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La Une Livres

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, Jean-Marie Laclavetine

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 02 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, janvier 2016, 288 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Laclavetine Edition: Gallimard

 

« Le jour où l’un de nous arrive sans une histoire à raconter, l’autre est tenu de le quitter sur-le-champ, sans explication, sans regret, sans retour. D’accord ? »

 

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, paru cette année chez Gallimard, est un roman sur le sentiment amoureux qui se raconte des histoires comme pour alimenter à chaque instant le feu d’un amour clandestin, contrarié par les mensonges, les silences, d’un amour physique dévorant l’autre, comme une évidence, mais aussi d’un amour sur et par la littérature.

Comme si la fiction avait ouvert les grilles des cages, du mur de l’enceinte pour mieux émerger, « ivres de mots, sans les draps qui étaient le camp de base », de belles histoires. L’histoire d’une rencontre dans les plis de la guérison, dans le lit de la vie. Certes, vivant en amoureux de passage, il y en eût des étoiles filantes, les « vrais décevants », les magnifiques, les transparents suffocant dans la vaste mer de l’oubli, qui certains soirs dans son cortège d’ombres « donne la nausée avec ses balancements incessants, son écume noire, ses phosphorescences glauques ».

L’art et la formule, Jean-Yves Pouilloux

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 01 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Gallimard

L’art et la formule, juin 2016, 196 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Yves Pouilloux Edition: Gallimard

 

Paru dans la collection L’Infini dirigée par Philippe Sollers, le nouvel essai de Jean-Yves Pouilloux rassemble une douzaine d’études consacrées à des œuvres pour le moins disparates. De Montaigne à Michon, de Proust à Hollan, Queneau, Paulhan, Bouvier, Jourdan… écrivains et peintres s’y côtoient, et entretiennent un passionnant dialogue qui fait fi des moyens d’expression, des genres et des siècles.

Mais loin d’être fortuite, cette accointance révèle en réalité, chevillée au corps, une conviction de l’essayiste. C’est que ces œuvres, par-delà leur hétérogénéité, sont mues par une préoccupation analogue : celle d’ouvrir à la pleine perception du monde dans l’instant du présent vécu. Ambitieux projet auquel il arrive que l’art ne renonce pas, pour peu que l’artiste sache s’abandonner à la sollicitation sensuelle qui lui livre accès à l’immédiateté de l’être dans la pleine richesse de la mémoire et de l’expérience : « l’instantané, contrairement au sentiment, à l’idée que nous nous en formons facilement, contient en réalité toute l’épaisseur du temps ; il enclot au moins en puissance tout son déploiement » (p.34).

Un paquebot dans les arbres, Valentine Goby

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 01 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

Un paquebot dans les arbres, août 2016, 271 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Valentine Goby Edition: Actes Sud

 

Le titre du roman peut prêter à confusion, ce n’est pourtant pas d’une allusion à un tableau de Magritte dont il est question dans le récit. Le mot « paquebot », Valentine Goby nous l’apprend, a désigné dans les années cinquante les sanatoriums, en raison de la similitude de leur architecture d’avec celle des paquebots.

Nous sommes dans les années cinquante, au cœur de ces Trente Glorieuses, perçues par beaucoup de nos contemporains comme l’âge d’or de l’après-guerre. Paul Blanc et son épouse Odile tiennent un café dans une localité de la région parisienne, La Roche-Guyon, Le Balto. Il y fait bon vivre, on y organise des réunions, des repas arrosés, des concerts d’harmonica assurés par Paul, dit Paulot, qui apporte à son auditoire captif un peu de bonheur, de joie de vivre, de chaleur humaine. Ils ont trois enfants, Jacques, Annie, Mathilde. Elle est la dernière, se sent un peu illégitime car elle a su que sa venue n’était pas autant désirée que celle de ses frère et sœur.

La disparition des lucioles (réflexions sur l’acte photographique), Denis Roche

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 31 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Arts, Seuil

La disparition des lucioles (réflexions sur l’acte photographique), mai 2016, 204 pages, 25 € . Ecrivain(s): Denis Roche Edition: Seuil

 

La photographie comme vertige.

C’est en 1974 que Denis Roche – écrivain, photographe et éditeur – fonda au Seuil la collection Fiction & Cie, qui réédite, moins d’un an après la disparition de celui qui fut aussi poète, La disparition des lucioles (réflexions sur l’acte photographique), initialement paru en 1982 aux Editions de l’Etoile. Il s’agit d’un livre hybride, entre l’essai théorique et l’autobiographie, d’un livre-patchwork où se côtoient textes, entretiens et préfaces déjà parus, textes inédits et photographies qui interrogent les rapports entre la littérature et la photographie.

Denis Roche est un de ceux – avec Roland Barthes (La Chambre claire, 1980), Gilles Mora, Claude Nori et Bernard Plossu (fondateurs des Cahiers de la photographie) – qui a donné à la photographie ses lettres de noblesse en la considérant non pas à l’ombre de la peinture, comme elle l’a souvent été, mais comme un art à part entière : « Il faudrait d’abord accepter que la photographie ne soit le décalque ou le substitut de rien, qu’elle soit son propre sujet et que ce sujet seul soit son étude, sa définition, sa visée ».

Lady first, Sedef Ecer

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 31 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre

Lady first, L’Avant-scène Théâtre, juin 2016, n°1405, 128 pages, 15 € . Ecrivain(s): Sedef Ecer

 

« First lady ou lady first »

Sedef Ecer avec Lady First inscrit sa parole dramatique, cette fois-ci au cœur du pouvoir, elle qui jusqu’ici s’attacha dans ses pièces à dire les frontières, les périphéries et les seuils et à parler des humbles. L’action se déroule en effet dans un palais (d’été), lieu de villégiature d’un président sans nom et absent du texte. Unité de lieu, prison dorée dont il faudra tenter de s’évader pour sauver sa peau. Repaire de l’épouse de ce dictateur mésopotamien qui ressemble à bien des autocrates, tyrans de l’Histoire ancienne ou contemporaine. D’une certaine manière, comme chez Jarry, la farce politique s’installe « dans un pays de nulle part », « une république bananière » dit le texte p.10, entre deux fleuves, dans une époque indéterminée. Quelques éléments nous transportent dans un orient musulman indéfini, hétérogène. Les quatre personnages portent des noms (Ishtar, Yasmine, Gazal et Elish) qui renvoient soit à la mythologie orientale antique, soit à des noms arabisants.