Les dictionnaires amoureux sont parfaitement subjectifs – c’est leur cachet – et celui du membre de l’Académie Goncourt ne déroge pas à l’office qu’il se donne : faire résonner le plaisir de lecture, quel que soit le nom choisi. Et, en fait de noms, les plus grands s’y trouvent et quelques incongrus aussi (fallait-il y loger des Rebatet, Robbe-Grillet ou Nothomb ?). Mais tel livre comporte, au-delà des noms, des chapitres brefs consacrés aux ateliers d’écriture, à la critique, à la machine à écrire, aux tombes, aux titres… que sais-je encore.
Certaines notices un peu lapidaires montrent qu’on ne peut pas aimer tout le monde (Sagan, Diderot…) ; d’autres réjouissantes parce qu’elles offrent un autre regard sur des écrivains véritablement doués (Quignard, Drieu, Proust, Green). La quête d’Assouline fouine un peu partout et ses trésors sont multiples pour qui veut prendre la peine de lire des notes copieuses (Thomas Bernhard, entre autres), apprendre des secrets de fabrication, des propos de boudoir, assumer certains choix (Céline), éveiller à la conscience littéraire, se convaincre du génie de certains (Gracq, etc.). Mais Zola, Morante, Pasolini, me direz-vous ? L’épée de l’électeur a tranché sa matière et le lecteur chagrin n’aura qu’à se plaindre sans légitimité. Certaines œuvres, en revanche, sont choisies et donnent lieu à des notices : Brèves de comptoir, Contre Sainte-Beuve, Le deuxième sexe, Journal de Kafka, Stendhal, Le livre de l’intranquillité, La route, etc.