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Dissonances, revue pluridisciplinaire, #36, Eté 2019 (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 13 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues

Dissonances, revue pluridisciplinaire, #36, Eté 2019, 48 pages, 5 €

Le nouveau numéro de Dissonances fait suite à la précédente livraison, consacrée à la honte, et s’arrête sur le thème de la vérité qui, on le sait, a comme concept traversé toute l’histoire de la philosophie. En 2016, le vénérable dictionnaire d’Oxford, quant à lui, intégrait dans ses pages le terme de « Post-Vérité » à propos du contenu de l’information politique et ses nouvelles modalités bousculées par une approche émotionnelle des discours. La vérité a par ailleurs en français produit un grand nombre de constructions langagières comme le rappelle l’édito de Jean-Marc Flapp. On comprend dès lors tout l’intérêt de proposer à des auteurs et auteures de produire des textes sur le sujet d’autant que la fiction (dans des récits ou nouvelles) ou l’écriture poétique contribuent à interroger, à braver cette idée du Vrai.

La proposition graphique (comme à chaque numéro) d’Hélène Bautista joue sur la mise en forme plastique et chromatique de la vérité comme le montre sur la première de couverture l’image d’une allumette craquée, dont la flamme et le rayonnement lumineux en autant de petits points éclairent la noirceur du carré noir qui sert de cadre. La vérité comme lumière revient dans d’autres illustrations, au fil des pages. Elle est aussi veilleuse (aux deux sens du terme) de l’écrivain, et réverbère des rues (cf. portfolio).

Le Tour de France, Christian Laborde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 12 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Les éditions du Rocher

Le Tour de France, juin 2019, ill. Sonia Lopez, 384 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

 

Christian Laborde, l’écrivain gascon, est un passionné de vélo. On lui doit notamment un Dictionnaire Amoureux du Tour de France (Plon), et plus récemment Robic 47 (Ed. du Rocher). Il a reçu en 2015 la médaille du Tour de France pour l’ensemble de ses livres consacrés aux Géants de la route, des mains de Bernard Hinault, le quintuple vainqueur de la Grande Boucle.

Il s’agit d’un Tour de France aux mille entrées, où l’on croise Louis Aragon – le goût violent de vaincre la nature et son propre corps, l’exaltation de tous pour les meilleurs. René Fallet – Prince du comptoir, des syllabes et du braquet… Laurent Fignon – Il rayonne dans l’exploit, l’attaque, l’assaut, n’assiégeant que les plus hautes citadelles… Mais aussi Antoine Blondin – Le général de Gaulle est le président des Français onze mois sur douze. En juillet, c’est Goddet. Ou encore Lance Armstrong – L’on reproche souvent à Lance Armstrong d’être hautain. Il l’est. Hautain : doué pour les hauteurs. Et enfin – mais une fin toute provisoire – Nico Mattan – Le 13 juillet 2000, le Belge Nico Mattan fait son miel du col de Notre-Dame des Abeilles avant de laisser Marco Pantani-Korsakov interpréter Le vol du bourdon dans le Ventoux.

Des hommes en noir, Santiago Gamboa (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 12 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Amérique Latine, Roman, Métailié

Des hommes en noir, avril 2019, trad. espagnol (Colombie) François Gaudry, 368 pages, 21 € . Ecrivain(s): Santiago Gamboa Edition: Métailié

La réalité est une forêt sauvage, ses yeux de serpent brillent dans l’obscurité avant qu’elle attaque sa proie. Mais le plus dangereux au monde est l’amour qui s’assèche. Celui qui n’a pas pu sortir du tronc de l’arbre, qui s’est enroulé sur lui-même et a mordu son propre cœur.

 

Voilà un polar à la fois subtil et énergique, une enquête captivante dans une Colombie qui soigne tant bien que mal ses blessures, menée par des personnages plutôt atypiques : Julieta Lezama, quarante ans, qui vit à Bogotá, « journaliste indépendante aguerrie » et reconnue, mère de deux ados, en cours de divorce, supporte mal son corps ; libido cependant bien active, elle compense par du sexe alcoolisé. Son péché pas mignon justement : l’alcool, avec un goût prononcé pour le gin tonic en dose très déraisonnable. Et sinon elle se passionne pour « la mort violente que des êtres humains, un beau jour, décident d’infliger à d’autres, pour tous les motifs possibles ». La journaliste pour son travail s’appuie sur l’aide de Joana Triviño, originaire des quartiers pauvres de Cali, secrétaire assistante multifonctions et entre autres « le maniement de tout types d’armes, des plus petites aux moins conventionnelles car elle a passé douze ans dans le bloc occidental des FARC ».

Célèbre la terre pour l’ange, Anthologie, Rainer Maria Rilke (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 12 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Albin Michel, Anthologie

Célèbre la terre pour l’ange, Anthologie, octobre 2018, trad. allemand Jeanne Wagner, 138 pages, 14 € . Ecrivain(s): Rainer Maria Rilke Edition: Albin Michel

 

À force de contempler des cascades d’angelots aux joues rebondies et aux membres potelés ruisseler des plafonds dans les églises baroques, on a fini par oublier à quel point ces êtres surnaturels, qui contemplent Dieu en face, peuvent être inquiétants (le peintre belge Fernand Khnopff s’en était souvenu). Une hiérarchie complexe les différencie, de l’humble ange gardien (mais un ange peut-il être humble ?) qui accompagne chaque être humain le long de son chemin ici-bas, à ces entités mystérieuses que sont les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés (voir l’épître aux Romains, 8, 38-39), que le catholicisme d’avant l’effondrement invoquait dans le canon de la messe ; en passant par les archanges : Gabriel, Raphaël (qui guérit Tobie) et Michel (en hébreu, « qui est pareil à Dieu »), protecteur du peuple juif, de la Synagogue, puis de l’Église. « Ego enim sum Raphael angelus, unus ex septem qui astamus ante Dominum » (Tobie 12, 15, « Je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent devant la gloire du Seigneur et pénètrent en sa présence », trad. T.O.B.)

Le Cœur en Lesse, Aurélien Dony (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 12 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Le Cœur en Lesse, MEO éditions, mai 2019, 100 pages, 14 € . Ecrivain(s): Aurélien Dony

 

Outre le souvenir d’enfance, par exemple, il est possible de faire vivre l’idée humaine dans les ressources d’un paysage, avec aussi un esprit d’intégration : « J’ai besoin d’espace, de ciel à travers les branches, de vent sur ma peau. J’ai besoin d’appartenir à l’écorce des bouleaux, aux plumes des tourterelles, au cours d’eau. Je veux m’enraciner, devenir ce tout dont je suis ».

C’est qu’Aurélien maîtrise l’ambiance, scénarise tout ce qu’il touche. Touchante aventure à faire jaillir, parfois, le souvenir dans le vieux rêve d’autrui apportant une certaine consolation :

« Il n’y a plus rien, Simonne… L’ombre du vieux couple, dans la lumière d’or d’une fin de jour d’été, se fond dans le décor. Simonne serre un peu plus la main d’Emile entre ses doigts.

– Si, mon amour, regarde. Il y a encore des papillons ».