie ce bonheur toujours vif qu’est lire.


Le salut viendra de la mer, Chrìstos Ikonòmou

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 11 Septembre 2017. , dans Quidam Editeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Le salut viendra de la mer, avril 2017, trad. grec Michel Volkovitch, 190 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

(…) Et tu vas me dire c’est quoi ces histoires que tu me sors là, ces mains blanches et ces bouches noires, mais je te l’ai dit dès le début, je te dirai tout, je me souviens de tout, je me souviens de ce qui est arrivé de ce qui n’est pas arrivé de ce qui aurait pu arriver de ce qui aurait dû arriver, je me souviens de tout, et que ça te plaise ou non je dirai tout.

Ils sont venus de Grèce, tout simplement. Ils se sont réfugiés sur une île. Une île où d’autres vivaient. Ils sont devenus les autres des autres. Les îles ne sont pas des paradis et l’on y survit pas mieux qu’ailleurs. Fermées sur elles-mêmes, elles laissent peu ou pas d’échappatoire. Peur haine et violence en font vite des enfers, des lieux où l’on peut se perdre, entre vie et mort.

Quatre récits nous sont donnés à entendre, quatre voix qui résonnent entre les falaises, la mer et une grotte. Entre menace prophétique, ironie cynique, lamentation funèbre et espoir têtu, quatre voix nous saisissent, nous giflent, nous bousculent sans aucun ménagement, nous décillent le regard et nous font entendre l’inaudible et l’inouï. Sous le ciel bleu et les blanches maisons des dépliants pour touristes, il y a la nuit qui est en chacun et qui nous envahit tous. Une nuit où résonnent les appels et les errements, privés d’échos, si ce n’est dans la violence du soleil et l’égarement de l’alcool.

Victoria n’existe pas, Yannis Tsirbas (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Quidam Editeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Victoria n’existe pas, trad. grec Nicolas Pailler, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannis Tsirbas Edition: Quidam Editeur

 

Strangers on a train (1) pourrait être le titre anglais ou américain pour une traduction de ce premier opus de Yannis Tsirbas, car il s’agit bien, au départ, d’une rencontre imprévisible, mais pas totalement improbable, dans un train qui va de la banlieue vers la capitale, Athènes. Mais la comparaison devrait s’arrêter là, car il n’y a pas à proprement parler de projets de criminels inavoués entre les deux protagonistes. Encore que…

L’homme habite le quartier du square Victoria. Un nom qui n’évoque sans doute pas grand-chose pour celles et ceux qui n’ont pas fait le voyage. Le square Victoria est un des lieux d’Athènes qui a depuis quelques années une des plus sombres réputations. Insécurité, saleté… Un lieu où il ne ferait pas bon se promener la nuit venue et que tous les touristes devraient soigneusement éviter, même si les restaurants n’y manquent pas. C’est que le square Victoria est depuis des années un des lieux où atterrissent et tentent de survivre des immigrés venus de pays où la vie est encore plus difficile qu’en Grèce.

Ça va aller, tu vas voir, Chrìstos Ikonòmou

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 27 Avril 2017. , dans Quidam Editeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

Ça va aller, tu vas voir, trad. grec Michel Volkovitch (Κάτι θα γίει, θα δεις, 2010), 228 pages, 20 € . Ecrivain(s): Christos Ikonòmou Edition: Quidam Editeur

 

Un titre en forme d’espoir quand tout va mal, quand tout va de travers, quand on a peine à seulement y croire, qu’un jour cela pourrait aller mieux. Mieux ou simplement moins mal. « Ça va aller, tu vas voir… », c’est aussi ce que disent implicitement tous les partisans des solutions qui ne font qu’empirer les choses, que rendre la vie plus difficile, plus impossible.

Je ne sais pas. Ce que je lis ne colle pas avec ce que je vois. Ce que je pense non plus. Rien, ne colle.

Dans ce monde où rien ne va plus, la file d’attente devant la sécu est longue, très longue. Si longue qu’elle commence au milieu de la nuit, malgré le froid. Autour d’un bidon dans lequel brûle un misérable feu autour duquel la misère n’a plus d’âge. Où elle n’a plus l’âge d’avoir un âge.

Tu sais quoi grand-père ? Ce n’est pas la chute qui nous tue, c’est de s’arrêter brusquement. Tu comprends ? C’est s’arrêter brusquement qui nous tue.

Quelques femmes, Mihàlis Ganas (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 18 Mars 2017. , dans Quidam Editeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Nouvelles

Quelques femmes, trad. grec Michel Volkovitch (Γυναικών, 2010), 68 p., 10 € . Ecrivain(s): Mihalis Ganas Edition: Quidam Editeur

 

Voilà un poète et écrivain grec dont on regrette, à peine le livre ouvert, qu’il ne soit pas plus traduit en France. En effet ces quelques portraits ou nouvelles, on ne sait trop, ont un pouvoir de séduction rare, de par leur langue comme de par les images qu’ils convoquent, ou plutôt invoquent. Considéré en terre grecque comme l’une des grandes voix poétiques contemporaines, il faut tout l’art du traducteur pour nous les faire partager, même imparfaitement, même partiellement. Nous ignorons tout de la langue grecque, mais le pouvoir de ces textes est aussi de nous donner une puissante envie de découvrir cette langue, avec sa musique propre.

La simplicité de ces portraits nous touche aussi, pris dans le quotidien le plus ordinaire, jusqu’à en être banal (mais pas trivial) que le regard de l’écrivain rend unique, extraordinairement complice, jusqu’aux frontières de l’intime qu’il franchit parfois à pas de loup. Portraits ou nouvelles, portraits et nouvelles tout à la fois. De femmes mais aussi d’hommes.

Infini. L’Histoire d’un Moment, Gabriel Josipovici (2ème critique)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 15 Juin 2016. , dans Quidam Editeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Infini. L’Histoire d’un Moment, janvier 2016, trad. anglais Bernard Hoepffner, 164 pages, 18 € . Ecrivain(s): Gabriel Josipovici Edition: Quidam Editeur

 

Gabriel Josipovici (1940) a, on le suppose, rencontré la musique de Giacinto Scelsi (1905-1988) et en a subi un choc, une fascination telle qu’il lui a fallu écrire un roman aussi bref qu’intense gravitant autour d’un compositeur, Tancredo Pavone, dont la biographie ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Scelsi. Cela va même plus loin, puisque dans une note en fin de volume « l’auteur aimerait remercier la Fondation Isabella Scelsi, Rome, de l’avoir autorisé à incorporer des fragements des écrits de Scelsi dans son récit ». Là, le lecteur potentiel s’interroge : n’aurait pas mieux valu écrire une biographie de Scelsi, lui qui a déjà fait l’objet de quelques essais ? Etant donné le résultat obtenu par Josipovici, la réponse est sans nul conteste négative : avec Infini. L’Histoire d’un Moment, l’auteur britannique est à la fois bien en-deçà et bien au-delà de l’exercice biographique. Le fait d’avoir créé un double fictionnel de Scelsi et, surtout, d’avoir choisi une forme romanesque originale, permet de centrer son propos sur le phénomène de la création artistique, musicale en particulier, et d’ainsi intéresser n’importe quel lecteur à son propos, pas juste les amateurs de Scelsi – dont les œuvres, il faut bien l’avouer sont quelque peu absconses aux oreilles du néophyte…