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Le Livre de Poche

Le Livre de poche (parfois abrégé LDP) est, à l'origine, le nom d'une collection littéraire apparue le 9 février 1953 sous l'impulsion d'Henri Filipacchiet éditée par la Librairie générale française, filiale d'Hachette depuis 1954.


Le Poids de la grâce, Joseph Roth (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Mars 2022. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman

Le Poids de la grâce (Hiob, Roman eines einfachen Mannes, Berlin, 1930), trad. allemand (Autriche) Paule Hofer-Bury, 253 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Joseph Roth Edition: Le Livre de Poche

 

Un étrange roman dans l’œuvre de Joseph Roth. Comme un conte du Shtetl sorti des villages reculés de Russie au début du XXème siècle. Tout y est, même une forme de « Il était une fois » inaugural : « Voici déjà bien des années que vivait à Zuchnow un homme qui avait pour nom Mendel Singer ». Et puis tous les éléments traditionnels du genre : une famille juive, très pauvre, très croyante, très malheureuse. D’autant plus que le petit dernier des quatre enfants, Ménouhim, est plus ou moins infirme : des petites jambes arquées, un cou gracile qui ne parvient pas à tenir sa tête droite et il est muet, à l’exception d’un mot qui sert à tout : « ma-ma ».

Roth fige le paysage alentour dans des images qui semblent tout droit sorties d’un recueil de clichés d’une Russie finissante, accentuant ainsi la couleur de vieux conte du shtetl :

La Neige noire, Paul Lynch (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 01 Février 2022. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

La Neige noire (The Black Snow, 2014), trad. anglais (Irlande) Marina Boraso, 306 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Paul Lynch Edition: Le Livre de Poche

L’Irlande de Paul Lynch est noire. Plus que noire, elle est trou noir, qui avale êtres et choses, vies et destins.

Il est revenu d’Amérique, avec sa femme américaine. Il rêvait du pays, quitté par pauvreté pour se faire un petit capital. Perché sur les poutres des gratte-ciel new yorkais, comme un funambule, il n’a jamais cessé de penser à la terre natale et à son retour. Il est revenu en Terre Promise et sa femme lui a donné un garçon. Le bonheur édénique enfin gagné.

Lynch raconte alors la chute – celle qui n’a pas eu lieu dans le ciel de New York où Barnabas Kane dansait sans peur sur les poutrelles et les structures métalliques des chantiers, celles où les ouvriers « se déplaçaient aussi sûrement que des mouettes ». Une chute sans rémission, dans laquelle la fatalité prend toute la place, inéluctable comme un noir destin. Le roman est entièrement construit autour de cette chute – mètre après mètre, chapitre après chapitre, s’égrenant comme les minutes d’une horloge infernale que rien ni personne ne peut arrêter. Chaque étape semble élargir l’enfer, abîmer les trois personnages de la famille Kane, les détruire, leur enlever peu à peu la raison et l’humanité. Même la nature autour de la ferme familiale se fait de plus en plus hostile, tempétueuse, froide et sombre.

Chronique d’une mort annoncée, Gabriel Garcia Marquez, Le Livre de Poche (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 30 Novembre 2021. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Chronique d’une mort annoncée (Crónica de una muerte anunciada, 1981), Gabriel Garcia Marquez, Le Livre de Poche, 1987, trad. espagnol (Colombie) Claude Couffon, 116 pages, 5,70 € Edition: Le Livre de Poche

Le titre du roman induit les jeux de temps auxquels Garcia Marquez se livre dans ce récit. « Il mourra, il est mort, il meurt » scandent les lignes de l’assassinat de Santiago Nasar. La virtuosité sans pareille du maître colombien conjugue à l’envi ce verbe, nous entraînant dans un tourbillon narratif aussi vertigineux que réjouissant. Car ce roman, baroque et burlesque de bout en bout, est d’une grande drôlerie. Mais comme il se doit avec le maître colombien, les lignes de tension qui structurent le récit relève des plus hautes traditions classiques.

Ainsi la métaphore christique qui tient la totalité de la narration. Santiago Nasar est condamné par une dénonciation calomnieuse. Les événements qui s’ensuivent – et qu’un chroniqueur-narrateur va rapporter par le menu – constituent une machine infernale que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, pas même les plus hautes autorités qui savent ce qui va arriver. Pilate n’était pas favorable au supplice de Jésus, mais l’opinion publique l’a contraint à laisser faire. Ici aussi la Vox Populi – tout le monde dans la ville est au courant du meurtre qui se prépare sauf… l’intéressé – joue le rôle d’une fatalité meurtrière.

La Tresse, Laetitia Colombani (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 03 Septembre 2021. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Tresse, Laetitia Colombani, 240 pages, 7,40 € Edition: Le Livre de Poche

 

Un premier livre pour cette réalisatrice et scénariste française. Une découverte donc, qui éclaire d’un jour sensible la condition de femmes et de filles aux quatre coins de la planète. Un regard attentif et attentionné sur le sort peu enviable des femmes, à l’heure où l’internet et les réseaux semblent défier les coutumes ancestrales. La jeune romancière a pris le pari de « tresser » trois histoires pour en livrer à la fois l’injustice, la correspondance et le combat contre la bêtise, les traditions mutilantes. Trois univers sont décrits, d’une plume très réaliste, sur un ton empathique qui emporte le lecteur vers des terres étrangères, qui semblent, de loin, si étranges, comme si le temps nous avait déplacés.

On est en Inde avec une Intouchable, Smita, décidée coûte que coûte à libérer sa fille Lalita de tous les jougs. Les Intouchables en Inde sont les réprouvés, les exclus, les ramasseurs de merdes (c’est le « métier » de Smita). Ils ne peuvent ni toucher ni vivre au contact des autres castes. Pour eux, aucune éducation, aucune libération. Les discours de Gandhi en leur faveur n’ont eu aucun résultat. Smita va se battre, ruer dans les brancards, se mettre en danger pour trouver autre chose pour elle, et surtout pour sa fille.

Les Animaux dénaturés, Vercors (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 03 Mars 2021. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Animaux dénaturés, Vercors, 222 pages, 4,50 € Edition: Le Livre de Poche

 

Le roman s’ouvre sur un infanticide immédiatement revendiqué par Douglas Templemore. Comment ce journaliste de trente-cinq ans, passionné de littérature et jeune époux très amoureux de Frances, est-il devenu assassin ? Tout commença, lors d’une expédition qu’il accompagnait en Nouvelle-Guinée, par la découverte des Tropis. Mais ces êtres sont-ils des hommes ou des animaux ? Les passions vont se déchaîner autour de la question.

 

« Si la cour voulait simplement nous rappeler… la… quoi, la définition de l’homme, la définition ordinaire, enfin celle dont on se sert en général, quoi, la définition légale, juridique… est-ce que… quand même, cela ne déborderait pas les attributions de la cour ?

– Non, dit le juge en souriant ; toutefois, cette définition légale, il faudrait d’abord qu’elle existe. La chose est étrange peut-être, mais le fait est qu’elle n’existe pas » (Chapitre XIV)