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Arts

Les Caliguliennes, Jacques Cauda

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 01 Juillet 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Caliguliennes, Les Crocs électriques, 2017, photographies d’Elizabeth Prouvost, . Ecrivain(s): Jacques Cauda

 

Jacques Cauda le « meurtrier »

Jacques Cauda dans la lignée de Sade et d’Artaud pousse la littérature littéralement dans le corps. Celui des femmes. Et celui de la première d’entre elles qui donne autant la nuit que le jour et à laquelle dans Les Caliguliennes les photographies d’Elizabeth Prouvost donnent des reflets aux noirceurs incestueuses.

Le livre est subliment « abject » en ce qu’il taillade. C’est donc un opéra – entendons ouverture. Et l’auteur y pénètre par toutes les blessures et les orifices. Jaillissent les éclaboussures provoquées par les saillies de l’écriture faite d’enjambements et des crimes. Chaque texte devient générateur d’une dévoration orgasmique. L’œuvre devient une histoire de sons et de cris fondamentaux sortis du plus profond de l’être. Le souffle est là sans pompe lyrique mais elle aspire le sang et le cerveau. La liberté se fait chair. Celle-ci ne résiste pas au sublime désordre rhétorique de Cauda. Il crachait ses poumons face à ceux qui en pincent pour les fortes poitrines.

Alliance Divine, Louise Thunin

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 08 Juin 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres

. Ecrivain(s): Louise Thunin

 

 

Louise Thunin, dont l’œuvre est riche et dense, comme cherche à le montrer l’article que nous lui avons consacré dans la revue Europe (n°1045, mai 2016), nous rappelle, en ces temps troublés, que toute poésie est d’abord intérieure, et qu’elle est – n’en déplaise au nihilisme, triomphant au cœur de nos sociétés consuméristes – sœur du divin.

Il n’est que de lire, que de jouer avec Alliance divine pour s’en rendre compte.

 

Un extrait ?

Portraits d’insectes, Jean-Henri Fabre

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 29 Mai 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, Le Castor Astral

Portraits d’insectes, mai 2017, Edition présentée par Philippe Galanopoulos, Dessins de Pierre Zanzucchi, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Henri Fabre Edition: Le Castor Astral

 

« Que de fois aux dernières lueurs du soir, ne m’arrive-t-il pas de le rencontrer lorsque, faisant la chasse aux idées, j’erre au hasard dans le jardin ! Quelque chose fuit, roule en culbutes devant mes pas. Est-ce une feuille morte déplacée par le vent ? Non, c’est le mignon Crapaud que je viens de troubler dans son pèlerinage ».

Merveille des merveilles, plaisir absolu de relire ces portraits d’insectes de Jean-Henri Fabre, le poète scientifique, l’entomologiste du roman de la nature, le génie de l’observation, du détail, l’homme qui se penche dans son jardin de l’Harmas à Sérignan-du-Comtat et voit tout, tout un univers en mouvement permanent, comme sa pensée qui virevolte telle une abeille. Dans sa préface éclairante, Philippe Galanopoulos note : « Fabre conserve (au contraire) le plaisir d’écrire et fait du style une marque de distinction. Il ne se soumet pas à l’orthodoxie du siècle : jamais il n’oppose la littérature à la science ». Jean-Henri Fabre a bouleversé la science, l’observation, et son style, sa manière, cette matière vivante, a passionné ses lecteurs depuis leur première édition en 1879, les scientifiques du monde entier, les lettrés et les écrivains – Victor Hugo, Remy de Gourmont, Maurice Maeterlinck, mais aussi André Breton et Roger Caillois sans oublier le subtil Gilles Deleuze, et Edmond Rostand : « Ce grand savant pense en philosophe, voit en artiste, sent et s’exprime en poète ».

Paris Prévert, Danièle Gasiglia-Laster

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 20 Mai 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Gallimard

Paris Prévert, 288 pages, 39 € . Ecrivain(s): Danièle Gasiglia-Laster Edition: Gallimard

 

L’album (couverture cartonnée ; objet artistique par les couleurs choisies, la photo célèbre de Doisneau, Pont de Crimée, 1955, en couverture et toutes les autres ; la hauteur et la largeur du volume) que l’auteure consacre à notre cher Prévert est une splendeur.

Complexité des témoignages, des outils, des informations, de la recherche documentaire, filmologique et photographique, des sources nombreuses, des approches, de la « vision » par une auteure talentueuse d’un poète-scénariste unique, souvent décrié par des incultes, souvent remisé au placard des réputations surfaites, le livre que l’on tient en mains éclaire admirablement la figure elle-même complexe, plurielle, nombreuse de Jacques Prévert (1907-1977).

Arrêtons-nous sur un parcours « unique » qui traverse le siècle francophone par deux biais surtout, la poésie (et la chanson) et le cinéma. Carné, Arletty, Gabin, Morgan, Brasseur, Ledoux, Robin, Reggiani, Montand, tant d’autres figures qui ne peuvent quitter nos rétines : cela, nous le devons à Prévert, à ce scénariste de ces films magiques, du réalisme poétique (selon l’expression consacrée) : Quai des Brumes, Le jour se lève, Les enfants du paradis, Les portes de la nuit, entre autres.

Le geste du regard, Renaud Ego

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 20 Avril 2017. , dans Arts, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

Le geste du regard, mars 2017, 104 pages, 20 € . Ecrivain(s): Renaud Ego Edition: L'Atelier Contemporain

 

Il est parfois difficile de restituer le goût d’un livre à travers quelques propos dialectiques, par exemple. Ce qui est beau est compris universellement sans concept comme on le sait depuis Kant. Et, avec le très beau livre de Renaud Ego, on retrouve cette beauté, à la fois par le sujet traité et par le traitement du sujet. En effet, cette langue claire de l’ouvrage ne s’abîme pas dans le secret de l’art pariétal, mais au contraire, lui redonne une dimension supplémentaire en interrogeant la question du regard, l’acte de regarder et de saisir des images – soit ici, saisir comment l’homme est présent et quitte son habit animal.

Donc, il faut remercier Renaud Ego de nous donner à lire une étude passionnante sur le sujet de l’origine ; origine de l’homme qui se sépare de l’animal, homme de l’origine ; figures originelles, figures originaires. D’ailleurs, selon sa thèse, le début s’étire sur des millénaires de fabrication de pierres bifaces, où R. Ego imagine un au-delà de l’outil, une première forme spectaculaire de la symétrie du corps humain.