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La Table Ronde

Maison fondée en 1944 par Roland Laudenbach et ainsi nommée par Jean Cocteau.

 


Deux remords de Claude Monet, Michel Bernard

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 30 Août 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Deux remords de Claude Monet, août 2016, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

« Les yeux des amateurs s’étaient rafraîchis à ce vert où baignaient les regards. Son flot débordait le cadre et persistait sur la rétine. Les gens en parlaient encore sur le trottoir et jusque chez eux. Ils appelaient l’œuvre non par sa désignation dans le catalogue officiel, mais par ce qui, en elle, les avait émerveillés, l’accessoire et sa couleur, la robe verte ».

Deux remords de Claude Monet est un roman de l’amitié, Frédéric Bazille, Renoir, Clémenceau. Un roman de l’amour, Camille – son intuition du monde, Monet, sur bien des points, la devait à Camille –, un roman des fleurs et des arbres, des saisons et de la couleur, de la forme, du mouvement, de la joie de peintre sur le motif, Camille et les fleurs. Au cœur de ce roman léger et vif, les deux guerres, celle qui verra mourir l’ami, le peintre Bazille sous les feux des Prussiens, et celle qui était revenue battre de son sanglant ressac le sud de la Picardie, lécher les bords de l’Oise à Compiègne et les forêts du Valois au-dessus de la vallée de l’Automne.

Je suis passé parmi vous, Michel Monnereau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Je suis passé parmi vous, mars 2016, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Michel Monnereau Edition: La Table Ronde

 

Par un hasard qui ne se contrôle point, j’ai lu les deux livres de Michel Monnereau un 26 février. Le 26 février 2014, je lisais On s’embrasse pas ; deux ans plus tard, le vingtième livre de poèmes, Je suis passé parmi vous.

Si je rapproche ces deux œuvres d’un même auteur, c’est surtout parce que le terreau d’enfance semble souder l’approche par le même poète-romancier et un certain climat favorable à la nostalgie, au passé.

Ce vingtième livre de poésie de son auteur (depuis 1973) « remonte les rues du village mort » (p.53). C’est l’heure de rameuter les souvenances : « les cheveux blancs venus en silence » (p.51) honorent la tête du poète dont les « poèmes sont les rues/ que je n’ai pas su prendre » (p.47).

Le livre poursuit ce but, que tout poète digne de cette appellation se donne, « rejoindre l’enfant qu’on a laissé/ dans la première fureur du monde » (p.35).

C’est un poète, en marge, à l’écart, qui justifie son titre : « je suis passé parmi vous/ sans vous reconnaître » (p.32).

Les serviteurs inutiles, Bernard Bonnelle

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les serviteurs inutiles, février 2016, 279 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bernard Bonnelle Edition: La Table Ronde

 

Nous sommes en l’an 1561, le 3 février, au domaine nommé Les Feuillades, dans le Périgord, non loin de Bergerac. Le Sud-Ouest est secoué par des rivalités, depuis quelque temps, opposant Catholiques et Huguenots. Gabriel, le châtelain, n’a pas basculé chez les protestants, mais il n’est pas toujours prompt à prendre les armes pour défendre la cause catholique. Il n’apprécie pas la révolte contre l’église catholique, même si elle peut parfois paraître justifiée. Aussi est-il offusqué lorsqu’il entend une bande de fillettes, sortant du temple, brailler :

 

Un morceau de pâte

Il fait adorer

Le rompt de sa patte

Pour le dévorer

Le gourmand qu’il est

Hari, hari l’âne !

Allegra, Philippe Rahmy (2ème critique)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 01 Mars 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Allegra, janvier 2016, 192 pages, 15,60 € . Ecrivain(s): Philippe Rahmy Edition: La Table Ronde

Philippe Rahmy est poète et son extraordinaire Mouvement par la fin (Cheyne, 2005) lui a assuré une réputation de poète hors pair par la forme et le thème incisifs de l’ouvrage. La douleur exposée et explorée dans un mouvement qui ne soit pas que littéraire, corps et âme.

Il est aussi un romancier, avec lequel on devra compter car ce livre Allegra est de premier ordre, par sa richesse, par son écriture, et par l’ampleur des résonances qu’il donne à lire.

L’histoire, contemporaine, est d’une actualité brûlante. Londres, les Jeux olympiques de 2012, l’arrivée des réfugiés en grand nombre, celle d’Abel, venu en Angleterre pour y travailler comme trader.

Le narrateur Abel rend compte d’emblée de ses origines algériennes, de ses parents, bouchers dans le sud de la France, de ses déménagements, de son installation dans un Londres agité, de sa rencontre avec Lizzie, de leur enfant, Allegra, de leur appartement proche d’un zoo. Tout pourrait sourire à ce trio mais tout se déglingue assez vite. Les disputes du couple, la séparation et l’errance d’Abel, qui trouve une sorte de Caïn moderne pour le dévoyer, ce personnage de Firouz qui va l’entraîner malgré lui dans une spirale de dépersonnalisation et de violence. Abel boit, fréquente les Alcooliques Anonymes, s’installe dans un hôtel pour réfugiés (Salaam Hotel) et s’engage bientôt dans un projet fou, kamikaze…

Allegra, Philippe Rahmy

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 13 Janvier 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Allegra, janvier 2016, 192 pages, 15,60 € . Ecrivain(s): Philippe Rahmy Edition: La Table Ronde

 

C’est sur une image que s’ouvre Allegra, le roman de Philippe Rahmy, celle d’un lion majestueux qui regarderait le monde, notre monde, installé sur une branche, d’un regard las et désespéré, un lion qui, pourtant, a encore la force de rugir, à l’aube.

L’existence d’Abel, jeune français d’origine algérienne est traversée par la mort, désir et ombre, par l’errance et la fuite tout autant que la quête, dans une course (à la vie, à la mort, à l’identité même), dans une époque, la nôtre, où tout va vite et nous rattrape sans cesse. Ça court, ça hurle, le rythme du texte est celui d’un temps traversé entre retours en arrière et souvenirs ; d’analepses en anamnèses, celui d’un individu qui, ne désirant que s’intégrer, réussir et être heureux avec sa petite famille, court à sa perte. Et sa voix nous délivre l’angoisse qui le traverse depuis son enfance où déjà « il voulait disparaître » – entre un père bien intégré en France, dans sa boucherie où Abel expérimentera ses premiers traumatismes, et ses premiers contacts avec le froid de la mort. Pourtant Abel avait tout pour réussir, un doctorat en Mathématiques, une femme magnifique, une fille qu’il adorait, un ami d’enfance qui lui a offert son premier poste à Londres où il s’est installé avec Lizzie et Allegra.