Identification

Les Livres

Attila, Edward Gibbon

Ecrit par Vincent Robin , le Jeudi, 19 Décembre 2013. , dans Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Iles britanniques, Petite bibliothèque Payot, Histoire

Attila, traduit de l'anglais (GB) François Guizot novembre 2013, 128 pages, 7,15 € . Ecrivain(s): Edward Gibbon Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Au XVIIIe siècle, l’Anglais Edward Gibbon laissait derrière lui une œuvre historique et littéraire distinguée par la qualité de son écriture et par son érudition. Née sous la plume de ce talentueux mémorialiste et décrypteur des temps antiques, l’Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain avait ainsi été publiée à Londres en trois volumes à partir de 1776. La conception de cet ouvrage s’était imposée à la suite d’un marquant voyage de l’écrivain à Rome. Dès 1812, côté français, alors titulaire d’une chaire d’histoire moderne à la Sorbonne, François Guizot produisait la traduction intégrale des travaux romains de son éminent confrère et prédécesseur britannique. Judicieusement, les Editions Payot ajoutent cette fois à la publication un passage habilement tiré de cette étude formidablement traduite par notre historien-académicien national du XIXe siècle. C’est ainsi, sous la forme d’un rougeoyant petit fascicule d’une centaine de pages titré Attila qu’est divulgué aujourd’hui cet instructif fragment de l’œuvre romaine de Gibbon servie avec brio par l’historien français de l’époque napoléonienne.

Fugue)s(, Walid Hajar

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Ipagination

Fugue)s(, 20 novembre 2013, 288 pages, version numérique : 6,99 € . Ecrivain(s): Walid Hajar Edition: Ipagination

 

Lisa Elatre-Levy, de père antillais, de mère polonaise ashkénaze, rêve de « réussir », de sortir de la banlieue, de gravir les échelons, refuse « le système » de la reproduction générationnelle définie par Bourdieu, et rejette la perspective de connaître la vie médiocre qu’ont vécue ses parents.

Fugue.

David, amant de Lisa, rêve de faire avec elle son alya… et le réalisera sans elle…

Fugue.

Salem Bensayah, fils d’immigrés nord-africains, bac+5, rêve d’échapper à la discrimination à l’emploi que lui vaut son nom arabe. Et quand la réussite est là, que l’avenir professionnel s’annonce financièrement brillant…

Vie électrique, Jean-Philippe Rossignol

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 18 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Vie électrique, 173 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Rossignol Edition: Gallimard

 

Premier roman intéressant d’un jeune auteur qui s’attache à faire que sa vie chemine en prenant doucement la main de la transgression ; car, comme l’écrit Michel Foucault dans Préface à la transgression (in Hommage à Georges Bataille, Critique, n°195-196, août-septembre 1963), « [r]ien n’est négatif dans la transgression. Elle affirme l’être limité, elle affirme cet illimité dans lequel elle bondit en l’ouvrant pour la première fois à l’existence ».

S’ouvrir à l’existence est en effet la vocation de tous les instants de Jean-Philippe Rossignol, rendue lisible par ce roman conçu comme témoignage.

Témoignage d’une vie, d’une pensée.

Vie et pensée mêlées.

Et il faut, étrangement, pour saisir toute l’ambition de Jean-Philippe Rossignol, faire un détour par une auteure qu’il ne cite jamais : Anaïs Nin. Et plus précisément son Journal. Encore plus précisément : les dates du 10 et 21 mai 1933, du 12 juin 1934 et du 10 janvier 1937.

Moment d’un couple, Nelly Alard

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Moment d’un couple, octobre 2013, 376 pages, 20 € . Ecrivain(s): Nelly Alard Edition: Gallimard

 

Autour de la rupture d’un couple. Autrement dit, « le » sujet du roman par excellence. Celui qui traverse les écritures de – presque – tous les écrivains. Les moments – tous – où l’arbre se fend de partout. L’orage au scalpel. Le – indépassé ? indépassable ? La femme rompue de Beauvoir, la référence. Du reste, comme le livre dans le livre, le poche – Beauvoir s’invite dans le récit de Nelly Alard ; il est relu, objet de comparaisons ; les personnages courent y lire la suite de leur propre histoire.

La nouvelle de Beauvoir finit par ces mots posés comme un voile de deuil : « J’ai – (la femme trompée) – peur. Et je ne peux appeler personne au secours. J’ai peur », quand ce livre-ci clôt sur : « Il – (un ancien amant) – l’appelle Il y a un petit manque quand même. Ils se voient demain soir »… entre les deux romans, 60 ans. Un univers, une galaxie de différences ? Voire !

Le dilemme du prisonnier, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Le dilemme du prisonnier, traduit de l’Américain par Jean-Yves Pellegrin, août 2013, 500 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Au nom du père


Pour comprendre la complexité du troisième roman de Richard Powers, il faut dès le commencement de la lecture s’intéresser au titre de l’ouvrage car il porte en lui toute l’essence de l’œuvre. En effet, « le dilemme du prisonnier » est une expression très connue et qui a fait date dans le monde du jeu et par extension dans l’univers de la politique et de la négociation. Elle a été élaborée par A.W. Tucker. « Le dilemme du prisonnier » désigne une situation de jeux où deux joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où de fortes incitations peuvent convaincre un joueur rationnel de trahir l’autre lorsque le jeu n’est joué qu’une fois. Pourtant si les deux joueurs trahissent, tous deux sont perdants. Comprenant la difficulté pour le public de comprendre le principe du jeu, A.W. Tucker l’explique sous la forme d’une histoire : Deux suspects sont arrêtés par la police. Or les policiers n’ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre.