Le titre français est une sorte de parfaite antiphrase. C’est un polar sombre venu d’un pays dont les symptômes ne le sont pas moins. L’Autriche d’aujourd’hui.
Il faut dire d’entrée que le décor, une petite ville autrichienne quasi rurale, est le cadre idéal pour une plongée inquiétante dans les maux qui ravagent la société autrichienne (seulement autrichienne ?) et ses citoyens : la haine de l’autre, la xénophobie, l’individualisme. Ils font une toile de fond permanente à l’enquête sur un meurtre que se partagent un flic débonnaire, Ludwig Kovacs, et un psychiatre pour adolescents, pessimiste mais plein d’humour, Raffael Horn (« double » de l’auteur, psychologue pour enfants ?).
« Les crânes rasés avaient commencé par boire du champagne à la bouteille, puis ils avaient levé et laissé retomber les chaises. Pour finir, avec des restes de bougie rouge, ils avaient écrit sur le mur « les étrangers dehors », en chantant en chœur Ils tremblent, les os pourris. Quant à un vieil homme qui avait dit n’avoir que trop entendu ce chant dans sa vie, ils lui avaient cassé le nez avec un moulin à poivre. »