Vers un nouveau langage, Henri Michaux
Parlant des idéogrammes chinois, Michaux évoquait ce que ces « formes » généraient : « plutôt que choses, corps ou matières, montrant des groupes, des ensembles, exposant des situations. […] de lestes signes des paysages de branches fleuries et de feuilles de bambous qu’avaient vus en images et appréciaient » les paysans qui ne savaient pas lire.
A partir de là, Michaux, en deux livres, va à la recherche de ce paradoxal langage aussi neuf que premier. Les éditions Fata Morgana republient un des deux, Par des traits (1984). Comme dans l’autre livre de l’auteur sur le même sujet (Saisir), celui-ci rassemble pages de textes, de dessins abstraits, poèmes, essais, et groupes de signes graphiques à l’encre noire.
L’écriture chinoise n’y est jamais loin. Mais l’auteur propose, à partir d’une telle base, son propre « vocabulaire ». Michaux rêve d’un langage universel qui remplacerait les mots par les signes. L’objectif est de « saisir » de manière originale le monde et ses secrets là où le vocabulaire tomberait comme un fruit trop mûr.