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La Une CED

Une pensée philosophique ou L’œuvre de Michel Guérin (1) (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Vendredi, 22 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte, Michel Guérin, Hermann, juillet 2019, 206 pages, 25 €

à l’occasion de la parution de « André Leroi-Gourhan, L’évolution ou la liberté contrainte »

 

J’ai consacré plusieurs chroniques à la présentation d’ouvrages de Michel Guérin dans La Cause littéraire. Chacun peut se douter que l’auteur est un vieil ami. Mais il est facile de comprendre que cela ne ferait pas un motif suffisant. Le motif unique, c’est évidemment le sentiment qu’il y a une pensée philosophique de Michel Guérin, et qu’elle mérite à coup sûr d’être mieux connue. Je me suis souvent demandé comment en suggérer l’idée sans tomber dans le travers d’un exposé doctrinal. Le dernier livre de Michel Guérin m’offre peut-être un biais.

Ce livre est consacré à l’anthropologue et préhistorien Leroi-Gourhan, à ses travaux, à ses démarches de chercheur, à ce que Michel Guérin n’hésite pas à appeler sa « pensée ». Sa parution coïncide heureusement avec une réédition du premier livre de Leroi-Gourhan, La Civilisation du renne (Les Belles Lettres, collection Encre marine), accompagné d’une préface de Michel Guérin.

Poèmes de Pedro Belo Clara Traduits du portugais par Stéphane Chao

, le Jeudi, 21 Novembre 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

SAÍDA PARA PIQUENIQUE

Era um tempo em que julgava que as tardes de verão cabiam inteiras na fundura dos teus olhos. E a tua boca era a fresca fonte de todas as canções que o vento desconhecia. Oh, por quantos dias aí não matei a sede lancinante? Nessa soleira donde simples ria a alma vadia, irmã das árvores e dos pássaros de solidão azul?

Um imenso sorriso no começo de cada trilho regando papoilas e cardos, afagando pedras e espinhos que nunca conheceram o peso dum pomo, curando a muda dor da terra como quem abraça o breve terror duma criança de joelho ferido.

Num alegre balanço de flor entregue ao vento, uma cesta sem sonhos pendia das mãos limpas de hesitações. Nela, apenas o pão cozido no ventre da estação, o vinho que regaria as horas por nascer adormecendo num conforto de grão ainda no silêncio da espiga – e todos os frutos redondos que a manhã de linho, na sua maternal generosidade, desejou oferecer.

La Styx Croisières Cie (X) Octobre 2019 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 20 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Ère Vincent Lambert, An I

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« Une maison de paysans des environs de Varsovie. Plusieurs paysans sont assemblés. (…) La porte est enfoncée, Ubu pénètre suivi d’une légion de Grippe-sous ».

« Père Ubu : Qui de vous est le plus vieux ? (Un paysan s’avance) Comment te nommes-tu ?

Le paysan : Stanislas Leczinski.

Père Ubu : Eh bien, cornegidouille, écoute-moi bien, sinon ces messieurs te couperont les oneilles. Mais, vas-tu m’écouter enfin ?

Stanislas : Mais votre excellence n’a encore rien dit.

Père Ubu : Comment, je parle depuis une heure. Crois-tu que je vienne ici pour prêcher dans le désert ?

Des ailes suivi de Nocturne des statues, Patrice Maltaverne (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Des ailes suivi de Nocturne des statues, Patrice Maltaverne, Z4 Editions, août 2019, 128 pages, 14 €

 

Le poète-éditeur (des éditions Le Citron Gare et du poézine Traction-Brabant) nous donne Des ailes dans le premier volet de cet opus publié chez Z4 dans la collection Les 4 saisons, dirigée par Pierre Lepère. Des ailes pour nous offrir un voyage au bout de la vie dans la dimension de l’actrice Dominique Laffin, décédée à l’âge de 33 ans, trop occultée aujourd’hui. Voyage au bout de la nuit : de la vie, tant cette actrice portait la vitalité à l’acmé de la perplexité véhémente. Les vers arythmonymes du poète Maltaverne, contrainte formelle en clin d’œil à la poésie d’Ivar Ch’Vavar (Pierre Ivart), forment le cadre de ces poèmes d’où l’Infini s’ébat à la fenêtre des mots, d’où le lecteur joue l’aventure mémorielle sur l’écran personnel des souvenirs (on demeure toujours nostalgique des films qui ont marqué le cinéma de notre vie) ou de l’imaginaire tiré par la manche pour prendre l’envol. Celui-ci est pris sans hésitation. Il suffit d’ailleurs de revoir l’un des entretiens avec l’actrice que nous offre encore de visionner Internet pour être aussitôt en phase avec le voyage que nous déroulent ici les mots de Patrice Maltaverne, embarqués sur les ailes d’un destin singulier, fatal.

Le Père, La Mère, Le Fils, Florian Zeller (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 19 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Le Père, La Mère, Le Fils, Florian Zeller, Gallimard, octobre 2019, 240 pages, 16 €

 

Théâtre, topique du rêve

J’ai abordé la trilogie des pièces de Florian Zeller consacrées à la famille par ce qui en fait le centre du livre, c’est-à-dire le texte La Mère. J’ai procédé ainsi parce que j’ai moi-même écrit un texte sur la physionomie intime de la mère, et j’espérais être en résonance avec le sujet. Cependant, la comparaison s’arrête là car ce texte, à la fois naturaliste et onirique, faisant peut-être le saut du Songe de Strindberg jusqu’à la Hedda Gabler d’Ibsen, est très personnel à l’auteur. Il n’y aurait en commun que la crise à laquelle nous assistons. Crise qui se décrit comme une limite à la santé mentale de la mère, légèrement abusive avec son fils, et dont le psychisme semble marqué par des moments de perte de contrôle et de répétitions névrotiques.