Véritable renaissance, grâce à cette découverte, d’un auteur largement omis par les anthologies, oublié, sinon totalement inconnu. Né en 1883, décédé en 1920 de la grippe espagnole, l’auteur italien, d’origine siennoise, a publié nombre de livres, dont ces Yeux fermés, en 1919. Le Robert des noms propres, édition 2014, signale qu’il est mort à Rome, qu’il a fait connaître ses nouvelles par l’entremise des écrivains Borgese et Pirandello, qu’il a écrit, entre autres, Les Bêtes, Trois croix, et Le Domaine, et que sa stature de narrateur insigne lui est aujourd’hui reconnue à l’instar de Svevo.
Cet exact contemporain de Saba propose donc avec ce roman nourri d’autobiographie une histoire autant âpre que révélatrice d’une époque où la ruralité était encore d’un poids massif, où la province – ici la Toscane – déroulait ses codes ancestraux et signait les derniers sursauts familiaux et terriens, entre domaine à sauvegarder et quête presque impossible de l’amour. Le tout jeune Tozzi a connu toute une série de traits qu’il partage avec son antihéros Pietro : un père autoritaire, la latifundia menée à coups de violence et de dressage des ouvriers agricoles, un tempérament d’une timidité maladive, une quête de sentiments que sa nature a bien du mal à maîtriser sinon éprouver, etc.