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Les éditions de Minuit

Les Éditions de Minuit sont une maison d'édition française, fondée par Jean Bruller et Pierre de Lescure en 1941, pendant l'Occupation allemande de la France. En février 1942 est publié le premier ouvrage, Le Silence de la mer de Vercors (pseudonyme de Bruller).


La Maladie de la mort, Marguerite Duras (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 18 Février 2019. , dans Les éditions de Minuit, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Théâtre

La Maladie de la mort, 64 pages, 7 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Les éditions de Minuit


Marguerite Duras (1914-1998)

Peu d’écrivains ont marqué autant leur temps que Duras au vingtième siècle, à la fois par leur parcours personnel et par leur œuvre. Enfant du colonialisme français en Indochine qui littérairement inaugura sa bibliographie en 1950 avec Un Barrage contre le Pacifique, témoin actif de la Résistance et de la déportation (celle de R. Anselme), ou encore commentatrice contestée de l’affaire Grégory, Duras n’a pas cessé d’entrecroiser vivre et écrire. Elle n’est d’ailleurs pas prisonnière d’un seul genre littéraire ni d’un mode d’expression unique. Elle a écrit des romans, des récits, des pièces de théâtre, des adaptations de certaines de ses œuvres. Elle a aussi filmé.

La plupart de ses textes sont publiées aux éditions de minuit.

La vérité sur « Dix petits nègres », Pierre Bayard (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 09 Janvier 2019. , dans Les éditions de Minuit, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La vérité sur « Dix petits nègres », janvier 2019, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Pierre Bayard Edition: Les éditions de Minuit

 

Un héros sans peur mais non sans reproche

Transformant la perspective qui accorde au seul auteur, lecteur ou critique le droit de parler des personnages, ici celui qui a commis le crime des Dix petits nègres d’Agathe Christie prend la parole.

Et ce pour une raison majeure : la romancière s’est trompée. Or, le personnage n’est pas de ceux qui veulent rester impunis. Il propose donc une enquête de l’enquête bâclée. Le criminel donne son avis « insoupçonnable » sur le texte dont il est objet. Tandis que tant le suspect se défile, à l’inverse celui-ci (ou celle-là) s’assume.

Ce livre de critique aussi ironique et surprenant se transforme comme le dit l’auteur en « roman policier ». Il se déroule en quatre temps : EnquêteContre-enquêteAveuglement, et Désaveuglement. Et le narrateur avant de quitter le livre donne son juste avis sur la victime, le meurtre et l’assassin (à savoir lui-même) en découvrant les nombreuses erreurs d’Agatha Christie, ses biais cognitifs et ses illusions d’optique.

L’Urgence et la patience, Jean-Philippe Toussaint

Ecrit par Carole Darricarrère , le Vendredi, 01 Juin 2018. , dans Les éditions de Minuit, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

L’Urgence et la patience, 107 pages, 11 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Toussaint Edition: Les éditions de Minuit

Lu dans un trou de la vue entre minuit et minuit cinq à quelques bâillements de serrures et années de distance du temps fortuit de son achat, cet essai, ces confessions, ce fourre-tout éclectique, ce petit livre blanc light comme un jour de jeûne – petit c’est parfois dense – dans lequel il n’est question cette fois ni de fuir ni de faire l’amour mais bel et bien de regarder non son nombril mais les articulations de la langue de face dans sa propre altérité, dans ses zones de cohabitation comme d’exclusion – car c’est la langue dans ses rythmes qui agit l’écrivant et non le contraire – ; de se poser, en appariteur du monologue, le temps de trier-classer-compter-compiler un nombre épars de papiers anciens, rassemblés de droite et de gauche au centre, sous couvert de la question de l’urgence et (de) la patience entendues comme deux piliers de l’écriture, non sans une certaine inclination complaisamment contemporaine de chef-cuisinier cosmopolite habile dans l’interprétation qu’un filet de sauce à lui seul a le pouvoir de conférer à un mets, auquel une réputation sans faute s’attache, lui intimant une légitime tentation de s’asseoir sur le laurier, ce petit snack, entre deux plats de consistance ce sorbet, un Perrier-citron se prêtant à ce selfie sans craindre le snobisme, ce très léger sentiment d’ivresse que procurent les apnées entre deux inspirations, cet opus d’une minceur absolue ayant longuement glissé de pile en pile hors de ma vue, cette plume postmoderne dans le vent des pages enfin stabilisée entre mes deux mains voici ce qu’il en reste : un sentiment de faim extrêmement dense.

Une chance folle, Anne Godard

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 20 Octobre 2017. , dans Les éditions de Minuit, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Une chance folle, septembre 2017, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Anne Godard Edition: Les éditions de Minuit

 

Sauvée après avoir été brûlée par de l’eau bouillante suite à un accident domestique, lorsqu’elle était bébé, Magda, la narratrice, survit avec une blessure qui peine à se refermer. Elle s’élargit même, eu égard à ce qu’on en dit. Si bien que le corps au lieu d’être carapace devient un territoire presque « abject » d’exposition aux yeux du monde. Au fil de sa narration, Magda tente de remonter l’histoire de sa vie et de son corps dont le haut à l’exception d’un visage (superbe) a été altéré.

Cette histoire, elle la connaît trop. Sa mère n’a cessé de la ressasser devant tous ceux qu’elle croisait comme pour justifier son propre chemin de croix. De toute ces douleurs, la narratrice tente de se débarrasser en précisant au lecteur : « Pardon pour la laideur infligée, j’étais petite, je ne me souviens plus, mais vous avez le droit à des explications, ma mère m’en a légué tout un sac, tenez, écoutez, et ensuite laissez-moi passer, je ne veux pas déranger ».

Trois jours chez ma tante, Yves Ravey

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 05 Octobre 2017. , dans Les éditions de Minuit, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Trois jours chez ma tante, septembre 2017, 190 pages, 15 € . Ecrivain(s): Yves Ravey Edition: Les éditions de Minuit

 

L’œuvre au noir

Il est de vieilles tantes coriaces. Le héros d’Yves Ravey est bien placé pour le savoir. Il est vrai que lui-même n’est pas un ange. Sinon du genre noir. Mais la première reste sur ses gardes : à l’approche de sa fin et au moment de signer le chèque et de le remettre à son neveu, elle se demande encore s’il ne serait pas plus simple « de le mettre directement à l’ordre de la mission humanitaire responsable de l’école » plutôt qu’au nom de son parent. Celui-ci lui rappelle à bon escient que « le mieux c’est quand c’est personnel ». Mais pas question de dévoiler la fin.

Il s’agit plutôt de remonter l’histoire de Marcello Martini qui, après vingt ans d’absence, est convoqué par sa tante. Occasion pour elle d’annuler son virement mensuel et le déshériter. L’humiliation, on s’en doute, ne serait pas que morale. Mais Ravey – et comme toujours – s’amuse au dépend de ses personnages. Et plus particulièrement de celui qui tente de détourner son destin promis par l’assèchement financier. Même un budget serré ne sauverait pas la vie du sombre héros : il ne serait que plongé un peu plus dans un abîme de doute et de ratages.