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Le Livre de Poche

Le Livre de poche (parfois abrégé LDP) est, à l'origine, le nom d'une collection littéraire apparue le 9 février 1953 sous l'impulsion d'Henri Filipacchiet éditée par la Librairie générale française, filiale d'Hachette depuis 1954.


La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 07 Juin 2023. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, En Vitrine, Cette semaine

La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann, Le Livre de Poche, trad. allemand, Félix Bertaux, Charles Sigwalt, Axel Nesme, 138 pages . Ecrivain(s): Thomas Mann Edition: Le Livre de Poche

 

Roman d’un déclin inéluctable inscrit dans une Venise glauque, écrasée de soleil et de puanteurs, assaillie par une épidémie de choléra, La Mort à Venise est un thrène dédié à la vieillesse et à la déchéance d’un homme. Loin, très loin des clichés de la Venise des fêtes et des touristes de la Place Saint-Marc, cette novella nous invite à entendre les derniers élans, la dernière passion, les derniers doutes, le dernier désespoir, le dernier souffle de Gustav Aschenbach, un écrivain quinquagénaire, venu à Venise pour nourrir son amour des arts et échapper un temps à sa ville d’origine, Munich, qui le déprime.

C’est un Ange qui va l’accompagner dans ce dernier chemin. Un Ange droit sorti d’un tableau de Léonard, aux traits fins, presque féminins, aux cheveux longs et ondulés. Tadzio. Dans les lignes qui suivent, surgit le Saint Jean-Baptiste de maître Leonardo, et Mann place l’image réelle au-dessus de celle de l’artiste.

Adrienne Mesurat, Julien Green (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 14 Février 2023. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, En Vitrine

Adrienne Mesurat, Julien Green, 377 pages, 7,90 € Edition: Le Livre de Poche

 

Adrienne Mesurat, assurément, a sa place dans les grandes figures de la littérature française. Julien Green, à travers cette femme recluse dans sa vie autant que dans ses rêves, comme dans une âme hermétiquement close, nous offre un portrait unique d’obsessionnelle, vivant dans une famille d’obsessionnels. Dans sa préface, Julien Green souligne que son roman a été souvent accueilli, à son grand dam, par le signalement de son caractère freudien. Étonnamment, c’est plus encore son caractère anachroniquement « lacanien » qui va nous intéresser ici.

Adrienne Mesurat est un roman borroméen. Partant d’un trio de personnages liés étroitement les uns aux autres, Green va défaire le nœud qui les tient à la manière d’un nœud borroméen* – passion de Jacques Lacan – c’est-à-dire en défaisant un anneau du nœud qui libère du coup les deux autres. La métaphore du nœud borroméen est encore plus frappante quand on sait que, pour Lacan, les trois anneaux (ou maillons) du nœud symbolisent le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire. Or il est entendu en psychanalyse que la folie tient à la confusion de ces trois ordres. Adrienne Mesurat, au long de ce roman, va peu à peu fusionner (« confusionner ») les trois, s’écartant tragiquement de leurs dimensions propres.

La Vagabonde, Colette (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Vagabonde, Colette, Le Livre de Poche, 256 pages . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

 

Renée Néré est « la vagabonde », et dans le palindrome presque parfait qu’imposent ce prénom et ce nom, c’est bien l’idée de l’effet miroir qui est soulignée à travers le portrait de cette héroïne, le miroir que Colette se tend à elle-même en écrivant et en décrivant le parcours d’une femme libre autant que seule. On peut même se demander si l’objet du miroir n’est pas au centre de ce roman, car il revient régulièrement, comme pour rappeler à l’héroïne ce qu’elle croit dissimuler au fond de ses traits, et il est à vrai dire présent dès les premières lignes : « … je vais me trouver seule avec moi-même, en face de cette conseillère maquillée qui me regarde, de l’autre côté de la glace, avec de profonds yeux aux paupières frottées d’une pâte grasse et violâtre. (…) Elle me regarde longtemps, et je sais qu’elle va parler… Elle va me dire : / « Est-ce toi qui es là ?… (…) » / Oui, c’est l’heure lucide et dangereuse… ».

Le Serpent majuscule, Pierre Lemaitre (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 20 Juin 2022. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman

Le Serpent majuscule, 305 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): Pierre Lemaitre Edition: Le Livre de Poche

 

Comme il l’écrit dans son avant-propos, c’est un livre jamais confié à un éditeur, datant de 1985, que Pierre Lemaitre offre ici à ses lecteurs. Pressé par ces derniers de faire paraître un nouveau roman noir alors qu’il en est sorti, il a retrouvé celui-ci qui présente déjà la plupart des thèmes développés par la suite dans ses livres mais à une époque sans téléphone portables, ni GPS, ni ADN, fichiers centralisés. Ce livre est une rareté, prenez-en soin, dégustez-le.

Mathilde, soixante trois ans, 78 kg sur la balance, file sur l’autoroute de Normandie, où elle a passé le week-end chez sa fille, en direction de Paris. Elle s’énerve des encombrements et de la difficulté à digérer les poireaux vinaigrette. Sur la banquette arrière, Ludo, son chien, un dalmatien, est plutôt calme ; pourtant, il n’est pas toujours en confiance avec sa maîtresse à cause de ses brusques sautes d’humeur.

Le Livre des préfaces, Gérard Klein (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 02 Mai 2022. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Anthologie

Le Livre des préfaces, Gérard Klein, octobre 2021, textes réunis par Ellen Herzfeld et Dominique Martel, 1240 pages, 21,90 € Edition: Le Livre de Poche

« La Science-Fiction est la meilleure gymnastique de l’esprit moderne. Pendant trois ans de sa vie, chacun d’entre nous devrait dévorer de la Science-Fiction au kilomètre. C’est comme le polar ou la bédé, ces récits façonnent aujourd’hui notre vision du monde. La SF ouvre les portes de l’imaginaire, joue avec la combinatoire des futurs possibles ou impossibles, fait travailler le cerveau droit, celui de l’intuition et du prophétisme, familiarise avec les grands déferlements et les grands changements ».

Ces mots de Gérard Klein sont extraits de la préface à Histoire de Science-Fiction, une anthologie promotionnelle proposée dans le magazine Actuel en 1984, et on ne saurait mieux dire – pour les trois genres proposés (auxquels pourrait être adjointe la Fantasy), puisqu’on a soi-même dévoré ces genres par instinct et par goût, et que l’on se replonge avec délectation dans un bain régulier de récits de science-fiction, parce que l’on sent bien que l’imaginaire en ressort revigoré – et qu’on en éprouve un plaisir qu’on laisse aux imbéciles le plaisir douteux de nommer « honteux ». De même qu’est assouplie la façon de penser, d’envisager le monde – et pas uniquement à cause du contenu de ces romans, mais aussi par leurs jeux formels et narratifs.