Identification

Le ralenti des choses, Jacquie Barral

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret 02.11.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Fata Morgana

Le ralenti des choses, octobre 2017, 56 pages, 17 €

Ecrivain(s): Jacquie Barral Edition: Fata Morgana

Le ralenti des choses, Jacquie Barral

 

Avec son livre, Jacquie Barral ramène à l’essentiel du geste et l’art à travers son origine : « Lorsque l’on trace, enfant, son premier trait avec un crayon sur un bout de papier, ou avec un bâton dans le sable, ou un doigt sur une vitre embuée, on ignore tout de l’aventure extraordinaire qui va suivre. Et pourtant la magie du dessin vient d’être découverte ». Le dessin permet donc de réaliser une arche d’acier qui invite naturellement l’être à pénétrer dans l’enceinte d’un lieu qui donne le plus merveilleux des points de départ et des points de vue.

Jacquie Barral a trouvé en lui l’élément déterminant pour confirmer et développer la singularité de son travail et de son apport à la postmodernité. Grace à lui, elle a découvert l’effet d’une ouverture et le sens du mouvement. Il lui suffit parfois d’une table pour créer les cascades dont elle a le secret. Le dessin, entre lenteur et vitesse, produit chez elle différentes arêtes, fentes et intervalles qui participent à la construction d’un vaste réseau graphique.

Il lui a permis et lui permet aussi de « Croiser des textes, suivre un autre langage que le sien, échanger d’autres signes, se poser sur des mots-images, écouter en dessinant d’autres voix que la sienne, dessiner à même les livres ». Bref, il devient l’outil d’intervention dont toute l’œuvre de l’artiste offre une approche : revivifiée sans le besoin de « machines célibataires ». Grâce au dessin, l’artiste et son lecteur découvrent la possibilité d’un expressionnisme aussi abstrait que concret. Laissé à l’état « brut » ou conjugué, en noir ou en couleur, il demeure le représentant majeur de l’art en une réelle prise en compte de l’espace et la manière de repenser les valeurs de pesanteur et d’apesanteur intrinsèques à toute expression.

Jacquie Barral à la fois globalise le dessin mais tout autant en dissémine les possibilités ludiques et les propositions « architecturales ». Elles sont parfois aériennes, parfois excessivement denses, selon des formats très particuliers pouvant atteindre une sorte de monumentalité. Le dessin renvoie donc à une diversité de « langues » et peut même, selon l’artiste, devenir « voix ». Le livre permet enfin de mieux comprendre comment depuis des décennies la plasticienne et poète pousse sa réflexion sur les champs de l’art au sein d’une quête farouche. Elle propose une des pratiques et théories des plus conséquentes de notre temps.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

  • Vu : 2858

Réseaux Sociaux

A propos de l'écrivain

Jacquie Barral

 

Originaire de Montpellier, Jacquie Barral est artiste et enseignant-chercheur à l’université de Saint-Étienne. Son travail artistique se centre autour du dessin. Comme en périphérie, interviennent d’autres techniques : collage, gravure, sérigraphie, sculpture, photographie, techniques numériques, travail d’écriture, rédaction d’articles. Elle réalise aussi des éditions d’artiste et des livres d’artistes.

 

A propos du rédacteur

Jean-Paul Gavard-Perret

Lire tous les articles et textes de Jean-Paul Gavard-Perret

 

Domaines de prédilection : littérature française, poésie

Genres : poésie

Maisons d’édition les plus fréquentes : Gallimard, Fata Morgana, Unes, Editions de Minuit, P.O.L


Jean-Paul Gavard-Perret, critique de littérature et art contemporains et écrivain. Professeur honoraire Université de Savoie. Né en 1947 à Chambéry.