Le narrateur de ce récit, marié et père d’une fillette, a, selon l’expression consacrée, tout pour être heureux. Pourtant, sa réaction à l’annonce de la vente de la maison de vacances qu’il fréquente tous les étés depuis sa naissance trahit une faille. Il n’est jamais parvenu réellement à quitter le nid. Ce sont donc les confessions d’une sorte de « Tanguy saisonnier » que l’auteur livre au lecteur.
Elles ne réservent guère de surprises : premiers pas, premières masturbations, premiers écrits, premières virées à motocyclette ne constituent pas plus d’événements que les obsèques des grands-parents et les quelques dissensions qui s’ensuivent. Objectivement, il ne se passe rien. Mais n’est-ce pas le propre de la majorité des enfances que l’on qualifie, avec le recul, d’heureuses ?
Pourtant, si les souvenirs transforment la villa et ses abords – le jardin, une vue sur la Méditerranée, l’ambiance d’une station balnéaire – en théâtre, alors chacun peut espérer devenir le héros de péripéties familiales d’autant plus facilement que personne, malgré étages et recoins, n’échappe au regard des autres.