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Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Anne-Marielle Wilwerth (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 25 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Éditions Le Taillis Pré, 2019, 98 pages, 14 € . Ecrivain(s): Anne-Marielle Wilwerth

 

Comme pour laisser ouverte l’infinitude qui l’habite, Anne-Marielle n’a pas numéroté la page du dernier texte du recueil, laissant peut-être ainsi s’échapper les mots afin qu’ils se fassent, en pensées, oiseaux libérés confondus avec les lentes vagues de l’écrit qui, presque en permanence, l’habitent : « Les mots/ de l’inespéré à eux seuls/ sont capables d’ouvrir/ le monde ».

Si les thèmes d’Anne-Marielle Wilwerth sont universels, la manière de les appréhender est très personnelle : « ce que le bleu ne sait pas du fragile », la poète le sait mieux que personne.

Elle a appris. Dans le sens noble du terme, avec patience et progressivité, construisant, de livre en livre, un univers propre dans lequel, promeneuse, elle guide le lecteur dans le sens humain et littéraire de ses bonnes intentions à faire éclore, faire découvrir le monde à la fois réel et onirique qui l’habite.

L’auteur utilise, à bon escient, le mot choisi nécessaire à sa vocation partageuse : « Les vagues/ parlent si bas/ qu’on les entend à peine/ C’est l’instant où le silence/ éteint l’incendie/ des inutiles bavardages ».

Les 250 livres préférés du Club de La Cause Littéraire (des places 212 à 250)

Ecrit par La Rédaction , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres

 

 

La Cause Littéraire anime un Club sur le réseau social FaceBook. Lors d’une « votation » littéraire récente, les membres de ce club dont les noms sont en bas de cette page ont désigné les 250 livres qu’ils préfèrent. Nous vous les présentons, en ordre croissant (du 250ème au 1er) et par tranches de nombres de voix obtenues. Nous publierons 2 tranches par semaine.

Nous espérons que cette sélection vous sera utile dans vos choix de livres.

Nous commençons !

 

Des places 212 à 250 :

Berlin on/off, Julien Syrac (par Marc Ossorguine)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Quidam Editeur

Berlin on/off, avril 2018, 142 pages, 15 € . Ecrivain(s): Julien Syrac Edition: Quidam Editeur

 

Berlin. Ach ! Berlin ! Pas besoin de « sein ein Berliner » pour que cette ville-là occupe une sacrée place dans nos repères culturels européens. Dans nos mythologies européennes, même. Une sacrée place, voire, pour certains, une place sacrée. Berlin. La VILLE. La capitale coupée en deux, fracturée, recollée… Mais sans doute pas libérée pour autant. La ville des rencontres les plus improbables. Celle des alternatives les plus radicales. La ville de toutes les « Kombinationen » entre les mots, les musiques, les couleurs, les ruines et les illusions, les espoirs. Une ville d’histoire du futur qui passe lentement dans nos mémoires, faisant ronfler mille échos.

Si l’on sait comment s’appelle cette ville, ses quartiers, on ne sait comment se nomme ce jeune français qui s’y fait flâneur de ses mythes et de ses mirages. Trois étapes à la manière d’un road movie qu’aurait pu tourner Wim Wenders (Der Himmel über BerlinLes Ailes du désir !). Ange aussi tombé du ciel, apprenti de l’humain et de la ville, il exerce d’étonnantes activités. Etonnantes de trivialité et d’absurdité.

La nuit se lève, Elisabeth Quin (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Grasset

La nuit se lève, Elisabeth Quin, Grasset, janvier 2019, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Elisabeth Quin Edition: Grasset

 

La nuit se lève sur le monde d’Elisabeth Quin. Atteinte d’un glaucome depuis plusieurs années, la journaliste et écrivaine raconte dans cet émouvant récit au titre évocateur ses peurs, son parcours du combattant avec les médecins et ses espoirs, le tout parsemé de citations issus d’ouvrages touchant à la cécité, de textes d’auteurs et de mythes antiques. Le résultat est poignant. L’écrivaine ne semble pas avoir cherché à faire un beau livre ; la langue est directe et personnelle, proche du journal intime, comme l’est le rythme qui fait entendre son souffle, à la fois inquiet et déterminé, paragraphe après paragraphe. Y est tenue la promesse que l’auteure s’était faite : écrire en se mettant à nu.

Présent et futur irriguent principalement le récit. Peu de souvenirs d’enfances, peu d’images dans lesquelles Quin chercherait à donner rétrospectivement un sens à son existence à l’aune de la maladie. La nuit se lève n’est pas la confession nostalgique d’une personne accrochée au passé. Beaucoup de descriptions en revanche, et de questions, à propos du quotidien qu’il lui faut d’ores et déjà réinventer et qu’elle ne peut s’empêcher d’anticiper, lorsqu’il deviendra vraiment difficile : comment prendre une douche ? Pourra-t-elle encore nager ? Comment une aveugle s’envisage-t-elle jour après jour, sans reflet ? Aura-t-elle encore du désir pour l’homme qu’elle aime et qu’elle ne pourra plus voir ?

Willnot, James Sallis (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Rivages/noir

Willnot, James Sallis, février 2019, 220 p. 19 € . Ecrivain(s): James Sallis Edition: Rivages/noir

 

 

Comme il en a l’art particulier, James Sallis déconcerte très vite le lecteur qui s’attend à un « roman noir » traditionnel, voire même à un roman noir tout court. Certes la première page nous fait découvrir un mystérieux charnier mis à jour – entrée classique d’un polar – à l’entrée de Willnot, petite ville (ne cherchez pas, vous ne trouverez pas) américaine dont le nom, à n’en pas douter, met d’entrée en doute l’existence réelle. Sallis en fait, en quelques chapitres, une ville à l’image des personnages auxquels il nous a habitués dans ses romans, une ville de solitaires, d’anxieux, de silencieux mais aussi de solidaires, de tolérants.

Willnot, une bourgade comme aucune autre, où rien ne se fait comme ailleurs, où la volonté commune, et communale, a choisi la marge, la bordure d’une géographie, loin du modèle américain. Les gens de Willnot ne ressemblent à personne.