Plus jamais ça (Ayer no más), le dernier roman d’Andrès Trapiello traduit en français, fait partie de ces récits qui jouent avec une grande habileté à brouiller les frontières entre fiction, réalité et œuvre en train de se faire, de s’écrire, voire d’être lue. Le narrateur central de ce récit est en effet auteur du livre que nous avons entre les mains, mais il n’est pas l’auteur lui-même, car celui-ci est explicitement mentionné, et critiqué, dans un des chapitres du roman. Mais est-ce bien encore un roman ? L’ironie est poussée jusqu’à la description du livre que vous avez entre les mains, à sa couverture (dans l’édition française, il n’en reste une image, importante, que sur le bandeau promotionnel, qui disparaîtra sans doute rapidement).
De quoi s’agit-il ? De mémoire, d’histoire et de fiction. De vérité, de secret et de mensonge. Encore ! pourrait dire l’auteur lui-même tant ces questions semblent être devenues des « incontournables » dans l’Espagne et la littérature espagnole contemporaine. Comme dans sans doute beaucoup de pays où le souvenir d’une dictature est encore très vif. Trop vif. Pour ne pas dire « à vif », comme on le dit d’une plaie exposée à toutes les germes infectieux.